
Contexte
L’Afrique du Sud est l’une des principales puissances économiques du continent africain. Pourtant le pays est toujours marqué par de fortes inégalités socio-économiques. Le soutien de l’AFD vise à aider les populations défavorisées à se relever. Depuis 2008, le Groupe soutient aussi le développement des infrastructures et intensifie son action en faveur du climat.
Objectif
Produits par une équipe d’économistes risque-pays, les diagnostics-pays permettent d’analyser les processus de développement des États dans lesquels l’AFD intervient, de caractériser leur trajectoire de croissance, mais aussi de détecter les vulnérabilités économiques, sociales, politiques et financières associées à ces trajectoires. Le groupe AFD est ainsi en mesure de bien mesurer les enjeux et de suivre les risques associés à chacun de ses investissements.
Un accent particulier est mis sur les pays en développement, notamment en Afrique, pour lesquels les analyses macroéconomiques sont rares ou peu fréquentes, dans un souci de complémentarité avec les productions existantes sur l’actualité économique mondiale, plus volontiers focalisées sur les économies avancées et les grands émergents.
En savoir plus : Les analyses macroéconomiques à l'AFD
Méthode
Les réflexions des économistes risque-pays sont nourries d’un suivi rapproché sur longue période et ancrées dans une connaissance fine des contextes locaux. Les évolutions conjoncturelles, souvent mises en avant dans l’actualité, sont systématiquement étudiées à la lumière des tendances structurelles des économies et du contexte régional dans lesquelles elles s’inscrivent, afin de mettre en évidence les problématiques macroéconomiques spécifiques à chaque pays tout en évaluant les risques au regard de trajectoires comparables dans le temps et l’espace.
Les économistes risque-pays inscrivent l’étude des vulnérabilités socio-politiques, du modèle de croissance, de la viabilité de l’endettement public, des équilibres externes et de la solidité du système financier au cœur de leur diagnostic, et accordent un point d’attention spécifique à l’exposition des pays aux risques climatiques.
Enseignements
L’Afrique du Sud a retrouvé en 2024 sa place symbolique, perdue en 2012, de première économie du continent africain, juste devant l’Égypte, suivie de l’Algérie et du Nigéria. L’aura du pays semble dépasser même son poids économique, en devenant le premier pays africain à endosser la Présidence du G20 en 2025, en réaffirmant sa place parmi les leaders du bloc des BRICS+ et plus largement des pays émergents et en développement, et en s’affichant comme défenseur d’une position modérée vis-à-vis des conflits (de)structurants à l’échelle mondiale (Ukraine/Russie, guerre au Proche-Orient). Elle sort par ailleurs renforcée des élections générales du 29 mai 2024, qui se sont soldées par la constitution d’un gouvernement d’union nationale, envoyant un bon signal sur la stabilité politique et pour la stabilité macro-financière de l’Afrique du Sud. Pour autant, le contexte domestique demeure dégradé et l’économie peine à retrouver une certaine dynamique, souffrant notamment d’un sous-investissement chronique depuis trois décennies et de la situation des grandes entreprises publiques (Eskom, Transnet) qui pèse sur l’activité économique et le budget de l’État.
Retrouvez nos publications sur la situation macroéconomique de l’Afrique du Sud :
- « Afrique du Sud : un redressement progressif, sous le feu des projecteurs internationaux », in MacroDev Panorama semestriel n°61 (février 2025)
- « La question énergétique au centre du modèle économique sud-africain », in MacroDev n°47 (juin 2023)
Contact :
- Laura Marie, économiste risque pays à l'AFD

Contexte
Au Cameroun, l’élevage représente 13% du PIB agricole et emploie près d’un tiers de la population rurale. L’extrême-nord du pays, en particulier, possède de nombreuses ressources pastorales – eau et pâturages – qui font de cette région un pôle d’attraction pour les pasteurs transhumants venant du Niger, du Nigéria et du Tchad.
