
Contexte
Dans de nombreux pays africains, les personnes âgées représentent une proportion encore très faible de la population (3% de la population des pays subsahariens et 5,6% des pays d’Afrique du Nord). Elles ont longtemps été laissées de côté par les politiques publiques, portées par les besoins les plus criants du développement économique, social et sanitaire, centrées sur les enfants et les jeunes adultes.
Cependant, la population âgée augmente – en nombre, mais aussi bientôt en proportion, avec un vieillissement à venir plus rapide qu’ailleurs. L’enjeu est donc de définir et de mettre en œuvre des politiques publiques adaptées pour accompagner cette tendance démographique, notamment en matière de santé et de protection sociale. De fait, l’extension des modes de couverture et de protections émergent et/ou s’imposent (tels les cash transfers), en complément des solidarités familiales des systèmes de santé et de soins gratuits pour les personnes âgées, l’extension de la couverture des systèmes de pension et de retraite dits universels et plus largement des systèmes de soutien privés sur lesquels doivent se reposer la plupart des personnes âgées du continent.
Objectif
Ce projet de recherche propose un cadrage du vieillissement de la population et des politiques publiques mises en place sur le continent africain, dans une perspective comparative. Il analyse le processus de vieillissement, ses enjeux, les politiques publiques qui l’accompagnent et le cadre institutionnel des différents pays, en se focalisant sur des cas-pays emblématiques de situations différentes (Afrique du Sud, Cameroun, Cap-Vert, Kenya, Maroc, Sénégal). Il développe aussi des analyses ciblées sur des données récentes, illustrant l’apport de la démographie sur le thème de la santé et de la protection sociale (retraite) des personnes âgées.
Ce projet débouche sur un état des lieux précieux pour les décideurs dans les pays partenaires de l’AFD, qui contribuera à une réflexion plus globale sur les conditions de réplicabilité ou non de différents modèles de politiques publiques sur le continent africain.
Méthode
Le projet s’appuie sur l’analyse comparative de données démographiques secondaires (provenant de sources existantes : documents de recherche, rapports, littérature scientifique…) qui, en présentant les trajectoires différenciées des transitions démographiques, dresse un panorama du vieillissement (temporalité et contextualisation) et de ses enjeux en termes de politiques publiques, nationales mais aussi locales. Sont mises en lumière les variations régionales, nationales et infranationales du vieillissement, de manière à identifier les régions les plus avancées dans ce processus et/ou en proie au changement le plus rapide.
Des focus sur quelques pays emblématiques de situations différentes permettent une revue critique systématique selon les axes suivants : présentation socio-sanitaire et démographique ; description du cadre institutionnel et des politiques publiques ; analyse critique des enjeux socio-sanitaires du processus de vieillissement ; les enjeux du vieillissement sur les transformations des familles elles-mêmes (effets sur les transferts, sur les migrations, sur l’activité des femmes…).
Résultats
Le projet de recherche a abouti à :
- La publication du papier de recherche « L’Afrique face au vieillissement annoncé de sa population : quels enjeux pour les des politiques publiques ? » (juin 2024)
- La publication « Améliorer le suivi sanitaire des personnes âgées en Afrique subsaharienne » (avril 2024), dans la collection Question de développement
- La publication « Statistiques sanitaires des personnes âgées en Afrique subsaharienne : revue de littérature » en Série grise
En juillet 2023, un webinaire du cycle « Conversations de recherche » avait permis de présenter les premiers résultats du projet :
Enseignements
L’Afrique est appelée à faire face au vieillissement annoncé de sa population. Le premier défi est assurément l’extension du taux de couverture sociale, qui est actuellement le plus faible au monde : 17% de la population est couverte. Ce taux s’explique en partie par l’importance de l’économie informelle, qui ne permet pas le réel développement d’un système contributif de protection sociale, plus particulièrement en zone rurale. Il est désormais question de consolider les politiques publiques permettant de favoriser l’extension de la protection sociale à une plus grande part de la population, aussi bien dans les zones rurales qu'urbaines.
Cependant, l’évolution des systèmes de protection sociale (santé et retraite) repose sur quelques piliers encore très incertains et qui ont été autant de préalables à leur expansion :
- D’une part, le bon recouvrement et utilisation des recettes fiscales pour le financement de la protection sociale ;
- D’autre part, un plus grand couplage entre couverture retraite et couverture maladie semble important à promouvoir, et enfin, la croissance soutenue d’un mode de développement qui (historiquement industriel et manufacturier) a permis la mise en place de ces politiques publiques.
Or, sur le continent africain, ce modèle économique générant du salariat formel ne s’est pas développé. De plus, les effets du changement climatique font émerger des questionnements sur ce modèle de développement, rendant encore plus aigüe la difficulté à penser et développer les politiques publiques du vieillissement, au moment où elles s’avéreront de plus en plus nécessaires.

Contexte
En octobre 2020, la Présidence sud-africaine a lancé un plan de reconstruction et de relance économique pour répondre aux impacts économiques de la pandémie de Covid-19. Outre le programme présidentiel de stimulation de l’emploi, ce plan comprenait des mesures de protection sociale d’urgence, parmi lesquelles une subvention spéciale Covid-19 – la Social Relief of Distress Grant (SRD) –, qui garantissait 350 rands par mois aux chômeurs non couverts par une autre forme de soutien. Le gouvernement sud-africain cherche maintenant à développer des options pour l’avenir de la SRD.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de l'Extension de la Facilité de recherche UE-AFD sur les inégalités (FRI). Coordonnée par l’AFD et financée par la Commission européenne, l’Extension de la Facilité contribuera à l’élaboration de politiques publiques visant la réduction des inégalités dans quatre pays (Afrique du Sud, Mexique, Colombie et Indonésie) sur la période 2021-2025.
