Article mis à jour le 20 août 2024.
Confrontée à une importante migration vers les zones urbaines et à de grands défis pour assurer sa sécurité alimentaire, l’Arménie cherche à améliorer les conditions de vie dans le monde rural et à développer ses infrastructures agricoles. Plus d’un million d’Arméniens vivent en milieu rural, sur près de trois millions d’habitants au total. La région du Syunik, dans le sud du pays, initialement très touchée par l’exode rural et désormais porte d’entrée des réfugiés du Haut-Karabakh, est particulièrement vulnérable.
L’Agence française de développement et l’UE pour l’efficacité énergétique
La National Mortgage Company arménienne a ainsi lancé un vaste programme visant à améliorer l’efficacité énergétique des logements en zone rurale, souvent construits sous l’ère soviétique. Soutenu par l’Agence française de développement et l’Union européenne, ce programme permet à des ménages vulnérables de contracter des prêts à taux d’intérêt réduit pour mieux équiper leur logement et ainsi vivre plus confortablement et réduire leurs factures énergétiques. Depuis 2013, 15 000 bénéficiaires ont eu accès au programme, dont 13 000 dans les régions hors Erevan. Les panneaux solaires, chauffe-eau solaires et systèmes de chauffage au gaz sont désormais accessibles aux ménages les plus vulnérables et font toute la différence pendant le long hiver arménien.
Proparco pour le secteur agricole
Développer l’agriculture est également crucial pour assurer la résilience des territoires ruraux. C’est dans ce contexte que Proparco coopère avec ACBA Bank depuis 2020 afin d’encourager les entrepreneurs agricoles à développer leurs exploitations. Fondée en 1995 par des coopératives agricoles régionales, ACBA Bank est la première institution financière du secteur en Arménie.
Proparco intervient auprès d'ACBA Bank via un prêt senior de 20 millions de dollars qui soutient la croissance du portefeuille de prêts de la banque en faveur des TPME (Très petites, petites et moyennes entreprises) et des agriculteurs individuels ; un vrai besoin pour ces acteurs qui n'ont souvent pas accès aux financements nécessaires à leur croissance. Grâce aux crédits de ce type contractés auprès d’ACBA Bank, les bénéficiaires peuvent financer la création de nouvelles exploitations ou investir dans des équipements réduisant la consommation d’énergie et d’eau. L’agriculture arménienne peut ainsi allier efficacité et sobriété, maintenir l’emploi rural et alimenter le marché local et l’exportation.
Cette opération aura par ailleurs des impacts significatifs pour le développement : le prêt de Proparco devrait en effet soutenir plus de 500 TPME et environ 12 750 emplois dans les prochaines années. Il contribuera ainsi à l'Objectif de développement durable n° 8, dédié au travail décent et à la croissance économique.
Illustration de ces deux projets complémentaires du groupe AFD au bénéfice du milieu rural arménien à travers notre reportage photo :
Projet Jerm Ojakh – Renforcement de l’efficacité énergétique des logements en Arménie (AFD et National Mortgage Company)
Ashot Galstyan a opté pour des panneaux solaires. Installés sur le toit de son garage à Aghavnadzor, à environ 120 km au sud d’Erevan, ils lui permettent de largement réduire ses factures. Leur production couvre l’ensemble de la consommation électrique du ménage, mais également celle de l'entreprise vinicole attenante à la maison.
Vigneron, Ashot n’a pas longtemps hésité à équiper sa maison lorsqu’on lui a proposé des panneaux solaires financés via un prêt à faible taux (2 %), grâce à l’appui du gouvernement, de l’AFD et de l’Union européenne. Seulement quinze jours après le premier contact avec l’entreprise et la banque partenaire, les panneaux étaient opérationnels.
Ashot peut suivre en temps réel et en cumulé la production électrique de ses nouveaux panneaux solaires.
