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Projet SoNG : protéger la nature exceptionnelle de Papouasie-Nouvelle-Guinée avec ses habitants
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Lancé formellement en décembre 2025, le projet SoNG vise à préserver la riche biodiversité de la Papouasie-Nouvelle-Guinée en lien direct avec les populations locales qui en tirent leur subsistance et leur identité culturelle.
La Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG) couvre une grande variété de milieux, depuis les hauts plateaux jusqu'aux forêts tropicales humides des basses terres, en passant par les savanes, les marécages et les forêts de mangroves, sans oublier les nombreuses îles, les atolls et les récifs coralliens. On estime que le pays abrite 7 % de la biodiversité mondiale.
Le projet SoNG (Solwara na Graun blo Pipol, « La mer et la terre pour les gens ») est officiellement lancé en décembre 2025. Découlant directement des engagements pris par la France à la COP28 d’abonder un country package (programme national) en faveur de la forêt, de la nature et de l’action climatique, il lie l’enjeu global du changement climatique et les besoins des populations locales.
Une biodiversité liée aux pratiques culturelles
En effet, dans un pays où le mode de vie traditionnel et rural domine (97 % des terres sont régies par les usages coutumiers), les écosystèmes restent pour beaucoup le garde-manger, tout en étant soumis à la pression croissante de la démographie et du changement climatique. Les Papouasiens puisent aussi dans la biodiversité pour leurs pratiques culturelles : coiffes en plumes d’oiseaux aux couleurs éclatantes pour les cérémonies, monnaies traditionnelles en coquillages pour les échanges coutumiers, objets du quotidien tressés en pandanus, etc. Tout le sens de SoNG est de préserver la biodiversité pour que les générations futures continuent à vivre ce lien unique à leurs écosystèmes.
Appuyer les politiques publiques
Pour mettre en œuvre SoNG, l’AFD s’appuie sur deux partenaires : Expertise France et l’ONG Wildlife Conservation Society, qui y opère depuis les années 1970. Le projet sera aussi porté par The Nature Conservancy.
Expertise France, filiale technique de l’AFD, s’est établie en Papouasie-Nouvelle-Guinée en 2023 pour mettre en œuvre une partie du programme européen EU-FCCB (Forêts, changement climatique, biodiversité) et se charge d’appuyer les politiques publiques du pays en matière de protection de la biodiversité, de lutte contre la déforestation et de promotion d’une économie verte. « Par exemple, le gouvernement veut renforcer le cadre institutionnel portant sur les aires protégées, mais celles-ci ne seront réellement actives qu’avec une action de terrain », explique Émilie Mignot, directrice d’Expertise France en PNG.
Expertise France va également piloter des appels à projets de conservation auprès des organisations locales et développer un programme de bourses pour des étudiants en master. Ainsi, « ces leaders de demain pourront mettre les questions de conservation au cœur des politiques publiques, ou encore dialoguer pendant les COP. »
Impliquer les communautés
Au fil des années, WCS a développé une méthode rodée de consultation des populations locales pour les rendre actrices et décisionnaires des actions de conservation. L’ONG défend également les conservation deeds, actes de droit innovants qui permettent aux communautés d’adopter leurs règles de conservation et de les faire appliquer. Pour SoNG, WCS tirera parti de cette expérience pour améliorer la gestion des aires protégées existantes (plus de 1,7 million d'hectares) et soutiendra la création de nouvelles aires marines et forestières protégées couvrant potentiellement 2,9 millions d'hectares en mer et 20 000 hectares en forêt.
Sur le terrain, des dizaines de personnes travaillent pour WCS au cœur des communautés, comme July Kuri, responsable de l’engagement communautaire. En 2012, une fois rentré dans sa province natale, la Nouvelle-Irlande, cet ancien militaire intègre WCS via un poste occasionnel d’animateur dans les communautés. Son envie d’apprendre, sa connaissance des langues locales et sa capacité à organiser les échanges d’informations font le reste.
Aujourd’hui, son poste permanent le place au quotidien auprès des communautés pour les sensibiliser et les accompagner vers la conservation de leurs ressources et l’adoption de mesures de gestion : limiter l’accès à un récif à telle période de l’année, encadrer l’usage de telle espèce d’oiseau, préciser la taille minimale pour qu’un animal soit pêché ou chassé…
« Voir les communautés comprendre les données scientifiques de base et les mettre en œuvre en les liant aux méthodes traditionnelles de gestion : c’est ça qui m’encourage à continuer ce travail », explique-t-il.
La responsable de programme chez WCS, Annisah Sapul, renchérit et se réjouit de pouvoir partager depuis douze ans les connaissances scientifiques acquises à l’université avec les communautés. « Apporter une valeur supplémentaire à quelque chose qui était déjà là : c’est ainsi que nous voyons notre travail. Quand on regarde vers l’avenir, finalement nous n’avons pas changé grand-chose dans la façon dont nos communautés préservent ou gèrent les écosystèmes, mais nous leur donnons ce petit plus qui leur permet de faire les bons choix. »
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