Les ouvriers textile s’affairaient activement à la confection de vêtements pour des marques telles que Zara, Primark et Benetton en ce 24 avril 2013, lorsque les murs vétustes et fissurés autour d’eux se sont effondrés, causant la mort de près de 1 130 personnes et en blessant plus de 2 500. Il s’agit de la catastrophe la plus grave qu’ait connue le Bangladesh, deuxième plus grand exportateur de vêtements de prêt-à-porter au monde, après la Chine.
Les dangers n’avaient pourtant rien de nouveau. Des centaines d’ouvriers avaient perdu la vie dans les usines et les entrepôts bangladais au cours de la dernière décennie en raison d’incendies, d’écroulements de bâtiments et autres accidents. Les défauts de construction mettaient les travailleurs en danger, les bâtiments « tremblaient lorsque les machines étaient mises en marche », d’après le procureur général du pays.
Dix ans plus tard, la sécurité au travail s’est-elle améliorée ?
Suite à l’effondrement du Rana Plaza, le gouvernement du Bangladesh et ses partenaires ont signé le programme Support Safety Retrofits and Environmental Upgrades (SREUP, investissement dans la modernisation des systèmes de sécurité et les améliorations environnementales) dans le secteur du prêt-à-porter bangladais. Dans le cadre de cette initiative, l’AFD a accordé une ligne de crédit de 50 M€ à la Bangladesh Bank, la banque centrale du pays. L’agence de coopération internationale allemande pour le développement GIZ, la banque KfW et la Facilité d’investissement pour l’Asie de la Banque européenne d’investissement ont fourni une assistance technique d’une valeur de 13,3 M€.
Avec quatre usines à Dhaka et plus de 19 000 employés, Snowtex Apparels Ltd se spécialise dans tous les domaines, de la couture et de la broderie à l'impression et à la découpe au laser. Snowtex a utilisé le financement SREUP pour améliorer les installations de sécurité incendie et électrique.
De grandes portes coupe-feu bordent les entrées à chaque étage, les équipements de protection incendie (tels que les extincteurs) sont bien visibles et les ouvriers portent tous une tenue de protection (notamment des gants et des chaussures). Les bâtiments ont également été modernisés et dotés de machines plus économes en énergie. Mais les mesures de sécurité ne s’arrêtent pas là : elles concernent aussi le personnel.
« Je suis très content de la formation technique et de développement personnel que j’ai reçue ici », se réjouit Mehedi Hasan, responsable contrôle qualité chez Snowtex, qui surveille les mesures de sécurité et veille à ce que les travailleurs soient en sécurité et à l’aise avec les nouveaux équipements.
Au-delà de l’infrastructure
Les bénéfices du fonds SREUP vont au-delà de la modernisation, englobant des mesures sanitaires, de sécurité et environnementales.
Un planning familial et des consultations médicales sont proposés chez Snowtex et Ananta Huaxiang Ltd, une autre usine fondée dans la zone franche industrielle de Dacca, qui a également bénéficié d’un prêt de 13,8 M€ de la part de Proparco.
« Je suis ravie qu’il y ait un centre médical dans les locaux de l’usine, explique Asma Akter, surveillante d’assemblage. Il y a également une crèche où je peux laisser mes enfants pendant que je travaille. »
De tels services sont essentiels pour une main-d’œuvre majoritairement féminine. Les femmes représentent en effet près de 80 % des effectifs de l’industrie du prêt-à-porter.
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Suite à l’effondrement du Rana Plaza, le gouvernement du Bangladesh, l’Union européenne et d’autres partenaires internationaux ont également adopté le Pacte pour l’amélioration constante des droits du travail et de la sécurité des usines dans le secteur du prêt-à-porter.
Cette initiative s’inscrit dans la volonté collective actuelle de rendre les lieux de travail du secteur plus sûrs et plus sains pour les 4 millions de personnes qui y sont employées, et qui produisent des vêtements pour de grandes marques du monde entier dans un secteur représentant environ 80 % des recettes à l’exportation du Bangladesh et plus de 9 % de son PIB. Le pays compte plus de 4 000 usines textile, qui traitent les commandes des plus grands magasins et marques de la planète.
« Le secteur des vêtements de prêt-à-porter représente un marché hautement concurrentiel à l’échelle mondiale, précise Farhana Islam, directrice adjointe de la Bangladesh Bank. Pour conserver notre compétitivité, nous avons besoin du soutien d’organismes comme l’AFD. Les exigences des acheteurs d’aujourd’hui se résument ainsi : les ouvriers doivent travailler dans un environnement sûr et avoir accès à des structures sociales. Ils nous apportent tellement que nous avons l’obligation morale de veiller à ce que leurs employeurs soient à la hauteur. »
Jusqu’à présent, au moins 17 entreprises de prêt-à-porter ont bénéficié de prêts accordés par des institutions financières d’une valeur supérieure à 20 M€, soit environ 40 % du crédit disponible total au titre du programme. En apportant des avantages sur le plan de la sécurité, de l’environnement et du social, ces prêts amélioreront les conditions de travail pour plus de 50 000 employés, dont plus de la moitié sont des femmes.