Le Nord-Darfour est l'un des États les plus pauvres du Soudan. Depuis 2003, la région est le théâtre d'une guerre civile qui a provoqué une grave crise humanitaire, ainsi qu'une crise économique sans précédent. S’ajoutent à cela des décennies de retard en termes d’investissements dans le secteur de la santé, des budgets bas et une privatisation croissante qui entraînent un déficit important en termes de système de santé et d’accès à celui-ci.
Ainsi, lorsque la pandémie de Covid-19 a frappé le pays en 2020, les centres de santé et les hôpitaux souffraient déjà d'un manque important de matériel. « L'unité de soins intensifs de l'hôpital universitaire d'El Fasher a été confrontée à d'importantes lacunes en matière d'équipement médical, d'accès à l'eau potable et aux stations de lavage des mains, de prévention et de contrôle des infections, de formation du personnel de première ligne et de soutien à la prévention et au traitement de la malnutrition », explique le Dr Khalid Siddeg Adam, responsable du projet santé pour l'ONG Save the Children.
Une réponse d'urgence
Avec le soutien de l'AFD, Save the Children est intervenue pour renforcer ces hôpitaux. « L'équipement médical fourni comprenait de nombreux lits médicalisés pour accueillir les patients. Nous avons également reçu un respirateur et un concentrateur d'oxygène, ainsi que des équipements de protection individuelle (EPI), des gants, des masques, des combinaisons, etc., détaille le Dr Mustafa Omer Idris, médecin généraliste au centre de quarantaine d'Al-Fashir au Darfour-Nord. Cela a changé la donne pour nous en termes de qualité de soins que nous pouvons dispenser. »
Une prime a en outre été octroyée au personnel soignant (42 personnes au total) qui a également reçu des équipements de protection et une formation à la gestion clinique du Covid-19.
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Malnutrition et assainissement
Ce projet ne s'est pas limité à une réponse à la pandémie, mais a également inclus des activités autour de la nutrition et de l'assainissement pour assurer un renforcement durable du secteur de la santé dans la région.
« Dans le département de nutrition du centre de quarantaine, une formation sur l'alimentation des nouveau-nés et des bébés a été organisée et des repas ont été distribués aux patients et aux travailleurs du centre. En outre, nous avons bénéficié de sessions de formation sur la mesure de la circonférence du bras des enfants (mesure MUAC). Cela a été un grand soutien pour le programme de nutrition », explique Marwa Muhammad Tayyib, responsable médical au centre de quarantaine d'Al-Fashir, au nord du Darfour.
Au total, 3 369 jeunes mères ont été formées à la mesure du MUAC pour déterminer si leur enfant souffre de malnutrition. En parallèle, 45 membres du personnel ont été formés à l'alimentation des nourrissons et des jeunes enfants.
Save the Children a par ailleurs soutenu 21 établissements pour améliorer la purification de l'eau (chlore, dispositifs d'analyse et réactifs) et les systèmes de gestion des déchets solides et médicaux. L'ONG a aussi fourni des outils de nettoyage et installé 114 stations de lavage des mains dans les établissements de santé ciblés.
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Impacts à long terme
Pour le Dr Khalid, un an après la fin du projet, les impacts sont toujours visibles : « Nous disposons toujours de 35 lits fournis dans le cadre du financement AFD, que nous utilisons pour accueillir tous les patients qui ont besoin de soins intensifs. Tous les équipements sont encore utilisés, et devraient durer encore au moins cinq ans. »
D’autre part, le personnel de santé qualifié travaille toujours dans les établissements et est en mesure de traiter les cas de Covid-19 et de malnutrition.
« Nous sommes ravis de constater que ce projet a permis d'améliorer durablement l'accès aux soins dans les structures concernées par le projet, bien au-delà de la réponse d'urgence à la pandémie. Il est essentiel d'apporter un soutien durable aux populations confrontées à ces défis et c'est tout le sens de notre action au Soudan », résume Hélène N'Garnim-Ganga, directrice régionale de l'AFD pour l'Afrique de l'Est.