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Rwanda, agence AFD, Kigali
Quelques jours après l’inauguration des bureaux du groupe Agence française de développement (AFD) à Kigali, et en amont des commémorations du génocide de 1994 débutant le 7 avril, le directeur de l’agence AFD pour le Rwanda revient sur le contexte de ce retour dans le pays et sur les objectifs ambitieux en matière de développement portés conjointement par le Rwanda et la France.
Arthur GermontLe groupe AFD a officiellement inauguré les bureaux de sa nouvelle agence à Kigali le 31 mars 2022. Quel sens faut-il donner à cette présence physique renouvelée au Rwanda

Arthur Germond : Il y a, au Rwanda, une vraie attente du retour de la France. C’est vrai de l’AFD également qui n’était plus présente dans le pays depuis 1994. Ce contexte nouveau a été rendu possible par la remise du rapport Duclert au président de République française le 26 mars 2021, puis par la visite officielle de ce dernier à Kigali le 27 mai.

Nous menions déjà une activité depuis 2010, notamment à travers nos filiales Proparco – dédiée au secteur privé – et Expertise France (pour la coopération technique), mais dans un cadre très limité. Le directeur général du groupe AFD Rémy Rioux avait été reçu par le président Paul Kagame en juin 2019, ce qui avait permis à l’Agence française de développement de renouer le dialogue avec les autorités rwandaises. La reconnaissance de la responsabilité « lourde et accablante » de la France dans le génocide des Tutsis a permis de normaliser les rapports entre les deux pays. L’inauguration de l’agence du groupe AFD à Kigali, quelques semaines avant le début des commémorations du génocide, s’inscrit dans ce contexte de partenariat fort, résolument tourné vers l’avenir. 


En savoir plus sur les activités de l'AFD au Rwanda 


Quelle sera l’action du groupe AFD au Rwanda ?

A.G. : La déclaration d’intention conclue par le Rwanda et la France en mai 2021 prévoyait de mobiliser 500 millions d’euros sur la période 2019-2023. Le groupe AFD a déjà engagé 218 millions d’euros. Pour 2022-2023, nous prévoyons des financements à hauteur de 200 millions d’euros. Ces investissements s'articulent autour de trois piliers, en plus de la thématique transversale du sport – notamment pour un meilleur accès à la pratique sportive à l’école et la détection de jeunes talents :
 
- le capital humain (santé, éducation et formation professionnelle) ;
- le développement économique durable (numérique, innovation, finance verte) ;
- le développement local et l'accès aux services de base (accès à l’électricité, rénovations de quartiers).

Par ailleurs, la convention d’établissement que nous avons signée récemment couvre l’ensemble du Groupe, un cas unique pour l’AFD. Cela permet de créer un environnement réglementaire et administratif favorable aux activités de Proparco et d’Expertise France. Une douzaine de nos agents œuvrent déjà au Rwanda, et nous espérons nous agrandir rapidement.


En savoir plus : Le groupe AFD ouvre ses portes à Kigali 


Une convention a été signée avec le partenaire historique de l'AFD, la Banque rwandaise de développement (BRD), ainsi qu’avec le ministère de la Santé rwandais. Quels sont les objectifs de ces deux partenariats

A.G. : Sur la santé, notre engagement avec le gouvernement rwandais est très fort. À compter de fin 2022, le Rwanda va ainsi être en capacité de produire des vaccins contre le Covid-19, mais aussi d’autres types de vaccins à ARN messager ; nous accompagnerons la formation des personnes qui travaillent dans les usines de fabrication de ces vaccins. Nous appuierons également la construction d’un nouvel hôpital dans le nord du pays, qui sera aussi à vocation régionale, pour l’est de la RDC et le sud de l’Ouganda.

Concernant la Banque rwandaise de développement, nous travaillons ensemble depuis 1974. Nous avons signé début avril 2022 un accord de partenariat stratégique dans une logique de travail commun, sur un pied d’égalité, avec comme objectif d’imaginer de nouveaux outils de financements adaptés aux besoins du Rwanda. Notamment en direction des industries culturelles et créatives, ou du numérique. Le but est également d’œuvrer ensemble dans des instances internationales, par exemple dans le cadre de la coalition internationale de banques de développement IDFC ou de l’initiative Finance en commun. C’est dans cette même logique de travail en commun à l’international qu’Expertise France a initié des discussions avec son homologue Rwanda Cooperation. À tous les niveaux, la collaboration entre la France et le Rwanda est relancée. 


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