• logo linkedin
  • logo email
Tunisie © Amine Landoulsi / AFD
Alors que la concentration urbaine ne cesse de croître depuis dix ans en Tunisie, l’Agence française de développement met en place des programmes visant à améliorer la qualité de vie des habitants de quartiers populaires. Les dispositifs Proville et Pépinières urbaines en font partie.

Dans le pays le plus urbanisé du Maghreb, la question de l'organisation des villes se révèle cruciale. Près de 70 % des Tunisiens vivent ainsi en territoire urbain. Autrement dit, 8 millions de Tunisiens, sur une population estimée à 11 millions, vit sur 10 % du territoire. Une tendance à l’exode rural qui s’est d’ailleurs accélérée avec le Printemps arabe en 2011. 

L’explosion du taux d’urbanisation a eu pour conséquence un important étalement urbain non maîtrisé qui a généré le développement d’un habitat spontané. Dans les périphéries les plus éloignées, une population en situation de précarité s'est installée. Aménagement urbain, rénovation et création de logements, assainissement de l’eau, livraison d’équipements collectifs, etc. : cette forte croissance urbaine pose des défis de taille à la Tunisie. 

Faire face à la densification urbaine

« Le développement de ces quartiers caractérisés par un manque d’accès aux services de base, une forte précarité et une exclusion sociale certaine s’est accéléré à la suite de la révolution de Jasmin de 2011 qui, par ailleurs, a révélé de profondes inégalités sociales et territoriales », explique Fatima Chioukh, responsable d’équipe projet au sein de la division Développement urbain, aménagement, logement de l’Agence française de développement (AFD). 

C’est dans ce contexte d’urgence sociale et urbaine que l’État tunisien a sollicité l’appui des bailleurs de fonds que sont l’AFD, la Banque européenne d’investissement (BEI) et l'Union européenne (UE) pour répondre aux besoins des habitants de ces quartiers populaires en matière d’infrastructures, de services et d’équipements. Objectifs : faciliter leur intégration à la ville et prévenir ou enrayer la formation de l’habitat informel qui s’est faite, aussi, au détriment des terres agricoles.


Lire aussi : La Tunisie réinvente sa périphérie


Depuis 2008, l’AFD finance, avec la participation de la BEI et de l’UE, le programme Proville 1 et Proville 2 visant à améliorer les infrastructures dans les zones urbaines défavorisées. Ce soutien à la politique de la Ville permet de réhabiliter des quartiers jugés prioritaires : Proville répond aux besoins en matière de voirie, d’assainissement ou encore d’éclairage public. Des équipements socio-collectifs et des locaux d’activités sont également réalisés. L’AFD contribue aux programmes Proville 1 et Proville 2 par le biais d’un prêt d’un montant total de 107 millions d’euros. 

Déjà 155 quartiers soutenus

Indissociable de la réhabilitation et de l’équipement de ces quartiers, un autre enjeu majeur consiste à contrer le développement urbain anarchique, notamment en offrant aux populations les plus précaires la possibilité d’accéder à un foncier abordable et équipé. Dans cette optique, Proville a été augmenté d'une composante « lotissement abordable » visant la viabilisation de 2 000 à 3 000 parcelles foncières destinées à l’auto-construction pour lutter contre l’étalement urbain et son corollaire, l’habitat spontané.

À ce jour, 155 quartiers tunisiens – représentant près de 865 000 habitants – ont pu bénéficier du projet de réhabilitation. « Cela se fait en collaboration avec les acteurs institutionnels des quartiers concernés ; les municipalités sont impliquées », souligne Fatima Chioukh. 

De l’importance de la concertation

À Proville s’ajoute le programme Pépinières urbaines. Également présentes à Ouagadougou, Abidjan et Dakar, ces pépinières sont implantées dans les quartiers tunisiens concernés par le programme Proville. Cette initiative s'inscrit en complément des projets urbains. Son objectif ? Initier des réflexions collectives avant d’améliorer l’état des villes. « Il s’agit d’un outil favorisant le dialogue entre les acteurs institutionnels et les habitants. Ces derniers portent et soutiennent des initiatives », résume Fatima Chioukh. 

Véritable laboratoire de réflexion, la pépinière urbaine fait d’abord éclore des idées portées par les habitants. Naissent alors des micro-projets, de faibles montants, qui sont rapidement mis en œuvre sur les sites de projets urbains financés en parallèle par l’AFD.


Lire aussi : Les pépinières urbaines, laboratoires d’initiatives citoyennes


Les citoyens tunisiens peuvent ensuite émettre des propositions d’aménagement urbain comme l’aménagement de jardin avec buvette tenue par une association, la construction d’un pont pour les écoliers dans une zone inondable, etc. Après un appel à projets, une sélection a lieu avec les habitants. « Il est très intéressant d’observer la construction de cette coopération, de ce véritable travail collectif mené entre les habitants et la municipalité », souligne la spécialiste de l’aménagement urbain.

Une subvention de l’AFD d’un montant de 950 000 euros a été allouée pour ces pépinières en Tunisie. Un signal fort traduisant la volonté de promouvoir des modes de faire plus participatifs et de répondre au mieux aux besoins des populations.


Visionner la présentation du projet de pépinière urbaine en Tunisie lors de la cérémonie des 80 ans du groupe AFD le 2 décembre 2021
Avec Audrey Guiral Naepels, responsable adjointe de la division Développement urbain, aménagement et logement à l'AFD, et Selima Mechkene, chargée d'accompagnement au Lab'ess en Tunisie.

 


Le contenu de cette publication relève de la seule responsabilité de l’AFD et ne reflète pas nécessairement les opinions de l’Union européenne.