discutés en décembre 2022 à Lomé (Togo) autour de la préparation du projet de structuration de la filière aval à Conakry (Guinée)
- Comment organiser un service public durable de la gestion des déchets à l’échelle d’une grande métropole africaine ?
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Echanges sur les enjeux de la structuration d’une filière de gestion des déchets solides dans une grande métropole d’Afrique de l’Ouest, une mission appuyée par CICLIA
Une délégation guinéenne, composée de représentants du Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD), de l’Agence Nationale de l’Assainissement (ANASP) et des communes du Grand Conakry (élus et techniciens), s’est rendue à Lomé pour alimenter sa réflexion stratégique à l’aide d’échanges avec ses homologues togolais.
discutés en décembre 2022 à Lomé (Togo) autour de la préparation du projet de structuration de la filière aval à Conakry (Guinée)
Les différentes phases du PEUL (volets I, II III, IV) ont permis de la construction et l’exploitation d’un Centre d’Enfouissement Technique (CET) mais également d’accompagner la montée en compétences des acteurs publics et privés de la gestion des déchets solides. Les différentes phases ont par exemple permis l’optimisation du recouvrement et de la gestion de la fiscalité locale ou encore l’organisation des délégations de service public sur les différents maillons de la filière déchets (pré-collecte, transfert, enfouissement, valorisation).
Depuis 2020, l’Etat guinéen à travers le MATD (Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation), l’ANASP (Agence Nationale de l’Assainissement et de la Salubrité Publique) et les communes, et avec l’appui de ses partenaires techniques et financiers, développe une approche similaire à celle du Togo pour structurer l’ensemble de sa filière de gestion des déchets. Échanges d’informations, partage de bonne pratiques et visite sur site, retour sur un voyage riche d’enseignements pour le projet de structuration de la filière déchets à Conakry.
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Une filière de gestion des déchets solides optimisée est constituée de plusieurs étapes allant de la prise en charge des déchets jusqu’à leur valorisation ou leur élimination : pré-collecte, collecte, prétraitement (filière dite amont), transfert, traitement (filière dite aval), sont autant de maillons d’une chaîne parfois complexe.
Un service de gestion efficient prend en charge les déchets solides jusqu’à leur fin de vie et limite les impacts négatifs sur l’environnement, la santé et l’économie.
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C’est un voyage qui a permis de collecter beaucoup d’informations sur la gestion des déchets. Pré-collecte, transfert, enfouissement, valorisation, nous avons été impressionnés par la chaîne de gestion des déchets dans le Grand Lomé. On voit que chaque acteur joue son rôle. En conséquence la ville de Lomé est très propre.
Nous avons visité le Centre d’Enfouissement Technique de Lomé, une infrastructure similaire à celle que nous prévoyons de construire à Conakry. Nous avons pu apprécier la réalité de son fonctionnement.
Nous avons pu observer le fonctionnement d’un Centre d’Enfouissement Technique. J’ai pu constater qu’une bonne exploitation est nécessaire, avec un recouvrement des déchets régulier et une fermeture rapide des alvéoles. Sinon les lixiviats s’accumulent en grande quantité, en particulier en saison humide. En termes de conception, il faut également en tenir compte en termes de capacités de stockage des lixiviats. En termes d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre, il faut penser à récupérer le biogaz. Dans notre projet, il sera transformé en énergie. Ensuite il faut penser à couvrir le CET pour éviter le dégagement de gaz.
Il faut en moyenne entre 4 et 7 ans pour la mise en exploitation d’un nouveau CET.
Depuis la décision politique de création en passant par les procédures obligatoires comprenant des études techniques, environnementales, sociales et l’obtention des permis de construction et d’exploitation, la mise en exploitation d’un CET est un projet complexe au long cours. Ainsi, le CET de Lomé dont le projet dit PEUL (Projet Environnement Urbain de Lomé) a démarré en 2007, connaît en 2020/2021 sa quatrième phase avec un projet d’amélioration de ses performances énergétiques et environnementales (PEUL IV).