« Maintenant, nous avons toujours de l’eau chaude à disposition pour nettoyer, faire la lessive, etc. », témoigne Jemma Samvelyan. Elle a récemment fait installer un chauffe-eau solaire sur son toit et son confort de vie s’est nettement amélioré : « Ça fonctionne parfaitement, il y a toujours de l’eau chaude. Le plus difficile pour moi est de me souvenir de l’ordre des boutons sur lesquels appuyer pour utiliser l’eau ! »
Jemma vit dans le village d’Angeghakot, dans la province du Syunik. Une région particulièrement instable, mais où elle souhaite rester et continuer à gérer l’exploitation familiale qui cultive haricots, pommes de terre et élève vaches, poules et lapins.
Le chauffe-eau solaire, d’une capacité de 300 litres, fournit de l’eau chaude à toute la maison. L’idée est venue du fils de Jemma, qui a encouragé ses parents à apporter des améliorations à la maison. La prochaine étape, une fois ce prêt remboursé, sera d’installer des panneaux solaires.
Sevak est mécanicien. Il travaille juste à côté de sa maison dans la petite ville de Sisian, capitale du Syunik. Pour lui, impensable de quitter la région et il a choisi d’investir pour améliorer les conditions de vie de sa femme et de ses trois enfants. Grâce à un prêt avantageux, il a pu faire changer le système de chauffage et installer des portes et fenêtres mieux isolées.
« Nous utilisions du bois pour nous chauffer. Le nouveau système est beaucoup plus efficace, et moins cher. Nous nous réveillons désormais le matin dans une maison chaude, même en hiver », explique Sevak. Les nouvelles ouvertures permettent aussi de maintenir cette chaleur dans la maison. Comme Sevak et Jemma, 800 ménages de la région du Syunik ont pu investir dans leur logement grâce au programme soutenu par l’AFD.
Soutien des TPME et du secteur agricole arménien (Proparco et ACBA Bank)
Hovhannes Ghazaryan a découvert l’agriculture il y a peu de temps. Ancien cadre dans l’administration publique, il a décidé, avec son frère, de lancer une nouvelle exploitation et ainsi contribuer au développement de la région et à l’emploi local. Ils ont planté 16 hectares de cerisiers, poiriers et abricotiers il y a un an, dans les environs d’Erevan, sur un site inexploité jusqu’ici.
Ce réservoir permet de stocker l’eau nécessaire pour l’exploitation. Le système d’irrigation dernier cri contrôlé par ordinateur permet de maximiser l’efficacité de l’arrosage, selon l’humidité du sol et de l’air. Pour toute la gestion de l’exploitation, Hovhannes se fait conseiller par des experts agronomes. Il emploie en moyenne 12 personnes, et jusqu’à 40 lorsque le besoin s’en fait sentir.
L’exploitation gérée par Karapet Sepuhyan, vue du ciel. Tout juste sortie de terre, elle a vu le jour grâce à un prêt d'ACBA Bank qui a financé le système d’irrigation, les arbres fruitiers et une serre pour produire des roses.
Pommiers, poiriers et abricotiers se côtoient sur cette parcelle d’environ 20 hectares. Karapet a choisi ce lieu pour son climat favorable, l’enchaînement de quatre saisons distinctes pendant l’année et la proximité avec Erevan. Il espère produire à la fois des fruits frais, des roses et des fruits séchés dans l’entrepôt situé sur l’exploitation.
« Nous employons entre 8 et 20 personnes, selon les besoins. Elles viennent des villages aux alentours. » Dans la serre où poussent toutes sortes de roses, l’irrigation se fait au goutte-à-goutte. L’eau provient d’un canal passant juste en dessous du terrain.
Souvent hérités de la période soviétique, les systèmes d’irrigation arméniens doivent être rénovés. Chaque goutte d’eau contribue au développement de l’agriculture locale, à la sécurité alimentaire et à la résilience des populations locales.
Le contenu de cette publication relève de la seule responsabilité de l’AFD et ne reflète pas nécessairement les opinions de l’Union européenne.
Photos : © Hakob Kotolkyan / AFD
Ce projet est réalisé avec le soutien de l’Union européenne