Objectif
Ce projet a pour objectif de formuler des recommandations motivées sur la façon dont la SRD devrait être conçue sur le long terme, afin de maximiser l’impact de cette subvention sur l'emploi et de s’assurer qu’elle réduit utilement la pauvreté, tout en maintenant son coût à un niveau acceptable :
- Pour maximiser l’impact de la subvention sur l’emploi, le projet doit comprendre comment concevoir et présenter la subvention pour encourager son utilisation pour la recherche d’emploi.
- Pour que la subvention réduise efficacement la pauvreté, le projet doit trouver le moyen le plus économique de cibler et d’évaluer l'éligibilité des demandeurs. En outre, la réduction de la pauvreté peut être intensifiée en déterminant des mesures susceptibles d’encourager le recours à la subvention par les plus défavorisés.
Une fois ces objectifs atteints, et afin d’éclairer la prise de décision publique, ces conclusions devront être communiquées à un certain nombre de parties prenantes au sein du gouvernement et de la société civile.
Ce projet fait partie d’un programme de recherche plus large mené avec plusieurs centres de recherche sud-africains et en étroite collaboration avec la Présidence sud-africaine. Quatre autres projets de recherche analysant les externalités de la politique de relance Covid-19 sont actuellement en cours dans le cadre du premier pilier des activités de l’Extension de la Facilité de recherche en Afrique du Sud.
Méthode
Ce projet de recherche réutilise le modèle généré pour effectuer l’évaluation de l’incidence fiscale 2014‑2015, avec des données mises à jour pour 2019‑2021. Il simule cinq scénarios autour des critères d’éligibilité, des mécanismes de ciblage, de la valeur, du modèle de décaissement et des conditionnalités et calcule l’impact potentiel sur la pauvreté et les résultats en matière d’emploi.
Résultats
Vous trouverez ci-dessous le papier de recherche lié à ce projet :
Contact :
- Anda David, chargée de recherche à l'AFD

Contexte
Alors que le champ de la recherche sur les infrastructures vertes et les solutions fondées sur la nature en ville se développe, le potentiel de l’agriculture urbaine dans la production de services écosystémiques reste peu exploré.
Or, au-delà des bénéfices liés à l’approvisionnement alimentaire et à la réduction de la vulnérabilité des populations urbaines, les systèmes alimentaires urbains peuvent être au cœur de politiques de développement de solutions fondées sur la nature.
Ce projet de recherche étudie les potentiels bénéfices de ces systèmes dans le périmètre de la ville de Bangalore. Cette ville indienne possède en effet un fort héritage en termes d’agriculture urbaine.
Ce projet fait partie du programme de recherche Ecopronat, qui soutient des recherches sur une meilleure prise en compte et une plus grande intégration (mainstreaming) de la biodiversité dans des secteurs économiques-clés.
Objectifs
En s’appuyant sur le contexte de la ville de Bangalore, ce projet mené par l'IIHS explore comment et pourquoi les systèmes alimentaires urbains, dans les zones urbaines et péri-urbaines en développement rapide, peuvent être envisagés comme des solutions urbaines basées sur la nature qui apportent des avantages aux écosystèmes et à la société. Deux questions de recherche sont ainsi traitées :
- Quelle est la portée et les apports de l’agriculture urbaine pour les services écosystémiques (notamment de pollinisation) et le bien-être social (tel que la sécurité alimentaire et nutritionnelle pour les populations les plus vulnérables) ?
- Comment mobiliser différentes combinaisons de coproduction, entre science, politique, pratique et citoyens, pour le passage à l’échelle des SFN autour des pratiques d’agriculture urbaine durable ?
Méthode
La méthodologie de recherche s’articule autour de trois grands ensembles d’études :
- Synthèse de la connaissance scientifique sur le potentiel des SFN et sur les pratiques existantes à différentes échelles, notamment dans un quartier choisi de Bangalore avec le déploiement d’interventions pilotes ;
- Incubation et renforcement des capacités : création d’un parcours d’incubation d’expérimentations sur les SFN liées à l’agriculture urbaine favorable aux pollinisateurs et à la conservation de l’eau, ainsi que le renforcement des capacités pour la formation de divers groupes de parties prenantes.
- Passage à l’échelle de l’impact à travers l’identification et l’engagement des parties prenantes, dont les responsables politiques et les décideurs au niveau de la ville, et ce dès le début du projet afin de garantir l’amplification de l’impact tout au long de celui-ci.
Résultats
Les résultats attendus de ces projets sont les suivants :
- Production de résultats académiques sur les systèmes alimentaires urbains durables dans les contextes des pays du Sud en urbanisation rapide, sur des expériences de SFN urbaines et leurs effets sur les services écosystémiques (notamment la pollinisation) ;
- Elaboration de produits de connaissances destinés aux décideurs urbains autour de l’intégration des SFN dans la planification urbaine ;
- Production de matériel de renforcement de capacités et d’enseignement sur les approches multidisciplinaires sur la durabilité urbaine.
Le projet permet également de tester des solutions fondées sur la nature visant à renforcer la résilience des systèmes alimentaires à Bangalore.
Un exemple de recherche-action : le projet PLUME
Accompagné par l’IIHS, le projet PLUME (Pollinator Linked Urban Multifunctional Ecosystems) développe des jardins à vocation alimentaire favorables aux pollinisateurs dans des espaces privés et publics, installe des infrastructures comme des hôtels à abeilles, et sensibilise les citoyens à l’importance de la biodiversité pour l’agriculture urbaine.
