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Le changement climatique en cours ne présage rien de bon pour l’Afrique. D’ici la fin du siècle, les températures augmenteront dans tous les pays du continent, si l’on se fie aux projections réalisées par la Banque mondiale pour la période 2080-2099. Avec une moyenne annuelle se situant aujourd’hui entre 23 et 27 °C, l’Algérie connaîtra un climat plus chaud (27 à 30 °C en moyenne), tout comme le Mali, le Niger et le Tchad (entre 30 et 35 °C).
Certes, la hausse moyenne des températures annuelles d’ici la fin du siècle, de + 1 à + 4 °C en fonction des différents scénarios d’émission retenus par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et la Banque mondiale, sera légèrement moins marquée que celle attendue au niveau mondial (+ 3 à + 6 °C). Mais les vagues de chaleur devraient y être plus fréquentes, plus intenses et plus longues que dans le reste du monde, notamment dans les zones tropicales.
Les effets du réchauffement climatique pourraient aussi y être accentués par les faibles capacités de résilience et d’adaptation de certains pays du continent. Selon l’indice ND-GAIN, qui positionne ces deux dimensions d’exposition et de préparation au changement climatique sur une échelle de 100, l’Afrique se caractérise par un score (40) beaucoup plus faible que le score mondial moyen (52). Illustration de cette vulnérabilité, les rendements céréaliers pourraient diminuer de 5 à 24 % selon les plantes et les scénarios envisagés. Ces évolutions pourraient également provoquer des déplacements de populations à l’intérieur du continent : la densité de population pourrait bondir de 300 % d’ici la fin du siècle dans les zones subtropicales, moins chaudes que les zones équatoriales et tropicales.
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L’analyse de Damien Navizet, responsable de la division Climat de l’AFD : « L’Afrique est le continent où croissance urbaine et démographique seront les plus fortes : la majorité des infrastructures sont à construire, une main-d’œuvre importante est disponible et les besoins alimentaires croissants. Malgré une faible responsabilité historique dans les émissions de gaz à effet de serre, l’Afrique devra donc suivre un développement plus sobre en carbone que celui des pays industrialisés pour s’inscrire dans la trajectoire de l’Accord de Paris sur le climat. Dans un contexte de ressources d’investissement limitées, ses capacités d’innovation sont un atout pour relever le défi de marier développement et climat, sachant que beaucoup de choix qui définiront sa trajectoire de développement sont encore ouverts.
L’Afrique est aussi un continent touché de manière croissante par les chocs climatiques, notamment la hausse des températures, celle de la variabilité des précipitations et celle du niveau marin. Les sécheresses vont s’intensifier au Nord et au Sud. Les pluies violentes vont s’accroître en zone intertropicale. Les populations pauvres, rurales comme urbaines, seront les plus affectées. Un développement plus résilient est donc essentiel au maintien du ciment social. »
Pour aller plus loin :
Atlas de l'Afrique AFD, Pour un autre regard sur le continent africain, éditions Armand Colin, 25 euros.