Le sport améliore la santé physique. Oui, mais pas seulement ! Il est aussi un formidable vecteur d’inclusion et de cohésion sociale, avec des impacts considérables en matière d’éducation, de santé mentale ou encore sur l’économie. Tour d’horizon.

Article publié le 24 juin 2019 et mis à jour le 4 juin 2024

puce 1 Le sport favorise la paix

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© Ornella Lamberti / AFD

 

Dans le football, la boxe ou l’escrime, on parle habituellement de confrontation, de duel voire de combat entre adversaires. Et si le sport permettait au contraire d’accepter les différences et d’apaiser les tensions entre les communautés et les peuples ? C’est ce que défend l’ONU, pour qui le sport facilite le dialogue, la stabilité et l’édification d’un monde pacifique.

Depuis 1993, l’Assemblée générale des Nations unies soutient le Comité international olympique en s’appuyant sur le concept de trêve olympique durant les Jeux Olympiques et Paralympiques, renouvelant tous les quatre ans son souhait d’un cessez-le-feu dans les zones de conflit. Objectifs : promouvoir la paix et permettre aux athlètes de se rendre aux Jeux et d’y participer en toute sécurité.


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« On se souvient de l’appel à la paix du footballeur Didier Drogba en pleine période de guerre civile en Côte d’Ivoire en 2005, qui avait contribué au retour au calme, illustre Christophe Dias, chargé de mission sport et développement à l’Agence française de développement (AFD). Dans les grands stades comme sur les petits terrains de proximité, le sport inspire, fédère et rassemble les filles et les garçons, les jeunes et les plus âgés, les différents milieux sociaux… Et les grands événements sportifs en accélèrent les effets. »

 

puce 2 Il facilite l’inclusion sociale et l'égalité...

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© Sylvain Cherkaoui / AFD

 

Langage universel, le sport rassemble et transcende les barrières socioculturelles, linguistiques et ethniques. Il ouvre un espace où les individus et les communautés peuvent s’exprimer, s’émanciper, s’engager et entreprendre, singulièrement au service du lien social, de l’inclusion et de l’égalité.

Au Sénégal, l’association Pour un sourire d’enfant utilise l’escrime dans le processus de réinsertion de jeunes détenus. La discipline permet d’inculquer les valeurs de solidarité et d’égalité, le respect des règles et de l’adversaire. À tel point que ce projet, soutenu depuis quatre ans par l’AFD, affiche un taux de 0 % de récidive parmi les participants.

D’autres projets de développement basés sur le sport ont permis de renforcer l’égalité, ainsi que l’estime de soi des femmes, tout en accroissant le niveau d’information sur leurs droits. « À l’AFD, 100 % de nos projets liés au sport contribuent à réduire les inégalités entre les femmes et les hommes. Le programme académies sportives et inclusives en Afrique, que nous soutenons avec la Fifa, vise à ouvrir des opportunités professionnelles pour les jeunes, et en particulier les jeunes filles, par le biais du football », détaille Christophe Dias.


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L’AFD a été l’une des premières banques de développement à adopter en 2019 une stratégie Sport et développement en faveur de la promotion du sport pour toutes et tous. Elle a depuis soutenu plus de 200 initiatives dans ce domaine.


puce 3... et renforce l'éducation et le développement de compétences

sport développement Mayotte Play international Afrique
© Ornella Lamberti / AFD

 

Le sport est aussi un outil pour sensibiliser la jeunesse à des sujets comme les maladies sexuellement transmissibles, la nutrition ou la protection de l’environnement, tout en s’amusant. « Il véhicule des valeurs universelles et permet d’acquérir des compétences de vie. À l’école, c’est la seule discipline qui mobilise le corps pour apprendre », souligne Christophe Dias.

L’ONG Play International, que l’AFD soutient depuis plusieurs années, s’est spécialisée dans la « playdagogie », une méthode pédagogique participative et active. Elle permet d’aborder des enjeux sociaux et sanitaires de façon ludique et positive.

Au Burundi, au Sénégal, au Libéria et au Kosovo, le projet Ejo lancé par Play International, qui a bénéficié d’une subvention de 2 millions d’euros de l’AFD, a impacté positivement la vie de plus de 80 000 enfants. Cette initiative favorise notamment l’éducation inclusive par le sport en formant des éducateurs et en accompagnant des enfants autour de l’importance de la scolarisation et de la lutte contre les comportements discriminants.

 


puce 4 Le sport améliore la santé mentale...

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© Tala Niang / AFD

 

Si les bienfaits du sport sur la santé physique sont connus, ceux sur la santé mentale le sont moins. D’après l’Organisation mondiale de la santé, l’activité physique a ainsi un intérêt pour diminuer les symptômes de dépression et améliorer le fonctionnement du cerveau. Mais pas seulement.

« La pratique sportive permet de prendre confiance en soi, de se reconstruire et de parvenir à un équilibre mental, surtout chez les jeunes qui sont confrontés à de nombreux défis, explique Christophe Dias. Plusieurs études montrent qu’investir dans l’activité physique et sportive permet de générer des économies conséquentes dans les dépenses publiques de santé. »

Les jeunes des townships d’Afrique du Sud doivent par exemple affronter au quotidien des événements traumatisants, un taux de chômage élevé et des abus – une spirale négative qui les empêche souvent de se projeter dans l’avenir. Le projet Waves for Change propose des sessions de thérapie par le surf accompagnées d’ateliers d’expression qui permettent aux jeunes de cultiver un sentiment d’appartenance à une communauté, de nouer des liens avec leurs pairs et de renforcer leur résilience émotionnelle.

 


puce 5... et il booste l’économie locale

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© Isabelle Bonillo / AFD

 

Le sport ne stimule pas seulement les muscles, mais aussi l’économie des pays où il est pratiqué. Son développement dans les territoires entraîne l’implantation d’entreprises – et donc la création d’emplois locaux – liées aux différents besoins qui en découlent : fabrication des équipements, entretien et fonctionnement des infrastructures, location, transport, encadrement des équipes, restauration… Autant d’activités peu délocalisables.

La place du sport dans l’économie mondiale ne cesse d’ailleurs de croître. « Il représente aujourd’hui entre 2 et 3 % du PIB mondial, et son taux de croissance est supérieur à celui de l’économie mondiale. En Afrique, il ne pèse toutefois que 0,5 % du PIB. Son potentiel économique est donc considérable, d’autant qu’un jeune sur trois sera africain en 2050 », observe Christophe Dias.


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L’accueil des grands événements sportifs internationaux a des retombées positives dans différents secteurs tels que le tourisme, l’hôtellerie, la restauration ou encore les transports. Le succès de la Basketball Africa League (BAL) est par exemple aujourd'hui un symbole de l’attractivité croissante du continent sur la scène sportive internationale. L’organisation des Jeux Olympiques de la jeunesse de Dakar 2026, premier événement olympique sur le sol africain, offrira également des perspectives économiques.