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Eau RDC
En RDC, le projet « Eau contre choléra à Uvira » a permis de rénover les infrastructures du réseau d’approvisionnement en eau, de soutenir la création d’associations d’usagers pour les gérer et de sensibiliser la population aux bonnes pratiques d’hygiène. Quel chemin reste-t-il à parcourir pour que l’incidence des maladies hydriques continue à diminuer ?
 
Rapport Évaluations 2023
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La ville d’Uvira, dans le Sud-Kivu en République démocratique du Congo (RDC), est située dans une région reconnue comme foyer endémique de choléra, en raison notamment d’un manque d’accès à l’eau potable. Le centre de recherche London School of Hygiene & Tropical Medicine a évalué sur la période 2014-2022 le projet « Eau contre choléra à Uvira », qui consiste notamment à rénover les infrastructures en eau.

Pour Jaime Saidi, coordinateur Eau, hygiène et assainissement au bureau central de la zone de santé d’Uvira, « d’importants enseignements ont été tirés de cette évaluation. Ils permettront d’améliorer la conception et la mise en œuvre d’autres opérations de ce type et bénéficieront aux secteurs de la santé et de l’épidémiologie en RDC. »


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Endiguer toutes les maladies hydriques

Pour une réponse efficace à la situation sanitaire d’Uvira, l’AFD et ses partenaires (Union européenne, Fondation Veolia et Oxfam Grande-Bretagne) ont choisi une approche à long terme et en profondeur, complémentaire de celle des acteurs humanitaires : soutenir les autorités locales dans l’optimisation du réseau d’eau potable. L’objectif est de s’attaquer à la source même de l’ensemble des maladies hydriques, et non uniquement au choléra. Le choléra n’est en effet pas la seule maladie hydrique : sur environ 4 500 patients pris en charge pour des maladies diarrhéiques à Uvira entre janvier 2017 et décembre 2021, plus de la moitié souffraient d’une affection autre que le choléra.

 

Quatre quartiers désormais couverts à 100

Malgré des conditions climatiques et sécuritaires difficiles, avec des inondations sans précédent en 2020 dues au changement climatique et la présence de groupes armés, le projet a pu être mené à bien. Dans les quartiers ciblés, l’accès au réseau d’eau potable a augmenté de façon significative et quatre d’entre eux sont désormais entièrement couverts par le réseau d’eau potable : tous les habitants disposent soit d’un branchement privé, soit d’une borne-fontaine à moins de 200 mètres de chez eux.

Préparer les communautés en amont

L’évaluation montre la nécessité d’améliorer l’utilisation et la gestion des infrastructures du réseau d’eau mises à disposition des communautés : « Les populations doivent être formées, pour pouvoir s’en servir correctement mais aussi les entretenir, poursuit Jaime Saidi. Fournir des équipements adaptés est essentiel, mais il est aussi primordial que chacun sache en faire bon usage. » Il est par ailleurs essentiel de préparer les communautés en amont : « l’enjeu est notamment de passer par les leaders des plus petites unités géographiques pour que le plus grand nombre de personnes soient sensibilisées et sachent clairement ce qui est fait, qui en est à l’origine, le finance, le met en œuvre et pourquoi. »


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Au-delà de l’accessibilité, garantir la continuité du service 

Néanmoins, la disponibilité d’eau moyenne demeure insuffisante, de nombreux habitants ne pouvant pas collecter d’eau en quantité suffisante via les robinets installés dans le cadre du projet. Or, un lien clair a été établi entre la continuité de service et l’incidence des maladies diarrhéiques, dont le choléra, à travers différentes analyses épidémiologiques. Augmenter les heures de production d’eau de 5 % permettrait de réduire d’un quart l’incidence du choléra à Uvira.

Poursuivre les efforts, et notamment la structuration du réseau, est donc indispensable. Les investissements sont lourds mais nécessaires : « L’analyse économique réalisée dans le cadre de l’évaluation a révélé que le coût de ce projet était très élevé comparé à d’autres interventions du même type, explique Pierre-Yves Durand, chargé d’évaluation à l’AFD. Cela s’explique par le contexte extrêmement complexe d’Uvira. Il n’en demeure pas moins qu’effectuer des travaux d’envergure dans ces zones de foyers endémiques est crucial pour obtenir des effets significatifs et endiguer ces maladies. »


Assister à l’événement (En)quête d'évaluation - lutter contre les maladies diarrhéiques à travers l’optimisation d’un réseau d’eau potable