Sur le front de l'égalité femmes-hommes, les banques de développement ont aussi le pouvoir de changer la donne. Organisé le 12 novembre depuis Paris dans le cadre du premier sommet réunissant les 450 banques de développement mondiales, dont l'Agence française de développement (AFD) était l'hôte, un événement de haut niveau dédié à l’atteinte de l’Objectif de développement durable n°5 s’est ainsi penché sur le rôle et l’impact de ces banques d'un autre genre dans la promotion de l’égalité entre les sexes.
« Nous avons besoin de nouveaux partenariats et de financements innovants pour lutter contre les inégalités croissantes entre les sexes. Des efforts importants ont été consentis et les banques publiques de développement ont joué un rôle important dans cette réalisation, mais nous devons faire plus », a déclaré Delphine O, secrétaire générale du Forum génération égalité, en préambule de ces échanges.
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À cette occasion, Daniel Seymour, directeur des partenariats chez ONU Femmes, Rémy Rioux, directeur général de l’AFD, Vanessa Moungar, directrice en charge du Genre, des Femmes et de la Société civile de l’African Development Bank Group (AfDBG), Meral Murathan, vice-présidente de l'Industrial Development Bank of Turkey (TSKB), Anne-Marie Levesque, responsable des questions de genre pour FinDev, au Canada, et Seblewongel Negussie, experte Genre du Green Climate Fund (GCF), ont eu l’occasion d’échanger sur les bonnes pratiques à mettre en place pour améliorer l’action des BPD en faveur de l’égalité entre les sexes.
Accroître les efforts déjà engagés
« De nombreuses banques publiques de développement ont déjà décidé d'intégrer le genre dans leurs opérations et de mesurer l’impact de leur action sur la réduction des inégalités de genre, a rappelé Rémy Rioux, directeur général de l’AFD, en complément du premier bilan posé par Delphine O. Mais nous devons aller plus loin : nous lançons donc un mouvement pour rallier toutes les banques publiques de développement autour de l'autonomisation des femmes et en faveur de l’égalité entre les sexes. »
Au-delà de la question des modes de financements ou de partenariats à mettre en œuvre, Vanessa Moungar a rappelé de son côté le rôle économique décisif joué actuellement par les femmes, notamment sur le continent africain : « Faire progresser l'égalité entre les sexes, c’est doper la croissance économique. Les femmes sont les moteurs de l'économie. L’Afrique a le taux le plus élevé de femmes entrepreneures et celles-ci investissent dans tous les secteurs : santé, éducation, citoyenneté… »
Une dynamique initiée
Dès lors, quels leviers mettre en place pour doper le leadership féminin et promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes ? Il y a deux ans, l’International Development Finance Club (IDFC) a monté un groupe de travail coordonné par la TSKB, dédié au renforcement de l’égalité entre les femmes et les hommes, comme le rappelle Meral Murathan : « Cela nous a permis d’identifier les sujets sur lesquels travailler en priorité, à commencer par l’omniprésence des femmes dans l’économie informelle. »
Le réseau 2x Challenge, coordonné en 2019 par FinDev Canada, a également permis de mobiliser les instituts financiers du développement des pays du G7 sur le financement de l’égalité entre les femmes et les hommes dans le secteur privé, comme l’a souligné Anne-Marie Levesque. Enfin, Seblewongel Negussie a confirmé l’importance de continuer de creuser les liens entre le genre et le climat afin d’atteindre les ODD.
Quels axes d’intervention privilégier ?
Ces échanges ont également été l’occasion de rappeler les nouveaux risques qui pèsent sur les femmes en cette période marquée par une crise sanitaire, doublée d’une crise économique, sociale et environnementale dont on peine encore à mesurer les effets à long terme. D’où l’urgence à agir, qui a conduit les participantes du panel à définir quatre axes d’intervention prioritaires pour les banques publiques de développement recueillis dans la Déclaration de Paris des banques de développement pour l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes :
- Renforcer l'engagement des BPD en faveur de l'égalité entre les sexes grâce à une stratégie institutionnelle sur ce sujet
- Augmenter la part des flux financiers en direction d’opérations sensibles au genre
- Contribuer à des politiques de lutte contre le changement climatique sensibles au genre
- Améliorer le dialogue et la collaboration avec l’ensemble des parties prenantes sur la question du genre, notamment la société civile féministe
Cette déclaration a été signée par 25 banques de développement, y compris par les trois banques panélistes de l’événement. Ces quatre objectifs permettront aux acteurs engagés de jouer un rôle majeur dans l’atteinte de l’ODD n°5, qui sera également au cœur de l’action du Forum génération égalité, en juin 2021.
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