L’équipe du projet a notamment conçu un « kit PLUME », qui contient des graines d’espèces locales ainsi que le matériel adapté à leur semaison, et qui est complété par des outils pédagogiques et un site web.
En testant des solutions fondées sur la nature, PLUME constitue le volet de recherche-action des recherches menées par l’IIHS sur le verdissement des systèmes alimentaires urbains dans le cadre du programme de recherche Ecopronat. Il démontre comment des pratiques agricoles durables peuvent s’intégrer aux villes tout en renforçant la biodiversité et l’engagement citoyen à travers une logique de recherche-action.
Enseignements
L’équipe de recherche tend à montrer comment les solutions fondées sur la nature (SfN) peuvent répondre aux enjeux de sécurité de l'eau en ville dans le Sud global, un sujet encore peu traité dans la littérature scientifique qui reste centrée sur le Nord. À partir de discussions d’experts et d’une revue de littérature, ils identifient les spécificités de ces contextes (environnementales, socio-économiques, de gouvernance, de capacités techniques, etc.), ainsi que les obstacles et les opportunités pour mettre en œuvre ces solutions. L'objectif est de proposer des pistes concrètes pour faciliter l'adoption des SfN de façon plus efficace et plus juste dans les villes du Sud global.
Lire le papier de recherche
Les autres projets sur les SFN soutenus par ECOPRONAT
Élaborer un cadre stratégique pour les solutions fondées sur la nature en ville
En cours
2022 - 2024


Contexte
Le ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Réforme agraire d’Afrique du Sud aide les personnes (ou leurs descendants) qui ont été exclues de l'économie agricole formelle en raison de leur couleur de peau et qui ont récemment commencé à s'engager dans l'agriculture commerciale avec le soutien et l'assistance de l'État. Ce vaste programme est mis en œuvre par le biais du programme de réforme agraire, dans le cadre duquel des fonds de recapitalisation et de développement (Recap) sont utilisés pour aider les bénéficiaires de la réforme agraire à créer des entreprises viables.
Toutefois, ce programme reste axé sur des modèles traditionnels de systèmes de culture et d'élevage. Le consortium de chercheurs rassemblé par l'institut SANBI suggère que le programme de réforme agraire gagnerait à intégrer le paradigme des services écosystémiques pour aider à réduire les inégalités et accroître les avantages du transfert de terres de manière plus holistique (Clements et al. 2021). Le consortium de recherche travaille à intégrer le développement des entreprises du secteur de l'économie de la faune et de la flore dans le champ d'investissement du programme Recap.
Plus spécifiquement, le projet de recherche s’intéresse à l’économie de la faune (wildlife economy), qui peut être définie comme l’élevage et l’utilisation commerciale d’animaux sauvages pour la chasse, la vente de la viande de gibier, d’animaux vivants ou l’écotourisme. Cette activité économique peut constituer une interface entre conservation et agriculture mais, bien qu’ancrée depuis de nombreuses années en Afrique du Sud, elle demeure peu étudiée. Dès lors, les décideurs publics manquent de données sur le fonctionnement de cette économie de la faune ainsi que sur ses impacts socio-économiques et environnementaux.
Le développement de connaissances et d’outils d’aide à la décision sur cette économie de la faune, avec l’appui du programme de recherche Ecopronat, constitue donc une opportunité de meilleure gestion des terres agricoles et des écosystèmes naturels au profit des bénéficiaires du programme de réforme agraire. La méthodologie d’enquête et les enseignements en Afrique du Sud seront utilisés pour des échanges avec les autorités kenyanes, qui mènent également des études sur le rôle de l’économie de la faune sauvage dans ce pays.
Ce projet fait partie du programme de recherche Ecopronat, qui soutient des recherches en faveur d'une meilleure prise en compte et d'une plus grande intégration (mainstreaming) de la biodiversité dans des secteurs économiques-clés.
Objectif
Ce projet de recherche a pour objectif de soutenir, à long terme, l’élaboration de politiques agricoles durables en Afrique et le développement de la recherche sur l’économie de la faune en Afrique du Sud et au Kenya. A travers ses travaux, le consortium de chercheurs mobilisés vise à produire des connaissances et des outils pour enclencher une transition à grande échelle : passer d’une utilisation des terres qui dégrade les écosystèmes à des entreprises d’élevage d’animaux sauvages rentables qui restaurent le capital naturel, créent des emplois et catalysent les investissements pour étendre les domaines de conservation.
Pour cela, le projet vise à :
- Développer les connaissances fondamentales sur l’économie de la faune pour faciliter son intégration dans les politiques publiques agricoles et dans les politiques publiques de biodiversité (production de données sur les modèles d’exploitation, leur viabilité, les besoins en matière d’investissement et de développement des compétences, etc.) ;
- Co-produire des outils d’aide à la décision permettant aux acteurs locaux, entreprises et pouvoirs publics d’adapter leurs politiques et investissements et de créer un impact systémique ;
- Créer une communauté de pratiques régionale pour renforcer les capacités de recherche au Sud et le développement de l’économie des espèces sauvages. Deux étudiants de master sont notamment mobilisés sur ce projet, mené par SANBI en partenariat notamment avec les universités sud-africaines de Rhodes, Stellenbosch et Nelson Mandela.
Méthode
Ce projet de recherche repose sur la construction participative de connaissances (à travers notamment des ateliers de formation) et le développement de méthodes d’enquête permettant de recueillir des données sociales, économiques et écologiques. Ces informations sont utilisées pour produire des outils d’aide à la décision par le biais d’analyses statistiques et de visualisation de données. Un outil de sélection géospatiale est notamment développé dans le cadre du projet afin d’identifier les actions et investissements à entreprendre.
