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Un double combat au Maroc : l'insertion des jeunes et l'aide à la personne
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À Casablanca, L’Heure joyeuse forme des jeunes aux métiers de l’aide à la personne grâce au programme Fapar, soutenu par l’AFD. Une réponse concrète à la fois au chômage des jeunes et aux besoins croissants en accompagnement des personnes âgées ou en situation de handicap.
« C’est en donnant confiance aux jeunes et en les accompagnant pour construire leur projet de vie qu’ils pourront demain contribuer à l’employabilité, soit en soutenant l’insertion vers l’emploi, soit par l’entrepreneuriat », affirme avec conviction Leila Benhima Cherif, présidente de L’Heure joyeuse.
Depuis vingt-neuf ans, cette ancienne pharmacienne est engagée dans ce combat au service de l’éducation, de la formation et de l’insertion professionnelle des jeunes Marocaines et Marocains. Un enjeu crucial dans un contexte où, faute d’orientations pertinentes ou de passerelles vers une deuxième chance, 23 % des jeunes de la région Casablanca-Settat ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation.
L'Heure joyeuse, une histoire d'engagement
Créée en 1959 et reconnue d’utilité publique, l’association marocaine L’Heure joyeuse œuvre depuis ses débuts pour l’éducation et la formation.
Basée à Belvédère, elle propose des formations professionnelles dans différents domaines (couture, électricité, mécanique, métiers de la santé, restauration…) au sein de ses 12 centres. Parmi cette offre, une formation d’aide à la personne à autonomie réduite (Fapar) a été lancée en partenariat avec l’Institut européen de coopération et de développement (IECD) et avec le soutien de l’AFD et de la Principauté de Monaco.
La Fapar, un pari sur l’avenir…
Expérimentée par l’IECD dans d’autres géographies, la Fapar est lancée en 2021 au Maroc pour répondre à un besoin urgent : le secteur de l’aide aux personnes âgées, malades ou en situation de handicap souffre d’un manque criant de personnel qualifié. Avec le vieillissement de la population marocaine, ce domaine offre un fort potentiel d’emploi.
En formant ainsi des professionnels capables d’aider des personnes âgées et/ou en situation de handicap dans les activités de la vie quotidienne, la Fapar répond donc à ce besoin de mettre en place des dispositifs adaptés pour répondre à une demande croissante.
Via une formation de neuf mois (trois mois de renforcement des capacités et six mois de formation professionnelle en alternance), adaptée et qualifiante, cette démarche vise également à valoriser des métiers peu reconnus et peu rémunérés. Forte de son succès, l’expérience a été reproduite par l’IECD à Marrakech avec le CDRT (2022), puis à Tanger, et récemment à Chichaoua.
… et un changement de perspective
« L’ensemble de la formation est réparti en temps de cours et formation théorique et technique, mais aussi en travaux pratiques et stages au sein de structures médicales et sociales, » explique Fatima El Farji, infirmière et formatrice de la Fapar.
Pour elle, voir l’impact sur les jeunes « est une fierté, autant qu’une source d’énergie et de motivation ». Elle donne l’exemple d’Ahmed, lauréat de la première promotion de 2021, « qui est maintenant en CDI dans une clinique de Casablanca et a pu acquérir sa maison. »
Bien que l’aide aux personnes reste un secteur émergent au Maroc, L’Heure joyeuse a prouvé son importance. « Les partenaires nous font confiance parce que nous avons une réputation et une crédibilité, » insiste Hind Mansour, chargée de placement et de suivi.
Après la formation, un suivi individuel est mis en place pour accompagner les diplômés dans leur insertion socio-professionnelle. L’association propose des ateliers sur les techniques de recherche d’emploi et sur le Code du travail marocain « pour qu’ils connaissent leurs droits et leurs obligations ».
Des histoires de vie
D’après une étude menée en 2023 sur l’insertion des 40 diplômés des 2e et 3e promotions de la Fapar, dont 31 femmes, 80 % des personnes formées poursuivent aujourd’hui une activité professionnelle. « Je travaille aujourd’hui comme éducateur dans une association. Je suis fier de mon parcours et reconnaissant envers la Fapar », témoigne l’un des bénéficiaires. « Grâce aux formations d’entreprenariat que nous avons eues, maintenant j’ai mon projet et je vis grâce aux revenus que j’en tire, » souligne fièrement l’un de ses camarades.
Certains d’entre eux, comme Rachid, 23 ans, ne trouvaient pas d’emploi malgré leurs études. Titulaire d’un BAC+2 en gestion d’entreprise, il vient d’être embauché après la Fapar et un stage réalisé dans une clinique.
Malgré tout, l’ensemble des personnes formées rencontrent parfois des difficultés pour trouver un stage ou un emploi. Elless ont créé à cette fin un « club des lauréats » pour prolonger l’expérience et partager des opportunités. Dans tous les cas, les « Faparistes » ont appris qu’avec un peu de soutien et de persévérance, de belles perspectives pouvaient voir le jour.
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Publié le 2 juin 2025