Cependant, cette transhumance transfrontalière historique s’est recomposée sous l’effet de l’insécurité croissante dans le bassin du lac Tchad, de la croissance démographique, de la densification agricole, ou encore du changement climatique et du développement des aires protégées. Ces reconfigurations sont fréquemment porteuses de conflit. En effet, le Nord-Cameroun est non seulement la région la plus peuplée du pays, mais elle est aussi la plus pauvre. La population sédentaire, déjà confrontée au manque d’accès aux ressources naturelles et aux activités génératrices de revenus, se retrouve désormais face à une réduction de la production agricole et de l’élevage, en raison des chocs agro-climatiques et de la densification de l’occupation de l’espace rendant la régénération de la fertilité des sols plus difficile.
Dès lors, les nouveaux itinéraires des éleveurs transhumants engendrent une concurrence accrue sur les ressources agro-pastorales et une multiplication des conflits d’usage entre éleveurs transhumants et éleveurs/agriculteurs sédentaires.
Les interactions entre ces deux groupes ont pourtant longtemps été positives sous la forme de contrepartie à l’accès des troupeaux à des ressources fourragères car la transhumance peut présenter un intérêt pour les agriculteurs : fertilisation, régénération naturelle des plantes pérennes… Il est donc utile d’identifier les moyens de restaurer des relations mutuellement bénéfiques.
Objectif
Cette étude analysera les différentes formes d’interactions – conflictuelles ou positives – entre éleveurs transhumants et éleveurs/agriculteurs sédentaires, afin de répondre à la question de recherche suivante : quel est aujourd’hui l’intérêt économique des cultivateurs et des pasteurs à conclure des arrangements de transit et de stationnement des troupeaux sur un terroir villageois ?
Ce prisme économique permettra d’analyser l’évolution des bénéfices et des coûts pour chaque groupe d’acteurs, objectivant ainsi les raisons matérielles qui ont pu faire croître les divergences d’intérêt entre transhumants et sédentaires sur le même terroir à certaines périodes de l’année.
Cela doit permettre de caractériser les effets de l’élevage transhumant sur l’économie locale, ainsi que d’identifier les leviers à prioriser pour assurer sa viabilité – économique, sociale, sanitaire et environnementale. Le projet identifiera notamment les types d’arrangements les plus bénéfiques, et ce dans le but de favoriser les coopérations positives entre les éleveurs transhumants et les autres groupes sociaux en présence (éleveurs sédentaires, agriculteurs, chasseurs, autorités, commerçants etc.).
Ces résultats pourraient ensuite permettre d’éclairer la prise de décision locale, voire nationale à plus long terme, pour gérer les conflits et favoriser les arrangements entre transhumants et sédentaires.
Méthode
En collaboration avec des équipes de l’université de Maroua spécialisées en économie agricole et en sociologie rurale, le travail reposera essentiellement sur le recueil d’informations – quantitatives et qualitatives – auprès des communautés d’éleveurs et des villageois des terroirs sur lesquels stationnent les éleveurs. Le travail s’appuiera sur l’expérience acquise par les équipes de terrain d’Action contre la faim (ACF) dans le cadre de la mise en œuvre du Projet régional d’appui au pastoralisme et à la commercialisation du bétail dans les territoires transfrontaliers Cameroun-Nigéria-Tchad (PASCO), financé par l’AFD, et qui vient en appui aux communautés agropastorales de la zone du Lac Tchad.
Prévues dans trois villages, les enquêtes quantifieront les flux de matière résultant des échanges entre ces groupes d’acteurs (fumier, lait, veau, gardiennage contre grain, fourrage, eau mais aussi épizooties et leurs conséquences, dégâts aux cultures etc.). Il s’agira de raisonner en coût et avantage pour chaque acteur, avec et sans arrangement entre eux.
Les analyses seront soumises à discussion avec les communautés locales pour identifier les arrangements les plus prometteurs.
Résultats
Les travaux de recherche seront publiés sur le site d’Action contre la faim. Ils donneront également lieu à des publications aux Editions Agence française de développement et à un webinaire de restitution des résultats.
Contact :
- Benoit Faivre-Dupaigre, chargé de recherche à l'AFD.