La méthodologie consiste à collecter des données auprès des entreprises d'élevage d'animaux sauvages établies en Afrique du Sud et au Kenya, sur les contributions de l'industrie de la faune sauvage à la biodiversité, à la restauration des terres et au développement socio-économique. L’équipe convertira ces informations de manière à les rendre plus accessibles par le biais d'analyses statistiques et de visualisation des données, puis établira des outils d'aide à la décision pour aider les nouveaux agriculteurs émergents à créer des entreprises dans l'économie de la faune et de la flore sauvages et à étendre ainsi le domaine de l'élevage de la faune et de la flore sauvages.
Résultats
L’équipe de recherche a publié des articles scientifiques sur le fonctionnement de l’économie de la faune et sur ses impacts socio-économiques et environnementaux :
- Clements, H.S., Child, M.F., Lindeque, L. et al. Lessons from COVID-19 for wildlife ranching in a changing world, Nature Sustainability 5, 1040–1048 (2022).
- Denner, C., Clements, H. S., Child, M. F., & De Vos, A. (2024). The diverse socioeconomic contributions of wildlife ranching, Conservation Science and Practice, 6(7), e13166.
Elle a travaillé avec l’administration publique pour que ces informations puissent être utilisées par les acteurs locaux. Leurs données, issues d’enquêtes auprès d’un échantillon représentatifs d’exploitants de faune sauvage, ont alimenté les fiches d’information sur l'économie de la faune sauvage mises en ligne par le Département de l'environnement, des forêts et de la pêche d'Afrique du Sud (DFFE), accessibles sur la plateforme Biodiversity Sector Investment. Celle-ci vise à informer les citoyens et investisseurs sud-africains qui souhaitent se lancer dans ce type d’activité.
Les travaux de recherche ont aussi contribué à éclairer la prise de décision au niveau local, en lien avec la révision de la nouvelle stratégie nationale pour une économie fondée sur la biodiversité (National Biodiversity Economy Strategy) et les débats qu’elle suscite concernant l’exploitation de la biodiversité à des fins économiques.
Enfin, l’équipe a vulgarisé ses résultats dans The Conversation Africa, en analysant comment différents modèles d’exploitation de la faune peuvent contribuer au développement local et à l’inclusion des populations défavorisées.
Enseignements
Le projet de recherche a débouché sur plusieurs grands enseignements :
Les chercheurs montrent que les activités d’exploitation de la faune sauvage contribuent à des paysages plus riches en biodiversité en citant une série d’articles scientifiques évaluant les effets de ces activités en Afrique du Sud (ou d’autres pays d’Afrique australe). Certains de ces articles (listés ci-dessous) montrent, par exemple, que des activités d’exploitation de la faune sauvage présentent des densités d’animaux sauvages par hectare supérieurs à ceux que l’on trouve sur des territoires où se développent des activités d’agriculture et d’élevage conventionnelle.
- Shumba, T., De Vos, A., Biggs, R., Esler, K. J., Ament, J. M., & Clements, H. S. (2020). Effectiveness of private land conservation areas in maintaining natural land cover and biodiversity intactness. Global Ecology and Conservation, 22, e00935.
- Taylor, W. A., Child, M. F., Lindsey, P. A., Nicholson, S. K., Relton, C., & Davies-Mostert, H. T. (2021). South Africa’s private wildlife ranches protect globally significant populations of wild ungulates. Biodiversity and Conservation, 30(13), 4111-4135.
- Saayman, M., van der Merwe, P., & Saayman, A. (2018). The economic impact of trophy hunting in the South African wildlife industry. Global Ecology and Conservation, 16, e00510.
- Lindsey, P. A., Romanach, S. S., & Davies‐Mostert, H. T. (2009). The importance of conservancies for enhancing the value of game ranch land for large mammal conservation in southern Africa. Journal of Zoology, 277(2), 99-105.
L’équipe de recherche a identifié en Afrique du Sud six grands modèles économiques pour les ranchs exploitant la faune sauvage et s’est intéressée à la contribution de chaque modèle à l’emploi, à leur rentabilité et à leurs impacts socio-économiques :
- Trois modèles spécialisés : l’écotourisme ; la chasse au trophée ; l’élevage de faune sauvage ;
- Trois modèles mixtes : chasse mixte (chasse de gibier pour la consommation et chasse au trophée) ; élevage de faune sauvage et agriculture ; chasse au trophée et production de viande de gibier.
Globalement, les modèles spécialisés (en particulier chasse aux trophées et écotourisme) sont plus rentables et génèrent davantage d’emplois de qualité que les modèles mixtes ou axés sur la production (chasse de gibier, vente de gibier) :
- Du point de vue de l’emploi : les ranchs d'écotourisme emploient plus de personnes au total et par hectare, ainsi qu’une plus grande proportion de femmes et d'employés qualifiés, par rapport aux autres modèles d'élevage et à l'agriculture conventionnelle. Ceux de chasse au trophée arrive en seconde position (par hectare), bien qu'en moyenne, un tiers de ces emplois soient saisonniers. La chasse aux trophées et les modèles mixtes offrent également de nombreux avantages non salariaux aux employés.
- Du point de vue de la rentabilité : ce sont les modèles spécialisés en chasse aux trophées qui sont les plus rentables (marge bénéficiaire médiane = 33%).
Les modèles spécialisés en élevage sont moins performants que les deux autres modèles spécialisés, tant du point de vue de la rentabilité que de la contribution à l’emploi.
En revanche, les modèles spécialisés se sont montrés très peu résilients (notamment lors de la crise du Covid-19) tandis que les modèles mixtes, certes moins rentables se sont montrés beaucoup plus résilients. La volatilité du secteur de la chasse et du tourisme souligne la nécessité d’études à long terme et de politiques adaptées.
