Abidjan, Côte d'Ivoire
Abidjan
Côte d'Ivoire
- En savoir plus sur GEMMES Côte d'Ivoire : concevoir un outil de la transition énergétique soutenable

Contexte
Concevoir des politiques de développement en accord avec les principes de soutenabilité forte représente un enjeu complexe du fait des tensions pouvant exister entre différents Objectifs de développement durable (ODD). La volonté d’intégrer 42% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique ivoirien d’ici 2030 nécessite donc une réflexion sur les trajectoires soutenables de développement envisageables, un sujet au cœur du projet GEMMES Côte d’Ivoire.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de travaux de modélisation qui intègrent les dynamiques climatiques, tant adaptation que atténuation, dans les prévisions macroéconomiques, afin d’éclairer les choix de politiques publiques en la matière. L’AFD développe d’une part un modèle théorique général, et d’autre part des modèles nationaux appliqués à des cas concrets et adaptés aux caractéristiques de chaque pays, dont le modèle GEMMES Côte d’Ivoire.
Cette collaboration entre l’AFD, le ministère du Plan et du Développement de Côte d’Ivoire et Mines ParisTech est l’un des volets du mémorandum de dialogue stratégique, qui vise à développer les activités de recherche, leur diffusion, ainsi que leurs synergies avec les politiques publiques.
Objectif
Le projet GEMMES Côte d’Ivoire vise d’abord à mieux comprendre les interactions existant entre économie et aspects socio-écologiques : il s’intéresse aux impacts macroéconomiques de la transition énergétique ainsi que leur capacité à créer des conditions favorables à la réduction de la pauvreté.
L’une de ses spécificités est qu’il a pour but de favoriser le dialogue au sujet de la transition écologique entre monde de la recherche et décideurs politiques, tant à une échelle nationale qu’internationale. GEMMES Côte d’Ivoire aspire à proposer un outil facilitant la prise de décision politique proposant des trajectoires de transition en faveur du climat. Il pourrait alors permettre de fournir des éléments contribuant à la définition d’une stratégie de transition énergétique à l'horizon 2050, en accord avec les objectifs de la Côte d’Ivoire en matière de réduction de la pauvreté et de climat.
Plus largement, GEMMES Côte d’Ivoire participe à la consolidation du positionnement de l’AFD en tant qu’interlocuteur au sujet de la transition bas carbone et de la soutenabilité forte.
Méthode
GEMMES Côte d’Ivoire développe une approche multidimensionnelle et transdisciplinaire centrée sur les effets de la transition énergétique. Le projet repose sur des exercices de modélisations, à la fois technico-économiques du système énergétique telles que développées par Mines ParisTech, et macroéconomiques, élaborées par l’AFD et le think tank ivoirien CAPEC.
Le cadre méthodologique de GEMMES a été adapté pour répondre aux caractéristiques de l’économie ivoirienne. Une attention particulière a été apportée à la stabilité de la balance commerciale et la dette publique. Par ailleurs, le couplage entre le modèle énergétique et le modèle macroéconomique permet de percevoir les interactions entre les dynamiques de transition énergétique et la stabilité macro-financière. Ce couplage des deux modèles permet en outre de mettre en exergue les gains liés à une transition énergétique ambitieuse en termes de soutenabilité extérieure et en termes d’emplois.
Résultats
Trois scénarios quantifiant les effets macroéconomiques de la transition énergétique sur le long terme ont pu être établis. Il en résulte que le développement d’énergies renouvelables pourrait réduire le coût de production moyen de 20% selon certains scénarios, notamment par le biais d’un investissement accru dans le secteur des batteries solaires.
Le développement de ce secteur génèrerait par ailleurs des impacts socio-économiques positifs, concernant la croissance, l’emploi et la balance commerciale, tandis que l’augmentation de capacité de production de bioélectricité améliore le revenu de 4 millions de personnes en milieu rural. Cet environnement est alors plus favorable au déploiement de politiques spécifiques de lutte contre la pauvreté.
Enseignements
GEMMES Côte d’Ivoire permet d'envisager la transition énergétique non pas comme antinomique des objectifs de réduction de la pauvreté, mais bel et bien comme vectrice d’effets socio-économiques et environnementaux positifs.
L’importance accordée au dialogue entre mondes académique et politique, qui constitue l’une des spécificités de ce projet, en fait un moyen de promouvoir la soutenabilité forte auprès des décideurs politiques. GEMMES Côte d’Ivoire a ainsi fourni au gouvernement ivoirien des modèles mettant en évidence les opportunités et les contradictions au sein de la trajectoire du pays entre les différents choix énergétiques possibles, les accords environnementaux à prendre en compte et les conséquences financières de chaque scénario.
