Éoliennes en Nouvelle-Calédonie
Transition énergétique, modèles agricoles et, plus largement, trajectoires de développement socio-économique soutenables : ces trois thématiques, au croisement de plusieurs Objectifs de développement durable (ODD), sont centrales pour l’adaptation des économies d’Outre-mer aux défis de demain.

« La conjoncture actuelle montre l’importance à la fois des crises sociales, énergétiques et environnementales », déclarait Thomas Mélonio, directeur Innovation, stratégie et recherche de l’AFD, en ouverture de la 7e conférence AFD-Cerom sur les Outre-mer le 13 octobre 2022. Au cœur des débats : au-delà de la croissance économique des Outre-mer et de leur convergence avec l’Hexagone, comment aller vers un développement durable et soutenable de ces territoires ?

Prendre la mesure des défis environnementaux

Premier défi : disposer d’outils pour avoir une vue précise de l’état du capital naturel, afin de déployer des politiques publiques de préservation adaptées. Les territoires d’Outre-mer ont recherché des indicateurs plus pertinents dans ce domaine que le seul produit intérieur brut (PIB).

  • La méthode fondée sur « l’épargne véritable », par exemple, prend en compte la dégradation des différents types de capitaux (physiques, naturels et humains), sans dissocier le capital naturel des autres capitaux.
  • La méthode Enca (en français, Comptabilité écosystémique du capital naturel), testée sur le plateau des Guyanes, permet d’aller plus loin, en isolant l’évolution du capital naturel.
  • Dans le même esprit, la méthode Esgap (Environmental Sustainability Gap), testée en Nouvelle-Calédonie, permet de mesurer l’écart entre l’état actuel et l’état soutenable de 23 fonctions environnementales essentielles, comme la pollution de l’air, l’érosion des sols ou les ressources forestières.

 

Encore expérimentaux, ces indicateurs ne peuvent pas se substituer au PIB ni au revenu disponible, qui restent au cœur des approches en termes de convergence entre les territoires ultramarins et l’Hexagone. Ils viennent néanmoins les compléter, pour éviter une course à la croissance sans tenir compte des conséquences sur l’environnement et le bien-être des populations. Il reste à définir comment faciliter l’utilisation de ces nouvelles méthodes par les acteurs des politiques publiques.

Mener une transition énergétique verte

L’autonomie énergétique des Outre-mer est définie comme un objectif à l’horizon 2030 par la Loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Cette question soulève des enjeux de résilience des territoires d’Outre-mer, dont beaucoup sont insulaires ou faiblement interconnectés. Alors que les coûts d’importation de l’énergie sont élevés, les énergies renouvelables représentent une piste intéressante ; d’autant plus que certaines filières liées à ces énergies, comme celle de la bagasse et de l’éthanol à La Réunion, peuvent générer de nombreux emplois.

Si plusieurs scénarios sont envisageables en fonction des territoires, les réponses à ces enjeux supposent des choix politiques et économiques clairs. L’objectif est de mobiliser au mieux les ressources locales, d’optimiser les retombées économiques et de maîtriser l’évolution de la demande, en visant une plus grande sobriété économique.


Lire aussi : Transitions : quels modèles de développement pour les Outre-mer ?


S’orienter vers de nouveaux modèles agricoles et alimentaires

L’autonomie alimentaire des Outre-mer est un autre objectif à horizon 2030, ce qui implique de rechercher de nouveaux modèles de développement agricoles et alimentaires. Ces évolutions sont à envisager sous deux angles :

  • celui de l’offre, avec une préservation des surfaces agricoles, des métiers plus attractifs et un accompagnement vers de nouvelles pratiques ;
  • celui de la demande, en s’efforçant d’orienter la demande vers des produits plus locaux, de la part des individus comme des acteurs publics ou privés, comme les opérateurs de la restauration collective.
Identifier les opportunités économiques et les emplois de demain

Enfin, plus largement, une diversification des économies d’Outre-mer est nécessaire pour s’inscrire dans une trajectoire de développement soutenable, comme le montre une étude sur la Nouvelle-Calédonie.

 

Cette diversification peut engendrer des bénéfices considérables en termes d’emplois, alors que les territoires d’Outre-mer connaîtront d’ici 2050 des évolutions très différentes de leur marché du travail – des écarts à prendre en compte dans la définition des politiques publiques. Cette évolution ouvre aussi d’autres questions au cœur de l’action publique : l’accès au marché du travail ou l’adéquation entre les formations et les emplois, notamment dans le secteur de l’économie verte.


Revoir la conférence AFD-Cerom : Les Outre-mer en transitions : défis et visions d’avenir