Longtemps inaudibles, les féministes équatoriennes sont de plus en plus entendues. Récemment, elles ont remporté des combats : la Cour constitutionnelle a dépénalisé l’avortement en cas de viol le 28 avril 2021 et la notion de féminicide a été introduite dans la loi en 2014. Cependant, malgré ces avancées et l’existence de bonnes volontés à tous les niveaux, des obstacles institutionnels, politiques et culturels demeurent et continuent de freiner la mise en place de mesures universelles et systématiques. Un reportage Programme B à découvrir en deux épisodes.
Épisode 1 : En lutte pour l’IVG
La condition des Équatoriennes reste très paradoxale : la parité en politique et la législation progressent, mais l’avortement y est toujours illégal, sauf en cas de risques vitaux pour la mère ou de handicap mental. Face à des obstacles institutionnels qui persistent pour mettre en place une politique intégrale de santé sexuelle et reproductive, les militantes féministes s’organisent et apportent leur soutien à une jeunesse qui risque gros. Rozenn Le Saint et Vérane Cottin sont parties à la rencontre de ces militantes.
→ Découvrir l'épisode 1 : En lutte pour l'IVG
Épisode 2 : Féminicides, « Pas une de plus »
Comment passer des mots aux actes ? Malgré la reconnaissance du féminicide dans la loi équatorienne, l’invisibilisation des meurtres de femmes parce qu’elles sont femmes perdure. Des difficultés à mettre en place des perspectives de genre dans le système judiciaire et l’isolement des communautés rurales empêchent toujours la qualification systématique des faits et la condamnation des coupables. C’est pourquoi de nombreuses Équatoriennes s’allient et militent au travers d’associations pour informer, recenser les victimes et porter secours à leurs proches. Rozenn Le Saint et Vérane Cottin se sont rendues à Quito et dans la province de Sucumbíos pour rendre compte de leur combat.
« L’enjeu crucial est de rendre visibles tous les sujets liés au droit à disposer de son corps, que ce soit en matière de santé sexuelle ou reproductive ou de violences basées sur le genre, précise Mar Merita-Blat, experte des questions de genre à l’AFD. Ces podcasts y contribuent, en montrant que ces violences ne sont pas des actes marginaux et interpersonnels mais qu’elles constituent un ressort systémique et universel de l’oppression des femmes et des filles, et nécessitent des politiques publiques disposant de moyens appropriés pour y répondre. »
→ Découvrir l'épisode 2 : Féminicides, « Pas une de plus »
Des actions fortes de l’AFD et ses partenaires sur les questions de genre en Amérique latine, en particulier en Équateur
L’AFD intervient pour la protection des femmes et filles en Équateur face aux violences sexuelles et basées sur le genre à travers le projet binational (Équateur-Colombie) Cruzando Fronteras. Une subvention d’un million d’euros a été allouée à l’ONG Care et ses partenaires locaux pour la protection et l’intégration des femmes et filles victimes de la crise migratoire vénézuélienne. L’un des axes du projet est d’assurer de meilleures conditions sanitaires et sexuelles pour les femmes et les filles grâce, par exemple, à la distribution de kits contraceptifs et de kits de soin, et à un suivi santé effectué par des professionnels.
L’AFD cofinance également avec la Banque interaméricaine de développement (BID) deux autres projets genre en Équateur pour la protection des femmes et des filles contre les violences basées sur le genre :
- la construction d’un plan d’initiative genre à l’échelle nationale pour développer des solutions à partir d’un diagnostic de la situation et d’un répertoire des initiatives existantes dans le pays ;
- un projet de renforcement de la prévention des violences fondées sur le genre et des services dédiés aux femmes et aux filles, avec des outils comme un numéro vert et une plateforme pour les victimes.
Lire aussi : L'égalité de genre, un démultiplicateur d'impact pour le développement
Un partenaire EUROsociAL+ au sein d’Expertise France très actif en Équateur
« La composante d’égalité de genre du programme de l’Union européenne EUROsociAL+, gérée par Expertise France, est en train d’accompagner des actions liées à la réduction des inégalités et à la promotion des droits des femmes en Amérique latine », précise Ana Pérez, coordinatrice de la composante « Politiques d’égalité de genre » du programme au sein d’Expertise France.
Le programme agit dans les 19 pays de la région sur les trois autonomies de la femme : physique, économique et politique. En Équateur, il accompagne le Conseil de la magistrature et le Conseil national pour l’égalité de genre afin de lutter contre les violences de genre.
Cette action avec la magistrature répond à un besoin de coordination des acteurs de la justice dans la prise en charge des violences liées au genre pour les cas non flagrants. Elle fait également suite aux engagements de la loi sur la prévention et l’éradication de ces violences. L’accompagnement permet ainsi de formuler et de mettre en œuvre un modèle de gestion pour orienter les opérateurs et opératrices de justice vers une meilleure prise en charge des femmes victimes de violences.