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Cop26 Conservation in the Caribbean - Cleaning the beach
Les îles et les pays côtiers figurent parmi les zones les plus vulnérables au changement climatique. C’est la raison pour laquelle l’Agence française de développement (AFD) et le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) se sont engagés à apporter un soutien au Caribbean Biodiversity Fund (CBF) et aux douze fonds fiduciaires nationaux qui y sont affiliés. Entretien avec Karen McDonald Gayle, directrice générale par intérim du Caribbean Biodiversity Fund, à propos des enjeux climatiques dans la région, à la veille de la COP26.

Soutenu à hauteur de 4 millions d’euros par l’AFD et le FFEM, aux côtés de la KfW, la Contribution régionale en appui à la biodiversité (CRAB) contribuera au développement de mécanismes de financement innovants et durables en faveur de la protection de la biodiversité.

Karen McDonald GayleQuelles sont les questions les plus pressantes en matière de biodiversité dans les Caraïbes ?  

Karen McDonald Gayle : les îles océaniques des Caraïbes abritent de nombreuses espèces endémiques et regorgent de zones de haute diversité biologique et de coraux. La faune et la flore marines ont été fortement impactées par le changement climatique suite à l’élévation du niveau de la mer, au réchauffement des océans et à la multiplication des tempêtes. Cela ne représente pourtant que quelques-uns des défis environnementaux rencontrés dans la région.

La majorité de notre population vit le long des côtes ou près des côtes. Et elle dépend des biens et services fournis par les écosystèmes marins et côtiers. Dans les Caraïbes, le changement climatique a des effets sur les littoraux, donc sur les populations. Les conséquences sont dramatiques : dans certaines îles telles que Haïti, des personnes ont déjà été forcées de se déplacer pour s’installer ailleurs.


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D’où l’importance de protéger les littoraux et la biodiversité dont dépendent les communautés côtières. Comment le programme CRAB, financé en partie par l’AFD et le FFEM, peut-il contribuer à la réalisation de ces objectifs ?

Le programme Caribbean Regional Architecture for Biodiversity (CRAB) a trois objectifs. S’appuyant sur ce que le Caribbean Biodiversity Fund (CBF) a déjà entrepris, il vise à :

  • créer de nouvelles possibilités de financement, notamment en faveur de la préservation de la biodiversité ;
  • faciliter les approches régionales à l’égard des questions liées à la biodiversité ;
  • répondre aux besoins locaux et régionaux en matière de préservation. Cela comprend la promotion de l’économie bleue et le renforcement de la capacité de relèvement des pays, de manière à pouvoir apporter des réponses d’urgence en cas de besoin.
L'AFD et la biodiversité dans l'océan Atlantique

 

En consolidant le réseau de fonds fiduciaires nationaux sur le plan financier et technique, le programme soutiendra sur le long terme le maintien et la restauration de la biodiversité et des ressources naturelles dans la région. L’Organisation des États de la Caraïbe orientale (OECO), qui est un partenaire clé du programme, dirigera le volet du CRAB visant à développer des chaînes de valeur certifiées « Blue Bio Trade » pour réduire les impacts négatifs de l’activité humaine et économique sur les écosystèmes marins.

Comment la coopération régionale renforce-t-elle les actions nationales en faveur d’une préservation efficace et durable de la biodiversité ?

Dans le contexte des Caraïbes, les économies d’échelle sont essentielles. Nous sommes voisins et l’objectif d’une coopération régionale est d’offrir plus de possibilités et d’apprendre les uns des autres. Par exemple, en reproduisant une expérience réussie d’un pays à l’autre, plutôt que de partir de zéro à chaque fois. Ces expériences positives ont également un effet d’entraînement sur les pays voisins et les incitent à investir dans la préservation de leur biodiversité.


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Le volume financier compte : des investissements plus importants en une seule fois sont plus avantageux pour les donateurs dans la mesure où ils diminuent les risques pris et les ressources de gestion nécessaires pour accompagner le financement. La voix de plus en plus forte des fonds fiduciaires de préservation soutenus par une structure régionale est également plus pertinente au niveau national qu’au niveau local. Il est donc essentiel de mettre nos ressources en commun afin de multiplier l’impact de nos actions.

Les fonds fiduciaires de préservation nationaux sont indépendants et autonomes ; ils se concentrent donc sur leurs domaines prioritaires et construisent des bases solides, avant de travailler à l’échelle régionale. Leur travail régional vise à favoriser la réalisation de leurs priorités nationales.

Préserver les océans

 

Les solutions axées sur la nature sont une composante importante du projet CRAB, pouvez-vous expliquer comment elles sont utilisées sur le terrain pour atteindre les objectifs du projet ?

Le CBF a pour objectif de réconcilier la préservation de la biodiversité et le développement social dans les Caraïbes. L’une ne s’oppose pas à l’autre dans la mesure où les populations les plus pauvres ont besoin d’écosystèmes résilients pour leur permettre de se nourrir. Le tourisme, important dans la région, a été fortement impacté par le Covid-19.

L’idée est de créer des sources de revenus qui soient plus résilientes, avec des activités économiques axées sur la nature. Et les résultats sont déjà visibles : la valeur des mangroves dans le cadre de la résilience face aux changements climatiques a été largement démontrée. Par ailleurs, les mangroves fournissent différentes sources de revenus grâce, par exemple, au miel de mangrove. Elles permettent ainsi de créer de nouveaux moyens de subsistance. Grâce au programme CRAB, les moyens de subsistance seront donc renforcés, en même temps que les mécanismes de préservation.

Faire converger objectifs climatiques et préservation des écosystèmes