Au Burkina Faso, au Mali et au Niger, sept fabricants locaux de produits alimentaires fortifiés sont soutenus par l’Agence française de développement afin d’améliorer leur offre et faire reculer la malnutrition.
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Le fléau de la malnutrition n’est hélas pas encore près de disparaître dans les pays du Sahel. Au Niger, au Mali et au Burkina Faso, au moins un tiers des enfants souffre de sous-nutrition chronique, tandis qu’une femme sur deux s’y trouve atteinte d’anémie. La santé de la mère pendant la grossesse tout comme l’alimentation des jeunes enfants durant leurs deux premières années sont pourtant des facteurs décisifs pour leur développement. Ils sont, durant ces périodes, particulièrement vulnérables à la malnutrition, avec le risque de développer des séquelles irréversibles à l’âge adulte, comme un handicap mental, une santé fragile ou un retard de croissance.
Ces catégories de population doivent donc bénéficier d’une alimentation adaptée. Et c’est précisément ce que cherche à encourager le programme Meriem soutenu par l’Agence française de développement (AFD) et la fondation Bill & Mélinda Gates. Expérimenté au Burkina Faso depuis 2018, puis étendu au Mali et au Niger, il vise à accompagner des entreprises locales dans l’élaboration de formules innovantes de produits alimentaires, dans leur commercialisation et dans la structuration des filières associées.
Mais pas n’importe quels produits alimentaires : des aliments préparés fortifiés. Ceux-ci permettent aux futures mères d’améliorer leur alimentation durant la grossesse et la période d’allaitement grâce à un apport adapté en vitamines et minéraux, et aux jeunes enfants de recevoir les nutriments nécessaires à leurs besoins. Ils ont l’avantage d’être abordables et rapides à préparer, en plus d’être une alternative aux aliments industriels de faible qualité nutritionnelle.
Faire naître de nouvelles formules
Les consommateurs ont pourtant des difficultés à s’en procurer. Dans ces trois pays, l’offre proposée par les entreprises reste en effet insuffisante en raison de difficultés à produire et à distribuer ces produits particuliers.
Dans le cadre du programme Meriem mené au Burkina Faso, sept entreprises sahéliennes spécialisées dans la production alimentaire ont pu bénéficier d’un accompagnement. Après une phase d’enquête sur les besoins des populations et leur pouvoir d’achat, un processus de recherche et développement a été mené pour faire naître de nouvelles formules. « Sept nouveaux produits ont été créés de cette manière. Nous en sommes aujourd’hui à la phase de test finale auprès des futurs consommateurs avant la mise sur le marché », détaille Nicolas Le Guen, chef de projet au département Santé et protection sociale de l’AFD.
Campagnes de sensibilisation
Pour le lancement de ces nouveaux produits, le programme Meriem prévoit de tester à grande échelle de nouvelles stratégies de commercialisation avec des acteurs de la distribution et des réseaux de proximité innovants, comme un nouveau label qualité. Il comprend également un volet d’appui aux pouvoirs publics dans la mise en œuvre de campagnes de sensibilisation auprès du public au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Des affiches, des spots vidéo et des publications sur les réseaux sociaux ont ainsi été diffusés par les ministères de la Santé, en charge de ces campagnes innovantes visant à promouvoir de meilleures pratiques d’alimentation, d’hygiène et de soins.
« Le programme permettra aussi d’évaluer les innovations testées et de les partager avec les acteurs nationaux et internationaux de la nutrition, du développement et des affaires. Il alimente ainsi la recherche et devrait permettre de susciter l’adhésion des acteurs sur le rôle que peut jouer le secteur privé dans la lutte contre la malnutrition », observe Nicolas Le Guen.
Le défi est de parvenir à concilier l’objectif social de la réduction de la malnutrition avec la rentabilité économique à grande échelle liée aux solutions proposées. De nombreux experts internationaux sont mobilisés à cet effet, en provenance de l’ONG Le Gret, Hystra, Ici, l’Iram, l’IRD, Ogilvy et Thinkplace. Le programme Meriem est financé par des subventions de 10 millions d’euros de l’AFD et de 5 millions de dollars (4,18 millions d’euros) de la fondation Bill & Melinda Gates. Il doit durer jusqu’en juin 2022.