De façon générale, les ranchs spécialisés sur l’écotourisme et la chasse au trophée irriguent l’économie locale :
- Ayant des coûts d’exploitation élevés, ils achètent plus de biens et de services (que les modèles moins spécialisés) et génèrent plus d’activité autour d’eux en faisant travailler plus d’acteurs locaux.
- Les modèles spécialisés, notamment l’écotourisme, emploient plus de femmes et offrent de meilleurs salaires que l’agriculture conventionnelle. Les chercheurs sud-africains soulignent le potentiel des ranchs spécialisés pour promouvoir l’emploi des femmes et répondre aux objectifs de développement durable en matière d’équité. Par exemple, dans les ranchs axés sur l’écotourisme, plus de 2 employés sur 5 sont des femmes.
- Contrairement aux critiques sur la précarité de ces emplois, la majorité des postes sont permanents, sauf dans la chasse aux trophées, où ils sont saisonniers. En ce sens, des salaires plus élevés et une baisse de la saisonnalité de l’emploi entraînent une baisse de la précarité favorable à l’économie.
Cependant, les modèles spécialisés nécessitent de vastes terrains et des infrastructures coûteuses, ce qui constitue une barrière à l’entrée des populations sud-africaines défavorisées. A l'inverse, les modèles mixtes, plus accessibles, pourraient favoriser une meilleure inclusion sociale et des populations historiquement défavorisées dans ce secteur tout en créant des paysages plus riches en biodiversité que ceux créés par des activités d’élevage ou d’agriculture conventionnelle.
Les chercheurs recommandent de prendre en compte la diversité des modèles économiques pour mieux intégrer les activités tirant parties de l’exploitation de la faune sauvage dans les politiques de conservation et de développement économique.
Papiers de recherche

Contexte
Les acteurs publics ont besoin de suivre l’état de l’environnement afin d’évaluer l’efficacité de leurs actions, de prioriser des politiques et des mesures de gestion et d’établir ainsi de manière objective leur contribution à la conservation du capital naturel. Ils doivent pour cela pouvoir s’appuyer sur des standards scientifiques leur permettant de définir les seuils à partir desquels les fonctions environnementales peuvent être considérées comme soutenables. C'est l'objectif du cadre ESGAP (Environmental Sustainability Gap), un outil innovant qui évalue l’état des fonctions environnementales d’un territoire et de leur niveau de soutenabilité.
Comment fonctionne l'ESGAP ?
Pour toutes les composantes critiques du capital naturel sur le territoire concerné (qualité de l’air ou des eaux, pollutions, ressources forestières, halieutiques, etc.), cet indicateur calcule l'écart entre leur état actuel et un état qui serait soutenable (c'est-à-dire un état compatible avec un fonctionnement durable des processus nécessaires à la préservation de la vie, des activités humaines et du bien-être). Cela permet de calculer un « écart de soutenabilité environnementale », qui met en lumière le chemin à parcourir pour atteindre le stade de soutenabilité environnementale.
Cela peut ensuite servir de guide aux politiques publiques pour estimer et préserver les fonctions critiques du capital naturel d’un territoire donné. L’ESGAP a déjà été testé en Nouvelle-Calédonie, au Kenya et au Vietnam.
Ce projet s'inscrit dans le cadre du programme de recherche ECOPRONAT, à travers lequel l'AFD souhaite développer des méthodologies de d’évaluation de soutenabilité forte, c’est-à-dire adoptant des critères exigeants concernant la non-substituabilité du capital naturel par d’autres formes de capital (physique entre autres) dans un territoire ou un pays. L’AFD souhaite par ailleurs promouvoir leur utilisation dans les cadres internationaux et contribuer aux normes internationales en cours d’émergence sur le bon état écologique des écosystèmes.
Objectif
Le pilote ESGAP mené récemment au Vietnam a permis de mesurer l’état des fonctions environnementales de ce pays. Il a notamment identifié les ressources halieutiques, l’érosion des sols, la pollution de l’air et de l’eau comme étant les dimensions les plus dégradées.
Or, certaines activités économiques peuvent être à l’origine de pressions sur ces différentes fonctions environnementales, tandis que d’autres activités dépendent de leur bon fonctionnement. Pour aller plus loin, il est apparu nécessaire de développer le cadre ESGAP afin d’intégrer ces liens entre nature et économie et d’identifier quelles sont les activités humaines concernées.
Pour cela, l’équipe de recherche va tenter de relier les mesures ESGAP aux activités socio-économiques et de construire un ESGAP monétaire. Le but sera d’évaluer les risques physiques liés à certaines activités économiques sur la base de scénarios de pressions sur l’environnement (comme la rupture d’approvisionnement de certains services environnementaux essentiels, par exemple dans l’agriculture). Le développement de ces nouvelles applications du cadre ESGAP ont pour objectif de guider les décideurs politiques dans la conception de trajectoires de développement plus durables.
Méthode
Le projet de recherche est construit en deux étapes :
- Construction d'un ESGAP « monétaire » qui mesure le coût (exprimé en unités monétaires) nécessaire pour atteindre un état environnemental durable. Ce coût est considéré comme une dette écologique non payée, car il correspond au coût de la mise en œuvre de mesures efficaces que la société devrait dépenser pour atteindre un bon niveau environnemental. Il sera calculé comme un coût d’abattement, c'est-à-dire les dépenses nécessaires pour que les activités humaines au Vietnam (par exemple les activités de production et de consommation) réduisent les pressions sur l'environnement à un niveau qui n'entraîne pas de dégradation du capital naturel (ou à un niveau acceptable, si l'on considère les standards de bons états visés par l’ESGAP).
