Voilà plus de vingt ans que vous travaillez à l’Agence française de développement. En quoi consistent les missions de l’AFD ?
Dominique Hautbergue : Le groupe AFD met en œuvre la politique de la France en matière de développement et de solidarité internationale. Il finance, accompagne et accélère les transitions vers un monde plus cohérent et résilient. Fort de 3 000 collaborateurs, l'AFD construit avec ses partenaires des solutions partagées dans les pays d’intervention. Ses équipes sont aujourd'hui engagées dans plus de 4 000 projets sur le terrain, totalisant plus de 14 milliards d’euros d’investissement annuels, en France (Outre-mer) et dans 115 pays, au profit des biens communs : le climat, la biodiversité, la paix, l’égalité femmes-hommes, l’éducation ou encore la santé.
Quelle forme prend l'engagement de l'AFD dans les Balkans occidentaux ?
D. H. : Nous nous positionnons comme un partenaire privilégié pour répondre aux attentes élevées des pays de la région en termes d’expertise technique de haut niveau et pour favoriser un dialogue soutenu de politiques publiques. Notre intervention suit quatre axes : la résilience et l'adaptation urbaines, la gestion durable des territoires et la préservation des ressources naturelles, le soutien à la transition énergétique et les modèles économiques et politiques soutenables et inclusifs.
Les deux premiers soutiens apportés par l’AFD lors du démarrage de son activité dans la région en 2018 visent à renforcer l’intégration régionale. Le premier prend la forme d'un soutien au Western Balkans Investment Framework (WBIF), une facilité financière européenne associant la Commission européenne, les pays membres de l’Union européenne (UE), les pays des Balkans occidentaux ainsi que les principaux bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux actifs dans la région.
L'objectif est d'appuyer des projets liés à la connectivité, visant notamment à renforcer les infrastructures de transport, d’énergie, environnementales mais aussi sociales, tant au sein de la région qu’avec les pays de l’Union européenne, dans la perspective d’une intégration économique accrue.
Le second est un appui à l’organisation Regional Youth Cooperation Organization (RYCO) visant à favoriser la coopération entre jeunes entrepreneurs des Balkans occidentaux. Cette initiative a déjà permis d’appuyer plusieurs dizaines d’équipes dans la mise en œuvre de projets solidaires et novateurs.
Plus globalement, le mandat confié par le gouvernement français à l’AFD a pour objectif d’appuyer la convergence des pays des Balkans occidentaux vers des standards communs avec l’UE et, à terme, de favoriser leur adhésion à l’UE.
Quels sont les moyens d’action de l'AFD dans les Balkans occidentaux ?
D. H. : L’AFD dispose d’une vaste palette d’outils financiers et non financiers :
- Les prêts d’investissement se déclinent avec garantie de l’État (souverains) ou en non souverains pour appuyer des opérateurs publics sans mobiliser la capacité d’endettement des États. Plusieurs concours ont ainsi été apportés dans le secteur de l’eau et des transports.
- Les coopérations « tripartites » autour de sujets de politiques publiques sectorielles entre l’AFD, un bailleur de fonds et le Trésor local permettent de répondre aux besoins des États partenaires. Ce soutien budgétaire s’avère pertinent en soutien contracyclique en temps de crise, comme la crise liée à la pandémie de Covid-19. Plusieurs concours financiers ont ainsi été apportés dans la région en faveur du climat, de l’égalité femmes-hommes ou encore de l’énergie.
- Les lignes de crédit ou de garanties auprès d’acteurs financiers publics pour soutenir des politiques publiques ambitieuses auprès des PME locales.
- Un soutien au secteur privé via notre filiale Proparco.
Nous proposons des solutions d’expertise, à forte valeur ajoutée, pour répondre aux attentes élevées des contreparties.
Pouvez-vous nous en dire davantage sur le développement de l'agence que vous dirigez, et ses réalisations ?
D. H. : Depuis septembre 2019, l’AFD dispose d’un bureau régional à Belgrade et en ouvrira un en Albanie en 2021. Assurée par un dispositif léger (six personnes), l’activité de l’AFD se développe au rythme d’un nouveau pays par an. Après l’octroi des premiers concours en Albanie en 2019, au Monténégro en 2020 puis en Serbie en 2021, l’extension de l’activité en Macédoine du Nord, au Kosovo et en Bosnie-Herzégovine devrait se poursuivre.
L’Agence mobilise des subventions dans les six pays des Balkans. Nous mettons en place des concours et des opérations de soutien à la société civile et aux thématiques environnementales. À ce jour, six concours totalisant plus de 310 millions d'euros ont d’ores et déjà été alloués en Albanie, au Monténégro et en Serbie. À la fin de l'année, le portefeuille de l'AFD devrait s’enrichir de 180 millions d'euros supplémentaires, pour s’établir à plus de 490 millions d'euros (hors subventions). Le rythme de développement annuel devrait s’établir autour de 150-250 millions d'euros dans les prochaines années.