Depuis deux décennies – en fait, à la suite de l’éclatement de l’ancien bloc communiste – les expériences de décentralisation et de fédéralisation se sont développées dans de très nombreux pays. Ce phénomène touche non seulement l’ancienne Europe de l’Est mais aussi l’Asie et l’Afrique. À chaque fois, ces initiatives soulèvent les mêmes questions : quelles compétences réelles attribuer aux niveaux décentralisés de gouvernement ? Quelles ressources propres concomitantes, quels transferts, quels dispositifs redistributifs préserver ou mettre en place ?
Les processus de décentralisation mis en oeuvre dans les pays en développement (PED) depuis une vingtaine d’année participent à cette démarche. Ils ont modifié – et modifient encore – le paysage institutionnel de ces pays. Nombre de compétences autrefois aux mains de l’État central ou de leurs structures déconcentrées sont transférées aux niveaux décentralisés. En outre, même s’il s’agit d’une démarche plus récente mais qui tend à se généraliser, les collectivités locales émergent progressivement comme des acteurs du développement et se voient attribuer des responsabilités d’aménagement du territoire. Quelles que soient les raisons ayant présidé au processus de décentralisation, ces attributions de nouvelles tâches locales peuvent être massives, tout au moins dans les intentions. Cela soulève une deuxième série de questions : quelles sont les origines et les causes des mouvements allant vers davantage de décentralisation ? Les réalisations sur le terrain coïncident-elles avec les desseins décentralisateurs ? Comment l’écart entre les deux peut-il être expliqué ? L’organisation institutionnelle freine-t-elle la décentralisation ou bien, au contraire, l’organisation institutionnelle peut-elle être repensée et réformée pour appeler toujours davantage de décentralisation ?