- Utilisation du cadre de modélisation développé dans la première phase pour évaluer comment différentes politiques publiques peuvent améliorer la durabilité environnementale du Vietnam en 2035 et atténuer les risques économiques liés à la perte du capital naturel du pays. D’abord, l'équipe élaborera des scénarios prospectifs afin de déterminer quelles interventions peuvent améliorer l'état écologique du Vietnam. Dans un second temps, elle évaluera dans quelle mesure les risques économiques liés à la biodiversité (en raison de la dépendance de l'économie vietnamienne à l'égard des services rendus par les écosystèmes) peuvent être atténués grâce à ces interventions.
Cette étude étant considérée comme une recherche expérimentale, les différents éléments exposés dans la proposition de recherche et les résultats intermédiaires pourront être ajustés tout au long de l’étude en fonction de différents facteurs – tels que l'accès aux données, la qualité des données, les difficultés à mettre en œuvre certains aspects de la méthodologie, ou encore des résultats non robustes ou trompeurs.
Résultats
L'équipe produira une synthèse de l'étude qui pourra être utilisée comme document de travail à des fins de communication. Le livrable final exposera la méthodologie, la base de données utilisée et les principaux résultats de l'ESGAP monétaire appliqué au Vietnam et la méthodologie d'évaluation du risque physique pour l'économie vietnamienne. Ce livrable final explorera illustrera l'intérêt de l'ESGAP pour la mise en œuvre de politiques publiques visant à atteindre un bon état des conditions environnementales et les voies de recherche futures pour relier les mesures ESGAP aux activités socio-économiques.

Contexte
Les relations entre la crise de la biodiversité et l’agriculture sont complexes. D’une part, l’expansion des systèmes agricoles et les pratiques agricoles conventionnelles menacent la biodiversité ; d’autre part, la production agricole est dépendante de cette biodiversité et des services écosystémiques qu’elle fournit.
Au Mozambique, les tensions entre objectifs de réduction de la pauvreté et de protection de la biodiversité sont fortes. L’extension des petites exploitations agricoles conduit à une fragmentation des écosystèmes naturels et représente l’une des principales sources de destruction de la biodiversité pour le pays. L’une des réponses apportées par le Mozambique à cette fragmentation est d'économiser le défrichage de nouvelles terres par le biais d’une utilisation plus intensive d’intrants, en séparant clairement les terres destinées à la protection de la nature et celles destinées à l’agriculture productive.
La conciliation du développement agricole et de la conservation par l’utilisation de techniques agricoles respectueuses de la biodiversité s’avère aujourd’hui essentielle pour assurer la durabilité des systèmes agricoles et sécuriser l’approvisionnement alimentaire de la population.
Ce projet fait partie du programme de recherche ECOPRONAT, qui soutient des recherches sur une meilleure prise en compte et une plus grande intégration (mainstreaming) de la biodiversité dans des secteurs économiques-clés.
Objectif
Le projet FARSYMABI (A Farming System approach to Mainstream Biodiversity in the agricultural sector) vise à comprendre les compromis possibles et les complémentarités entre réduction de la pauvreté, sécurité alimentaire et biodiversité dans les contextes des pays en développement, où l’expansion des terres cultivées constitue une menace majeure pour la biodiversité. Ce travail permettra de comprendre comment les unités paysagères et communautaires locales fonctionnent, de quelles façons elles ont un impact sur la biodiversité et ses services écosystémiques et comment elles en tirent profit.
Cette connaissance des systèmes permettra d'identifier les leviers pour intégrer la biodiversité dans le secteur agricole. Ce projet vise en effet également à démontrer la nécessité de faire le lien entre le cadre politique national pour l’intégration de la biodiversité dans l’agriculture et le contexte socio-écologique des interventions locales réussies.
Le projet mobilise une équipe pluridisciplinaire de dix chercheurs portugais et mozambicains : deux chercheurs de l’Observatoire du milieu rural (OMR), deux de l’université Eduardo Mondlane, un de l’université Lúrio et cinq de l’Institut supérieur d’agronomie de Lisbonne (dont un doctorant). Par ailleurs, dix-huit personnes (chercheurs et étudiants) sont impliquées dans les activités de collecte de données.
Méthode
L’approche méthodologique se divise en trois étapes :
- Priorités, analyse et cartographie au niveau national : l'objectif est de dresser un tableau général, au niveau national, des effets des systèmes agricoles sur la réduction de la pauvreté, la sécurité alimentaire et la conservation de la biodiversité; ainsi que de mieux comprendre les conflits et les complémentarités entre ces trois objectifs.
- Priorités, analyse et recherche sur des interventions locales, prenant en considération le contexte : cinq études de cas réalisées au niveau local couvrent les principaux gradients socio-écologiques du Mozambique qui devraient être pris en compte dans l’élaboration d’une stratégie nationale intégrant la biodiversité dans les politiques agricoles.
- Lien entre les initiatives locales et le cadre national pour l’intégration de la biodiversité dans l’agriculture : cette étape vise à croiser les résultats de la première et de la deuxième étape, afin d'aider à intégrer la biodiversité aux politiques agricoles en prenant en compte les relations conflictuelles et les complémentarités entre les objectifs de pauvreté, de sécurité alimentaire et de biodiversité.
Ce projet de recherche mobilise des disciplines scientifiques de manière transdisciplinaire, telles que la socio-économie de l’agriculture, l’écologie, l’agronomie ou encore les sciences de la durabilité. Les travaux se traduisent notamment par la production d’une cartographie des régions caractérisées par des conditions biophysiques et socio-économiques similaires (composition des systèmes agricoles, mosaïques de paysage, niveaux de pauvreté, d'insécurité alimentaire et de biodiversité, etc.).