Contact :
- Antoine Godin, économiste à l'AFD, responsable de la cellule de modélisation macroéconomique GEMMES

Contexte
La recherche menée s’appuie sur deux enquêtes conduites par des universitaires de disciplines complémentaires (géographes, démographes, sociologues, juristes, économistes) dans neuf pays d’Afrique de l’Ouest : le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Tchad et le Sénégal. L’objectif était de rendre compte de la visibilité toujours plus grande des femmes dans la circulation migratoire et son orientation vers la sous-région ouest-africaine, à rebours de lieux communs courants soutenant que les flux migratoires africains sont principalement intercontinentaux et à dominante masculine.
Objectif
L’étude a visé à mieux comprendre les déterminants de ces mobilités transfrontalières féminines : quel est le poids des traditions et des ancrages historiques, en particulier la colonisation ? Ces mobilités sont-elles un phénomène nouveau ? Que dit-il des transformations contemporaines des sociétés? Quels sont les risques qu’elles représentent et les solutions pour les prévenir ? Quelles mesures de protection pour les femmes ? Quels outils et structures appropriés d’accompagnement ?
De plus, l’étude a permis de dessiner des perspectives sociales, économiques et juridiques qui alimenteront les réflexions de politiques publiques (marché du travail, politiques migratoires) en lien avec l’agenda des États et de l’Union africaine affirmant la promotion et le respect des droits humains ainsi que l’émancipation économique des femmes.
Méthode
L’étude a permis de :
- Dresser un état des lieux des connaissances dans 9 pays (revue de littérature et documentaire/baseline documentaire) afin de connaître à ce jour la situation des migrations féminines (immigration et émigration) dans la sous-région (données statistiques ; cartographie des flux et stocks ; dimension historique du phénomène ; listes des travaux/références pertinentes ; questions non documentées par la recherche) ;
- Produire des données originales en combinant les enquêtes quantitatives et les entretiens qualitatifs :
• Le questionnaire quantitatif a permis de recueillir les réponses de 2700 individus. Dans chaque pays, les personnes interrogées ont été choisies en fonction de l’importance numérique des migrants et migrantes internationaux du dernier recensement. Les résultats obtenus ont été consignés dans une base de données sous format SPSS, notamment pour l’analyse de la situation d’ensemble. Les zones d’enquête sont essentiellement des grandes villes qui concentrent l’essentiel des activités économiques, même si les espaces ruraux peuvent être intéressants à investir en raison des activités agricoles ou minières qui attirent les migrants et les migrantes.
• Le questionnaire qualitatif recouvre des entretiens en profondeur avec des migrantes : 10 par pays d’enquête. Le corpus recueilli (90 entretiens) a permis de renseigner des questions centrales de la mobilité féminine, et notamment la prise de décision d’émigrer, la vulnérabilité des migrantes et les potentialités qu’offre la migration internationale en matière d’autonomisation éducative, économique et sociale.
Résultats
A partir des neuf rapports pays, un document de synthèse Afrique de l’Ouest a été produit. Il n’est pas une juxtaposition des 9 rapports qui, selon les profils des experts et des expertes, mettent l’accent sur une dimension particulière de la thématique des mobilités (historique, anthropologique, économique, sociologique et juridique) : il s’agit d’un format original analysant les idées contenues dans la base de données globale en faisant fi des frontières, c’est-à-dire en se plaçant dans une posture d’analyse globale des mobilités féminines transfrontalières. Des thèmes phares ont été développés par les chercheurs du projet ou d'autres spécialistes et des perspectives/recommandations en matière de politiques publiques sont présentées.
- Consulter le papier de recherche « Regard actuel sur les mobilités féminines transfrontalières ouest-africaines : quand les désirs d'émancipation transcendent les séculaires pesanteurs sociales » (Editions AFD, juillet 2022)
- Revoir le replay du webinaire « Conversation de recherche » (juin 2022) :
Enseignements
La base de données constituée révèle l’importance statistique du fait migratoire transfrontalier féminin et sa vocation catalytique d’émancipation pour les femmes migrantes. Cela amène à conclure à la nécessité de promouvoir les conditions de la libre circulation en tant que puissant levier d’une politique migratoire favorable à leur autonomisation.
Tout en appelant à une prise en compte davantage proactive de la dimension genrée des mobilités sous-régionales dans les différentes politiques publiques nationales, le papier de recherche met l’accent sur un préalable : la nécessaire production collaborative des données scientifiques entre divers partenaires de recherche afin de pouvoir mobiliser les savoirs nécessaires à la prise de décision pour des politiques publiques efficaces. Dans le même temps, il recommande la consolidation et l’intensification de la coopération sous-régionale sur les questions migratoires, et plus particulièrement en ce qui concerne la migration féminine encore sous influence de pesanteurs multiformes.
A lire sur The Conversation : Femmes migrantes en Afrique de l’Ouest : l’émancipation en marche ?
Contacts :
- Professeur Papa Demba Fall, docteur d’Etat ès Lettres (géographie), directeur de recherche à l’IFAN, ancien directeur du département des Sciences humaines de l’UCAD (2004-2009) et directeur exécutif du Réseau d’étude des migrations internationales africaines
- Serge Rabier, chargé de recherche à l'AFD