Définir le périmètre de la région concernée par le projet
Évaluer la qualité et a quantité de déchets à gérer sur toute la durée de vie du site
S’assurer de l’adéquation du site choisi à ce type d’infrastructure :
adéquation technique : une surface disponible suffisante pour une durée de vie de 10 à 20 ans minimum ;
une géologie et une hydrologie compatibles (terrain meuble et peu perméable, au-dessus du niveau des plus haute zone de nappe souterraine ou de surface, hors zone de faille, avec des pentes naturelles légères…) ;
adéquation environnementale : hors zone classée ou protégée ou d’intérêt particulier pour la biodiversité ;
adéquation sociale : avec une distance minimale des habitations, écoles, hôpitaux et des impacts sociaux maîtrisés ;
accessible : avec des routes d’accès adaptées à des véhicules lourds ;
adéquation foncière : disponibilité et maîtrise foncière d’un site facilement accessible depuis le principal centre de production des déchets.
En termes de financement de la filière, l’essentiel est assuré par l’Etat au Togo.
En Guinée également la gestion des déchets est une compétence transférée. Nous devons donc nous inspirer de ce que nous avons vu à Lomé pour favoriser une convergence de l’action de tous les acteurs de la filière déchets dans notre capitale.
Même si les populations doivent faire leur part en payant l’abonnement, le gouvernement doit être l’acteur principal du financement, en particulier sur l’aval de la filière (transfert-traitement). Il faut un réel engagement de l’Etat.
Le service public de gestion des déchets représente un coût pour la collectivité. Le budget municipal, qui repose en grande partie sur la contribution financière des citoyens, est d’autant plus difficile à consolider lorsque l’on a affaire à des quartiers précaires et des populations aux capacités financières restreintes.
Dans les pays d’intervention de l’AFD, le financement de la filière de gestion des déchets repose le plus souvent sur le budget général.
Au-delà des appuis techniques, il est donc nécessaire d’apporter aux contreparties un appui sur les aspects financiers et fiscaux. Ces actions sont indispensables pour assurer la pérennité du financement de la filière.
La gestion des déchets solides municipaux figure souvent parmi les principaux postes de dépenses des collectivités locales, représentant jusqu’à 30 % des budgets municipaux en Afrique subsaharienne. Pourtant, les moyens consacrés dans les villes des pays en développement restent très insuffisants pour faire face aux enjeux. Lorsque le service public de gestion des déchets a coûté aux collectivités françaises en moyenne 89 euros par habitant en 2012 selon l’ADEME, la ville de New Delhi n’y avait affecté que 7 dollars par habitant en 2010, et Bamako seulement 1 dollar4.
Par ailleurs, ces dépenses sont couramment abordées sous l’angle unique de la propreté de la ville, et donc concentrées sur les étapes visibles de collecte et de transport dans le but d’évacuer les déchets des rues. Le traitement des déchets solides est souvent relégué au bas de l’échelle des priorités des responsables publics, notamment en raison de difficultés intrinsèques aux projets. En effet, une installation de traitement nécessite un foncier souvent rare en milieu urbain ou périurbain, ce genre d’installation est peu populaire auprès des riverains (syndrome NIMBY : Not in My Backyard), les bénéfices d’une élimination efficace sont peu visibles, contrairement à ceux de l’enlèvement des ordures.
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La valorisation des échanges et rencontres entre pairs afin de partager les bonnes pratiques est essentielle pour identifier et diffuser les solutions les plus pertinentes face aux enjeux climatiques et sociétaux
Ce voyage d’étude s’inscrit dans le cadre de la phase préparatoire du projet de structuration de l’aval de la filière déchets solides de Conakry, projet bénéficiant d’un dispositif d’assistance à maîtrise d’ouvrage auprès des autorités guinéennes chargées de la gestion des déchets.
Pour obtenir des réponses adaptées aux contextes locaux, la délégation guinéenne a bénéficié des quinze années d’expérience commune entre la municipalité de Lomé, l’AFD et ses partenaires.
La diffusion des connaissances sur la gestion de la filière déchets à Lomé et le partage d’expériences entre États d’une même région doivent permettre de concevoir des réponses sur mesure et une approche progressive, adaptée au contexte local, gage de la pérennité du projet.
Ce voyage a été financé par la facilité CICLIA et mis en œuvre avec l’appui de l’Assistance technique à maîtrise d’ouvrage auprès de l’ANASP, réalisée par le cabinet Artelia.
L’agence de coopération belge (ENABEL) intervenant sur les activités amont de la filière, à travers les projets Sanita Villes Propres I et II mis en œuvre à Conakry sur financement UE, a co-organisé la mission d'échange et pris en charge la venue des représentants des communes.
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