Les parties prenantes (décideurs et contributeurs aux politiques publiques au niveau central, organisation paysannes, organisations de protection de l’environnement, acteurs locaux) sont de plus mobilisées tout au long du travail de recherche et leurs connaissances, perceptions et préférences intégrées aux analyses produites. Cette implication des parties prenantes a pour finalité la co-construction des politiques d’intégration de la biodiversité dans l’agriculture.
Résultats
Les principaux résultats attendus de ce projet sont les suivants :
- Production d’un policy paper présentant le cadre de référence régional et les lignes directrices pour l’intégration de la biodiversité dans chaque région ;
- Evaluation de la transférabilité des cas de réussite locale dans et entre les régions ;
- Identification des conditions politiques au niveau national permettant la mise en œuvre d’interventions locales ;
- Evaluation comparative de différents outils d'action publique ;
- Elaboration d’un outil de simulation basé sur les systèmes agricoles qui permettra aux décideurs politiques d’évaluer ex ante les impacts des politiques alternatives sur les objectifs de réduction de la pauvreté, d’augmentation de la sécurité alimentaire et d’amélioration de la biodiversité et des services écosystémiques.
Télécharger la publication de l'OMR : Le mainstreaming de la biodiversité, un défi pour la conservation de la biodiversité au Mozambique (disponible aussi en portugais)
Enseignements
La production des données cartographiques à l’échelle locale permet d’alimenter l’élaboration des politiques publiques agricoles et d’aménagement du territoire à l’échelle nationale. De plus, le croisement de ces données locales avec des démarches participatives (organisation notamment d’ateliers avec les producteurs et mise en commun des options de politiques publiques) contribue à l’élaboration de politiques plus transversales.
Le projet a contribué à la formation de jeunes étudiants et de techniciens locaux concernant la réalisation d’enquêtes à l’aide de tablettes et l’utilisation du programme Open Data Kit. Le projet a aussi contribué à l’échange de connaissances entre les chercheurs membres du projet et les guides de terrain concernant l’identification des oiseaux et des espèces végétales.
En savoir plus sur les résultats du projet de recherche : farsymabi.webnode.pt
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Contexte
Selon un rapport de l’OCDE de 2021, les deux tiers des villes africaines sont exposés à un risque « extrême » de chocs liés au climat et à l’eau. Les événements climatiques violents, les vagues de chaleurs et les sécheresses figurent ainsi en tête des risques encourus par les zones urbaines. L’urbanisation rapide, le développement non durable et la dégradation des écosystèmes naturels exacerbent ces risques.
Les solutions fondées sur la nature (SFN), actions qui s’appuient sur les écosystèmes naturels et les services qu’ils fournissent aux activités humaines, permettent de relever ces défis urbains, tout en apportant simultanément des avantages en termes de bien-être humain et de biodiversité. Toutefois, elles ne sont encore que peu intégrées dans les processus de planification urbaine et dans les outils d’aide à la décision à disposition des urbanistes. Le manque de connaissances, de données et d’expérimentations sur les solutions fondées sur la nature freinent donc leur adoption et leur déploiement.
Ce projet fait partie du programme de recherche ECOPRONAT, qui soutient des recherches sur une meilleure prise en compte et une plus grande intégration (mainstreaming) de la biodiversité dans des secteurs économiques-clés.
Objectif
L’objectif de ce projet de recherche est de permettre, à travers la construction d’un cadre stratégique, le déploiement et le passage à l’échelle des solutions fondées sur la nature (SFN), en particulier pour faire face aux risques liés à l’eau et à la chaleur. L’enjeu est d’améliorer la résilience écologique des villes en les aidant à identifier les risques auxquels elles doivent se préparer, à évaluer le potentiel des SFN pour y répondre et à élaborer des stratégies de mise en œuvre et de financement de ces SFN dans le cadre du processus de planification urbaine.
Une méthodologie d’évaluation du potentiel lié aux SFN, à la fois rapide, efficace et pratique, sera ainsi mise à disposition des villes d’Addis-Abeba et de Kigali, qui sont les deux villes pilotes de ce projet de recherche. Le projet est mené par WRI, en partenariat avec le service de développement urbain d’Addis-Abeba, l’Institut éthiopien d’architecture et l’Association des jeunes professionnels de l’eau du Rwanda. Cette méthodologie a vocation à être adoptée par d’autres centres urbains pour permettre une plus large appropriation et mobilisation des SFN en ville.
Méthode
La construction de ce cadre stratégique pour les SFN présente plusieurs points d’intérêt sur le plan méthodologique :
- Identification des risques d’inondation, d’îlots de chaleur, d’approvisionnement en eau et du potentiel de biodiversité des villes par la production de cartes composites et la mobilisation de données satellites ;
- Construction participative du cadre stratégique via des ateliers de travail avec les parties prenantes des deux villes pour valider les zones prioritaires d’intervention et identifier les SFN les plus adaptées aux problématiques de chaque zone.
Résultats
Développé par l'équipe de recherche de WRI en collaboration avec les villes d'Addis-Abeba et de Kigali, le cadre stratégique sur les solutions fondées sur la nature (SFN) peut aider les villes à sélectionner et à mettre en œuvre des SFN appropriées. En intégrant des ensembles de données disponibles à l'échelle mondiale avec des données locales, il permet d'identifier les zones d'une ville donnée qui sont vulnérables aux inondations et aux chaleurs extrêmes, ainsi que les possibilités d'étendre les espaces verts urbains et de créer des corridors écologiques.
