« Dans quel monde vivrons-nous et quel monde voulons-nous en 2101, c’est-à-dire dans 80 ans ? Cela peut paraître très lointain, mais en fait le monde de demain se prépare aujourd’hui ! », résume Hervé Conan, directeur de l’AFD au Vietnam.
Le choix du Vietnam pour organiser cette conférence ne tient pas du hasard. Comme le rappelle l’ambassadeur de France au Vietnam, Nicolas Warnery, « le Vietnam est l’un des pays les plus exposés aux conséquences du changement climatique, aux pollutions, mais aussi à l’érosion des sols, à la salinisation des deltas et à la perte de la biodiversité. »
Un Vietnam sans masques
« Ce que je voudrais pour 2101, c’est d’abord un Vietnam où nous ne devons pas porter de masque. De masque pour se protéger des maladies, bien sûr, mais aussi de la pollution, déclare Do Van Nguyet, fondatrice et directrice de l’ONG vietnamienne Live & Learn for Environment and Community, au début de la conférence. Bien avant la pandémie, leur usage était déjà très répandu dans les grandes villes à cause des niveaux alarmants de qualité de l’air. Nous devons commencer à prendre les mesures nécessaires pour réduire cette pollution. »
Une vision partagée par Nguyen Thi Nhung, directrice du groupe Openasia : « Nous devons agir et protéger notre environnement dès aujourd’hui. Nous ne pouvons pas demander aux autres de le faire si nous ne le faisons pas chez nous. » Et d’ajouter que « le secteur privé a un rôle à jouer, en s’engageant dans une voie durable plutôt que lucrative à tout prix ».
Solutions fondées sur la nature
Pour Vu Canh Toan, responsable technique de l’Institut pour la transition sociale et environnementale, l’enjeu principal pour construire un Vietnam durable durant les 80 prochaines années est d’arriver à développer des approches intégrées, s’attaquant directement au fond du problème et prenant en compte l’intégralité des acteurs concernés. « Pour prendre un exemple, de mon expérience, les inondations urbaines sont aggravées par les actions anthropiques. À Hanoï, les espaces verts ont diminué de 50 % au cours des dix dernières années, détruisant des espaces de rétention d’eau naturels, explique-t-il. Nous devons nous pencher sur les solutions fondées sur la nature. »
Au final, comme l’ont rappelé les différents intervenants et la modératrice Do Thuy Duong, rédactrice et fondatrice de l’Institut de gestion TalentPool-LAB, le chemin pour construire un Vietnam durable sera jalonné d’étapes, notamment via les politiques du gouvernement. Mais il est aussi nécessaire d’impliquer toute la société, et pour cela d’améliorer la compréhension des enjeux climatiques et de sensibiliser à grande échelle : « Une prise de conscience collective est nécessaire pour atteindre les objectifs du Vietnam en matière de climat, et pour cela un gros travail de sensibilisation doit être mené pour que chacun comprenne que les gestes d’aujourd’hui permettent de bâtir un futur plus durable. »