Au Vietnam, l'expansion des zones urbaines, qui s’est accélérée ces dernières années pour accueillir une population croissante, a entraîné une diminution des espaces verts et une augmentation de la surface imperméable. Conséquence : la gestion des ressources en eau dans les villes fait face à une forte pression.
À ce jour, le pays est l'un des plus touchés par le changement climatique. L’augmentation de la fréquence et l'intensité des catastrophes naturelles liées à l’eau, telles que les inondations et les sécheresses, aggravent la situation.
Leurs caractéristiques géographiques ont beau être différentes, les villes de Bac Kan (province de Ban Kan) et de Phu Ly (province de Ha Nam) souffrent toutes deux de problèmes liés à l'eau. Avec son relief vallonné et sa proximité immédiate avec des rivières et ruisseaux, Bac Kan est très exposée aux glissements de terrain et aux crues soudaines. Située au confluent de plusieurs rivières dans le delta du fleuve Rouge, Phu Ly connaît des inondations fréquentes et des soucis de qualité de l'eau, en raison notamment de l'urbanisation rapide des plaines et de l'inefficacité du système de drainage.
La résilience des villes vulnérables
Pour aider les deux villes à résoudre ces problèmes, deux projets visant à améliorer le développement urbain et la résilience climatique ont été élaborés par le gouvernement vietnamien avec le soutien de l’AFD. Ces projets sont actuellement en phase de préparation.
L'accent est mis sur la promotion d'une approche intégrée, combinant le développement des infrastructures avec la prise en compte des facteurs environnementaux, sociaux et économiques dès la conception des projets.
« Lorsque l'on pense à la réponse aux catastrophes liées à l'eau, les solutions d'infrastructures comme les digues de rivière et le dragage sont les premières qui viennent à l'esprit. On accorde généralement peu d'attention aux facteurs contribuant à la vulnérabilité des communautés, on oublie de s'interroger sur les infrastructures permettant d'aider les populations à s'adapter au mieux et à se remettre des catastrophes », explique Vu Canh Toan, expert en changement climatique, lors d'une formation sur la résilience urbaine.
« Parfois, ce ne sont pas seulement les solutions techniques qui comptent, mais aussi d'autres mesures sociales, économiques et institutionnelles », complète Vu Canh Toan, soulignant la nécessité de prendre systématiquement en compte la vulnérabilité des communautés.
À Bac Kan, lors de l'atelier de lancement du projet, la question s'est posée quant à la mise en valeur des cours d'eau Pa Danh et Nong Thuong combinée avec des parcs ou des zones environnementales.
« Il est important de s'assurer que les infrastructures que nous allons construire dans le cadre des deux projets reposent autant que possible sur la nature. Elles doivent permettre aux gens de vivre avec la nature tout en étant protégés du changement climatique », déclare Cécile Leroy, responsable de programme à la délégation européenne au Vietnam.
Les deux projets seront financés grâce à une contribution de 16,6 millions d'euros des gouvernements des provinces et du gouvernement vietnamien, un prêt de 48,3 millions d'euros de l'AFD pour les investissements dans les infrastructures, et une subvention de 3 millions d'euros de l'Union européenne pour le renforcement des capacités via la Facilité pour la gestion de l'eau et des ressources naturelles (WARM).
Renforcer les capacités des parties prenantes
Outre la promotion d'une approche intégrée, les projets visent à renforcer les connaissances des fonctionnaires des provinces et des villes sur la résilience et le changement climatique afin de les aider à mieux comprendre et à appliquer des pratiques intégrées dans la planification urbaine. Cette composante, financée par l'UE, pourrait prendre la forme d'une assistance technique, d'ateliers de formation, de partage d'expériences et de voyages d'étude.
Selon Nong Duc Huy, chef de l'unité environnement du Département des ressources naturelles et de l'environnement de Bac Kan (DONRE), « il y a une pénurie de fonctionnaires locaux disposant d'une expertise en matière de changement climatique. D'ailleurs, il est communément admis que l'élaboration et la mise en œuvre d'un plan d'adaptation et de réponse au changement climatique relèvent de la seule responsabilité du DONRE. » Il est donc difficile pour des villes comme Bac Kan de formuler et de développer leurs stratégies de changement climatique de manière intégrée.
La mise en œuvre d'activités de renforcement des capacités devrait aider à résoudre ce problème et permettre à la ville d'élaborer un plan de réponse solide, durable et inclusif.
La directrice adjointe de l'AFD au Vietnam, Virginie Bleitrach, résume : « En dehors des infrastructures, le développement des capacités est la composante immatérielle qui apporte une valeur ajoutée au projet. Ce dernier contribuera au développement durable des villes et des provinces à long terme.»
Le contenu de cette publication relève de la seule responsabilité de l’AFD et ne reflète pas nécessairement les opinions de l’Union européenne.

Ce projet est réalisé avec le soutien de l’Union européenne