• logo linkedin
  • logo email
Thé Sri Lanka Clear Media
Au Sri Lanka, l’un des plus grands producteurs de thé au monde, les contrefaçons menacent le thé de Ceylan. À l'occasion de la Journée internationale du thé, focus sur un projet de certification visant à protéger ce secteur qui emploie 2,5 millions de personnes.

Si vous avez déjà dégusté une tasse d'English Breakfast ou d'Earl Grey, alors vous avez déjà goûté un thé de Ceylan. Cultivé dans les collines et montagnes luxuriantes du Sri Lanka, le thé de Ceylan a poursuivi son essor pendant plus de cent cinquante ans pour devenir le deuxième produit d'exportation du pays. Le Sri Lanka compte parmi les quatre premiers producteurs de thé au monde, ce qui en fait un acteur majeur du marché de cette boisson, breuvage le plus consommé au monde après l'eau.

Le thé face à la menace des contrefaçons

Pour autant, le thé est également la proie de l’exploitation et des tromperies sur le marché international. Des thés de qualité inférieure sont souvent assimilés à du thé de Ceylan, ce qui nuit à son image de marque et écorne la confiance des consommateurs, exposant ce thé d'exception à des conséquences économiques potentiellement graves. 

« Sur les marchés mondiaux, nous constatons la présence de nombreuses contrefaçons, déclare Niraj De Mel, président du Sri Lanka Tea Board (SLTB). Le Sri Lanka a tout à perdre si toutes sortes de thés sont regroupées sous l'appellation thé de Ceylan. »

La mise en place d'un label, reconnu à l'échelle internationale, pourrait aider à distinguer le véritable thé de Ceylan des contrefaçons. Dans cette optique, l’AFD a conclu une convention de subvention d'1 million d'euros avec le SLTB et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) en vue de mettre au point une indication géographique (IG). Sur quatre ans, cette subvention financera une assistance technique dans le but d'établir l’IG et les systèmes de certification nécessaires pour le thé de Ceylan. 

Une IG attesterait de l’authenticité du thé de Ceylan, le protégerait contre l'appropriation frauduleuse et garantirait le respect de normes de qualité strictes : de quoi renforcer la réputation mondiale du thé et sa compétitivité sur le marché. 

L'augmentation des exportations cruciales du pays pourrait aider le Sri Lanka à sortir de la crise économique qui a conduit à des mouvements sociaux et au renversement du gouvernement en 2022. 


Valeur ajoutée d'une certification IG pour le thé de Ceylan

« L’IG nous aiderait certainement dans nos projets en protégeant le thé de Ceylan et en faisant en sorte qu'il doive impérativement être conditionné au Sri Lanka, ce qui créerait de l'emploi dans le pays », explique Niraj De Mel. 

Prévue sur quatre ans, la procédure d'obtention de l’IG comprend diverses mesures, parmi lesquelles la protection du savoir-faire agricole et industriel traditionnel, le renforcement des capacités, le contrôle qualité, ou encore la promotion de l’indication géographique du thé de Ceylan. 

Les personnes chargées de cette promotion n'auront pas besoin de réinventer l'eau chaude… Plusieurs thés de Ceylan, qui comprennent des thés noirs, verts et blancs, sont déjà bien connus, en particulier ceux qui constituent la base de mélanges comme l’Earl Grey et l’English Breakfast. 

La plupart des feuilles de thé de Ceylan sont cultivées dans le centre et le sud du Sri Lanka, plus précisément dans sept régions, des montagnes de Nuwara Eliya, où les thés pâles et parfumés produisent de l’Orange Pekoe, aux « basses altitudes » de Ruhuna et son thé noir. 

Comme pour le champagne (dont les raisins sont cultivés et mis en bouteille en Champagne) ou pour le whisky d'Écosse, les IG protègent les produits en les associant aux lieux dans lesquels ils sont cultivés ou produits. La loi interdit alors d’utiliser ces dénominations pour des produits similaires fabriqués ailleurs. 


Lire aussi : Quinze années de soutien de l'AFD aux indications géographiques


Accroître l’accès au marché et créer de l’emploi

Les ramifications de la certification IG vont bien au-delà de la simple protection des produits. En tant qu’exportation agricole clé, le secteur du thé contribue grandement à la création d’emplois, aux rentrées de devises et au développement rural.

Ce secteur emploie plus de 2,5 millions de personnes, dont 500 000 petits agriculteurs, qui contribuent à 75 % de la production de thé du pays.

« Environ 90 % [du thé de Ceylan] est cultivé par de petits agriculteurs », explique Chaminda Jayawardana, directeur général de Lumbini Tea Valley Ceylon Limited. La reconnaissance en IG peut avoir une incidence sur les prix, ce qui peut, par conséquent, s'avérer avantageux pour les cultivateurs. « En faisant son entrée dans notre secteur, cette IG devrait apporter une véritable valeur ajoutée aux petits agriculteurs. » 

De meilleures pratiques pour un thé de meilleure qualité

La protection offerte par la certification IG se traduit par un meilleur accès au marché et des prix plus élevés pour le thé de Ceylan, mais elle contribue également à la durabilité de la culture du thé. En effet, des sommes plus importantes sont investies dans des pratiques de plus en plus durables.

« La [protection assurée par la] certification IG a pour objectif que seul un thé de bonne qualité soit autorisé à utiliser le nom de thé de Ceylan, explique Delphine Marie-Vivien, du Cirad. L’IG constitue un outil formidable pour construire des ponts en amont et en aval des chaînes de valeur, des producteurs aux exportateurs en passant par les consommateurs. Il s'agit là d'un élément important pour le secteur du thé au Sri Lanka. » 


Soutenu par l’AFD, le projet est financé par une subvention du Fonds d'expertise technique et d'échanges d'expériences (Fexte) d'1 million d'euros.