
Contexte
En Argentine, le développement de l’économie des plateformes est un phénomène récent mais en expansion rapide. La grave crise économique déclenchée à la fin de la dernière décennie, renforcée par la Covid-19, a contribué à déstabiliser les relations de travail dans un environnement où l’informalité est répandue et où les inégalités de genre se reproduisent dans les différents secteurs d'activité. De plus, le fort taux d'accès à Internet (qui fait partie des plus élevés d'Amérique latine), combiné à la dégradation des principaux indicateurs du marché du travail, ont créé un environnement favorable à l’expansion de cette forme de travail.
Objectif
Ce projet de recherche, mené en partenariat entre l’AFD et le département d'Economie de l’Université nationale General Sarmiento (UNGS), visait à collecter des données primaires, qualitatives et quantitatives, sur les plateformes numériques de travail dans la zone métropolitaine de Buenos Aires. Pour cela, le projet s'est penché sur un certain nombre de métiers s'appuyant sur des applications numériques dans le secteur des services : travail ménager, réparations à domicile, transport privé de passagers et services de livraison.
Le projet cherchait à analyser différents aspects de ces métiers, en s'intéressant tout d'abord aux caractéristiques des travailleurs qui s’y engagent, à leurs conditions de travail et à leurs perceptions de ce type d'activité. Il a également analysé les niveaux de flexibilité et/ou de contrôle imposés par ces plateformes, examinant leur articulation avec la réglementation du travail existante et ce que cela implique en termes de conditions de travail.
Enfin, le travail de recherche visait à identifier les opportunités et les défis que pose ce type d'activité pour l'entrée et le maintien dans l'emploi des travailleurs. Il a accordé une attention particulière à la question du genre, et à la façon dont celui-ci pouvait être un facteur limitant de l'activité professionnelle pour les métiers concernés.
A lire : Les conductrices Uber en Argentine face aux inégalités de genre
Méthode
Le projet a utilisé une approche mixte, ce qui a permis d'obtenir des données qualitatives et quantitatives :
- Pendant la première phase, l'équipe de recherche a mené une série d’entretiens, individuels et collectifs, avec les travailleurs de chaque groupe professionnel, et ce pour examiner de façon approfondie les différents aspects de leur travail via les plateformes.
- Pendant la seconde phase, et en s'appuyant sur les données qualitatives précédemment collectées, une enquête quantitative a été conçue pour recueillir des données sur les travailleurs concernés, et ainsi renforcer les connaissances sur leur expérience sur les plateformes. L’enquête s'est appuyée sur un échantillonnage non probabiliste avec des quotas de genre par plateforme, afin d'assurer la comparabilité entre les professions et les groupes démographiques. De plus, grâce à une collaboration avec le bureau de l’OIT en Argentine, les données ont été examinées conjointement avec un ensemble de données existant produit par l’OIT.
Résultats
Cette collaboration a mené à la production de plusieurs articles et présentations, dont cinq papiers de recherche publiés aux Editions AFD et disponibles en libre accès :
- Le premier papier de recherche examine dans quelle mesure le travail sur des plateformes numériques, pour trois professions, contribue à augmenter le nombre de travailleurs inscrits au registre du travail, dans une économie marquée par une forte informalité.
- Le deuxième papier de recherche explore les défis de la réglementation du travail des travailleurs de plateforme, en se concentrant sur le cas de la livraison à domicile.
- Le troisième papier de recherche examine comment la digitalisation des relations de travail a affecté les travailleuses domestiques argentines pendant la phase la plus sévère de la pandémie de Covid-19.
- Le quatrième papier de recherche s'intéresse aux inégalités de genre dans le cas du travail de livraison à domicile et de transport de passagers via des plateformes.
- Le dernier papier de recherche examine plus en profondeur les trajectoires professionnelles des femmes conductrices de Uber.
