Ces deux conventions, signées entre le Ministre des Finances, de la Planification économique et du Développement M. Renganaden Padayachy, le Ministre des infrastructures nationales et du développement des communautés M. Bobby Hurreeram, le Directeur Général de l’AFD M. Rémy Rioux, et la Directrice de l'Innovation, des activités Commerciales et Internationales du BRGM Mme Catherine Bonin concernent :
- Un FEXTE (Fonds d'Expertise Technique et d'Echanges d'expériences) pour une étude sur les eaux souterraines à l’île Rodrigues, d’un montant de 1,3 millions d'euros ;
- Un Protocole d’Entente pour la mise en œuvre de la phase 2 du programme AdaptAction concrétisant l’accompagnement de l’AFD à la République de Maurice dans la mise en œuvre de ses engagements en matière d’adaptation au changement climatique.
En tant que petit état insulaire en développement, l’Île Maurice est particulièrement exposée aux conséquences du changement climatique, notamment les cyclones, les tempêtes et les fortes pluies, les raz-de-marée et les fortes houles, mais aussi les périodes de sécheresse et les inondations.
A Rodrigues, la gestion de la ressource en eau est devenue ces dernières années le défi majeur à relever, tandis qu’à Maurice, le problème des inondations occupe désormais le devant de la scène après chaque épisode pluvieux intense. La configuration géomorphologique des deux îles est différente. Leur taux d’artificialisation des sols aussi. Un même enjeu les relie cependant : celui de l'infiltration des eaux de pluies dans les nappes souterraines, qui dépend de la qualité des sols (profondeur, perméabilité), de leur capacité à stocker et à épandre de l’eau, et plus généralement d’une gestion intégrée du grand cycle de l’eau.
Pour répondre à cette problématique, l’AFD soutient la république de Maurice dans la mise en œuvre de sa politique de l’eau et vient de signer deux accords permettant de traiter plus spécifiquement ces aspects en amont (ressource) et en aval (ruissellement).
Une première étude sera soutenue sur l’île Rodrigues et permettra d’acquérir les connaissances et les données hydrogéologiques nécessaires par l’intermédiaire d’approches scientifiques éprouvées et de méthodes performantes, afin de les valoriser dans la gestion opérationnelle des eaux souterraines.
Concrètement, le projet permettra d’une part d’améliorer le mix eau de Rodrigues et de limiter le recours au dessalement en identifiant le potentiel des ressources en eaux souterraines, des sites de forage d’eau prometteurs ; et d’autre part d’obtenir les éléments d’une base de données hydrogéologiques stratégiques pour l’île. La méthodologie proposée repose sur une approche multi- et interdisciplinaire (géologie, hydrogéologie, hydrogéochimie...) et sur la réalisation d’un levé géophysique héliporté afin d’acquérir une imagerie en trois dimensions de l’intégralité du sous-sol de Rodrigues. Ces données d’entrée seront ensuite interprétées afin de caractériser les ressources en eau souterraine actuellement exploitées par des approches quantitatives et qualitatives (pompages d’essai, piézométrie, hydrochimie…).
Par ailleurs, la signature du protocole d’entente AdaptAction permettra de continuer à accompagner Maurice dans le développement de sa résilience face aux impacts du changement climatique sur son territoire.
Sur les près de 4000 millions de mètres cubes (Mm3) de volume total de précipitations qui tombent à Maurice chaque année, 60 % partent en ruissellement de surface, 30 % s’évaporent, et seulement 10 % rechargent les eaux souterraines (source : Statistics Mauritius, 2019).
Ces chiffres illustrent assez clairement l’enjeu relatif aux inondations et en réalité la nécessité de ralentir le cycle de l’eau, pour augmenter les capacités de stockage artificielles (bassins de rétention) et naturelles (nappes phréatiques), et ainsi garantir une disponibilité de la ressource en période de sécheresse. C’est là un enjeu majeur d’adaptation au changement climatique dont une des manifestations est une modification des régimes de pluies avec des périodes de sécheresse plus intenses en saison sèche et des épisodes pluvieux plus violents en saison de pluie.
La République de Maurice, en particulier via la Land Drainage Authority, travaille sur ces enjeux dans le cadre du programme AdaptAction et a élaboré un schéma directeur de gestion des eaux de ruissellement : le land drainage master plan.
L’enjeu du présent protocole d’entente AdaptAction Phase 2 est la mise en œuvre opérationnelle de ses recommandations ainsi que le déploiement d’une démarche similaire sur l’île Rodrigues. La question de la lutte contre les inondations et de la désimperméabilisation des sols sera au cœur des réflexions.
« L’AFD est fière de collaborer avec ses partenaires mauriciens depuis plus de 40 ans dans le secteur de l’eau, au bénéfice de la population. Aujourd’hui, la bonne gestion de cette ressource en eau est devenue fondamentale, compte tenu de l’accroissement des impacts du changement climatique que connaît Maurice. A travers ces deux nouvelles conventions de partenariat, qui entrent en pleine cohérence avec la signature historique du prêt de 200 millions d’euros en novembre dernier, l’AFD se tient aux côtés des acteurs du pays pour l’accompagner dans la mise en œuvre d’une gestion intégrée du cycle de l’eau, et plus globalement dans sa trajectoire d’adaptation au changement climatique. » Rémy Rioux, Directeur Général de l’AFD.
Contact presse AFD : Antoine FAVREAU