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Nakivale
Dans les districts de Mbarara et d’Isingiro, dans le sud-ouest de l’Ouganda, l’eau est une denrée rare. La situation se tend d’année en année, avec une diminution des ressources et une augmentation de la population. L’AFD accompagne deux projets d’envergure pour améliorer l’accès à l’eau dans la région.

Frontaliers de la Tanzanie, les districts ougandais de Mbarara et d’Isingiro font face à un stress hydrique permanent. Une grande partie des habitants n’a pas accès à l’eau potable de façon régulière. La situation est encore plus difficile à Nakivale, qui accueille plus de 150 000 personnes réfugiées, et à Orushinga, où elles sont environ 7 500. Créée dans les années 1960, la zone d'accueil de réfugiés de Nakivale est la plus ancienne et la plus importante d’Ouganda – ces personnes déplacées viennent des pays voisins : République démocratique du Congo (DRC), Tanzanie, Soudan, Érythrée, Rwanda…

Six litres d’eau par semaine 

Le tableau que dépeint Abalo Kilbaforce, habitant de Kajaho, dans le district d’Isingiro, est édifiant : « Les bornes-fontaines ne sont ouvertes que deux ou trois heures par jour, selon les saisons. Ici, à Kajaho, deux bornes-fontaines alimentent en eau deux villages, soit 2 000 familles. Nous venons plusieurs heures avant l’ouverture et nous faisons la queue. Mais parfois il n’y a pas assez d'eau pour tout le monde. On peut passer une journée, deux journées sans eau. » 

Dans la zone de réfugiés de Nakivale, Bertin Birindua, originaire de RDC, se désespère : « Je suis père de quatre enfants, et nous vivons avec six litres d’eau par semaine. Et l’eau est vraiment de mauvaise qualité : les enfants tombent tout le temps malades, ils ont la diarrhée, ils toussent, ils sont fatigués. »


Un assèchement des ressources 

La ville de Mbarara est mieux lotie : ses besoins sont couverts à presque 100 %. Mais même là, la situation est en passe de devenir critique.

Au pied de la station de traitement de Kabale Road, située au cœur de la ville de Mbarara, la rivière Rwizi, qui fournit un peu moins de la moitié de l’eau de la ville, est presque asséchée. Solution de fortune pour continuer à faire tourner la station : un plongeur passe sa journée sous l’eau à dégager les tuyaux de pompage, obstrués par le sable. Un barrage temporaire a également été installé pour rediriger de l'eau vers les pompes.

« Normalement, l’eau est au moins trois mètres plus haut. Mais à cause des activités humaines, notamment l’agriculture, les extractions de sable et la déforestation, nous voyons chaque année le niveau de l’eau baisser. Nous estimons que, d’ici 2030, nous devrons fermer cette station », explique Dennis Muramuzi, directeur de la National Water and Sewerage Corporation (NWSC), l’opérateur national de l’eau, à Mbarara.

À Nakivale, le problème est le même. « Le lac dans lequel nous puisons l’eau a diminué de moitié. Nous allons avoir un vrai problème pour alimenter en eau les installations de réfugiés dans les prochaines années », explique Samuel Kulu, chargé de projets au sein de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). 


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Un nouveau projet d’ampleur 

Alors pour répondre à ces défis, l’AFD finance un nouveau projet ambitieux : la construction d’une nouvelle station de traitement des eaux, localisée sur la torrentielle rivière Kagera, et l’installation de 58 km de réseau de distribution vers la ville et le district de Mbarara. 

Un second projet est également appuyé par l’Union européenne, et vise en parallèle à connecter à cette nouvelle source d’eau les zones de réfugiés. « Nous espérons couvrir 100 % des besoins du district de Mbarara et atteindre une bonne partie de Nakivale avec cette nouvelle source d’eau. L’enjeu est crucial pour l’alimentation en eau de la région », explique Olivier Pannetier, chargé de projets à l’agence AFD de Kampala.  

Sur le site de la future station sur la rivière Kagera et le long de la route, où des kilomètres de tuyaux sont prêts à être enterrés, les ouvriers s’activent. Si tout est mis en œuvre pour faire avancer le projet au plus vite, certains délais sont incompressibles. « Nous devons nous assurer que toutes les personnes affectées par l’installation des tuyaux ont été dédommagées. Et la construction de la station, aux standards environnementaux et sociaux internationaux, durera au moins seize mois », précise Carl Delort, responsable du site pour Sogea.


Le contenu de cette publication relève de la seule responsabilité de l’AFD et ne reflète pas nécessairement les opinions de l’Union européenne.