Un webinaire du cycle « Conversation de recherche » a été organisé en mai 2022 pour partager les conclusions de ces études. Il est accessible en replay ci-dessous.
Contacto:
- Dr Francisca Pereyra, profesora adjunta, Área de Economía del Instituto de Ciencias, Universidad Nacional de General Sarmiento (UNGS)
- Dr Cecilia Poggi, investigadora, AFD
Contact :
- Dr Francisca Pereyra, professeure adjointe au département d'Economie de l'Institut des sciences de l'Universidad Nacional de General Sarmiento (UNGS)
- Dr Cecilia Poggi, chargée de recherche à l'AFD

Contexte
L’embellie économique dont la Côte d’Ivoire a bénéficié depuis les années 2010 a eu un impact limité sur l’emploi. En effet, la transition vers l’emploi est souvent difficile : 35% des 16-35 ans sont éloignés du marché du travail (ni employés, ni scolarisés ou en formation). De plus, la part de l’emploi informel reste très élevée (89,4% en 2019). Dans ce contexte, du fait de la croissance démographique, 300 000 jeunes diplômés rejoignent chaque année le marché de l’emploi – et un nombre équivalent sort du système éducatif sans diplôme, et sans perspectives. L’inadéquation compétence-emploi serait l'une des explications des difficultés d’insertion des jeunes sur le marché du travail.
Or, ces jeunes portent des opportunités de développement économique et social, mais aussi des risques si leur potentiel n’est pas utilisé. La croissance de la population rend impérative la compréhension des évolutions de l’offre et de la demande de main d’œuvre, pour pouvoir adapter le système d’éducation et d’apprentissage aux besoins du marché du travail local.
Objectif
Le projet de recherche a pour objectif d’analyser l’offre et la demande de compétences à Bouaké, Daloa, San-Pedro et Korhogo, quatre villes secondaires de Côte d’Ivoire au potentiel économique fort mais encore peu exploité. La ville d’Abidjan, sur laquelle se focalise la majorité des études relatives à la Côte d’Ivoire, n'est pas été traitée spécifiquement par cette recherche, mais elle reste le cas « de référence » pour l’analyse des situations des villes secondaires.
Approfondissant les résultats d’un précédent projet de recherche sur l’inadéquation entre compétences et emplois en Côte d’Ivoire, ce projet vise à enrichir les connaissances nationales sur le fonctionnement du marché du travail et la nature des goulets d’étranglement qui rendent difficile la transition vers l’emploi pour les jeunes, ainsi qu'à formuler des recommandations visant à favoriser l’emploi et l’attractivité des villes étudiées.
Enfin, le projet comprend des activités de renforcement des capacités visant plus spécifiquement les jeunes chercheurs du CREMIDE, afin de les appuyer dans l’élaboration de leurs travaux de recherche et de favoriser la mise en place de partenariats scientifiques à travers leur participation à des conférences internationales, ateliers et séminaires de formations, et via des séjours dans des centres de recherches spécialisés.
Méthode
L’étude inclura un examen approfondi de la structure et de la composition (démographie, formation et compétences) de la main-d'œuvre locale, et des inégalités spatiales d’offre et de demande de compétences. Une évaluation sexo-spécifique de l’offre de compétences locale sera aussi réalisée, ainsi qu’une analyse prospective de l’impact des évolutions technologiques sur le marché de l’emploi dans ces villes.
Les données utilisées proviendront à la fois des enquêtes emploi disponibles depuis 1993 et d’enquêtes de terrain menées au cours de ce projet. L’analyse incorporera un aspect prospectif visant à appréhender les emplois en Côte d’Ivoire à l’horizon 2025 et 2030.
Les connaissances seront partagées avec les milieux de la recherche et mises à disposition des décideurs nationaux et locaux à travers des ateliers, conférences et publications dans des formats adaptés, afin d’informer la décision publique.
Contact
- Linda Zanfini, chargée de recherche à l'AFD