Pour une mise en œuvre réussie, la collaboration entre les autorités publiques, les experts techniques et les responsables locaux est essentielle. Ce cadre permet de générer rapidement des cartes à l'échelle de la ville afin d'identifier les zones prioritaires. Après validation par les parties prenantes de la ville, les experts de terrain jouent alors un rôle essentiel dans la conception de SFN efficaces, adaptés aux conditions locales.
Bien qu'il présente des limites au niveau du détail des données, le cadre constitue un point de départ solide pour construire des villes durables. Un guide complémentaire fournit des informations techniques sur les SFN utilisables, ainsi que des études de cas. Ce guide associé au cadre stratégique est téléchargeable ci-dessous (en anglais) :
Un webinaire de la série Conversations de recherche a été organisé pour présenter les résultats du projet et le projet a débouché sur une série d'enseignements, synthétisés dans un policy brief accessible ci-dessous.
Enseignements
Le projet de recherche a débouché sur une série d’enseignements pour faciliter le déploiement des solutions fondées sur la nature (SFN), prenant en compte les besoins spécifiques des villes. Ces enseignements mettent en lumière le potentiel de la nature dans la planification de la résilience urbaine et l’action climatique :
- Pour renforcer la sensibilisation et l’intégration institutionnelle :
- Mettre en place des processus multi-acteurs pour favoriser la concertation et la priorisation des SFN identifiées.
- S’appuyer sur des exemples concrets pour faciliter la compréhension et l’adhésion.
- Pour améliorer la disponibilité des données pour la planification :
- Croiser données locales et globales pour procéder à des analyses multirisques (inondations, îlots de chaleur, etc.).
- Encourager la science citoyenne pour enrichir et valider les données, et les prendre en compte dans la prise de décision.
- Pour mieux coordonner les phases de planification et de mise en œuvre :
- Créer des instances de gouvernance dédiées (comme un comité municipal) pour coordonner les multiples services techniques impliqués et mobiliser les financements.
- Élaborer des référentiels communs (normes, guides…) pour renforcer le soutien politique et citoyen.
- Pour sécuriser des financements sur le long terme :
- Intégrer les SFN dans les programmes d’investissement urbains existants.
- Promouvoir les partenariats public-privé et utiliser des cadres d’évaluation multi-bénéfices pour démontrer leur valeur sur le long terme.
- Pour adapter les solutions au contexte local et assurer le suivi :
- Lancer des projets pilotes avec des dispositifs de suivi pour évaluer les impacts concrets.
- Intégrer les dimensions de genre, d’équité et d’inclusion dès la phase de sélection d’une SfN.
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Contexte
L’Amérique latine est la deuxième région la plus urbanisée de la planète, 81% de sa population y étant concentrée. Cette forte urbanisation, sa rapide progression et la faiblesse des politiques de planification urbaine affectent des zones à haute valeur écologique et environnementale. Pourtant, les écosystèmes naturels peuvent être source de solutions pour les acteurs de la conception et de l’aménagement urbain, en particulier pour répondre aux risques générés ou exacerbés par le changement climatique.
Comprendre les solutions fondées sur la nature (SFN), étudier leurs conditions de mises en œuvre et analyser leur intégration dans les politiques publiques s’avère donc nécessaire pour garantir l’habitabilité des villes à long terme. Si les SFN et infrastructures vertes sont encore récentes dans le paysage urbain, des initiatives sont déployées depuis plusieurs années et constituent une source de données privilégiée à exploiter.
Ce projet fait partie du programme de recherche ECOPRONAT, qui soutient des travaux de recherche sur une meilleure prise en compte et une plus grande intégration (mainstreaming) de la biodiversité dans des secteurs économiques-clés.
Objectifs
Le projet ENSLAC (Enabling Nature based Solutions in Latin American Cities) vise à analyser les mécanismes qui permettent le passage à l’échelle de la mise en œuvre des SFN dans les villes d’Amérique latine, en s’appuyant sur 15 études de cas au Pérou, en Colombie et en Equateur. Cette démarche de recherche vise à :
- Analyser les enjeux de la restauration écologique pour la gestion des risques liés aux impacts du changement climatiques en milieu urbain ;
- Comprendre les leviers d’utilisation des SFN comme outil de planification et de développement du territoire urbain ;
- Identifier les processus temporels, techniques, culturels, politiques, sociaux, financiers et coopératifs qui ont permis la réalisation de projets à grande échelle basés sur les SFN ;
- Evaluer l’influence des stratégies et politiques nationales ou supranationales sur le développement des SFN ;
- Diffuser les connaissances acquises en privilégiant les formats et canaux pouvant être utilisés pour la formation professionnelle des acteurs du développement.
Pour cela, Yes Innovation, entreprise basée à Quito en Equateur, travaille de concert avec l’Institut Humboldt pour la recherche sur les ressources biologiques, institution liée au ministère de l’Environnement de Colombie, et Periferia Territorios Vivos, organisation péruvienne spécialisée dans l’urbanisme avec une approche écologique.
Méthode
Ce projet de recherche mobilise deux outils d’analyse (en fonction des études de cas et des données de terrain disponibles) :
- Analyse temporelle et spatiale connue sous le nom de BA/CI, qui fait référence à une analyse Avant/Après et Conservation/Intervention.
- Analyse comparative entre les études de cas sur les SFN et des cas référents de caractéristiques comparables mais sans mise en œuvre de SFN.
Résultats
Ce projet de recherche vise à :
- Comprendre les mécanismes qui permettent le passage à l’échelle des solutions fondées sur la nature comme outil de planification urbaine et péri-urbaine ;
- Identifier des leviers de réplicabilité des ces SFN pour les villes d’Amérique latine ;
- Produire des supports de formation à destination des acteurs du développement urbain.
Un webinaire de la série Conversations de recherche, disponible en replay, a permis de présenter les résultats du projet de recherche.
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