L’eau et la démographie ne suivent pas forcément le même cours. À Dakar, la capitale du Sénégal concernée par la question, le président Macky Sall a pourtant inauguré le 10 juillet 2021 une troisième usine de traitement d’eau potable, à ce jour le plus grand ouvrage hydraulique jamais construit dans le pays.
Une collaboration fructueuse
Baptisée KMS 3, la troisième usine située à Keur Momar Sarr fait partie intégrante d’un approvisionnement d’eau potable majeur pour Dakar, distante de quelque 200 km. L’eau est pompée dans le lac de Guiers, dans le nord-est du Sénégal, puis traitée et enfin transportée par une conduite d’eau vers les robinets des habitants de la capitale.
Ce programme résulte d’une coopération fructueuse entre plusieurs partenaires techniques et financiers qui a mobilisé un budget global de 433 millions d’euros, dont 108 millions d'euros de prêts alloués par l’Agence française de développement (AFD).
L’investissement répond à l’absence de ressources en eau potable locales suffisantes dans la capitale sénégalaise. La croissance démographique forte à Dakar, couplée à l’activité économique, exerce par ailleurs une pression importante sur les infrastructures vieillissantes, conduisant à la saturation des capacités de production et de transfert de l’eau.
Une forte augmentation de capacité
Malgré tout, le nombre de foyers qui souffrent d’un service d’eau potable intermittent a déjà commencé à baisser avec l’entrée en production de la troisième usine. Celle-ci sera en mesure de produire 200 millions de litres d’eau par jour. Pour passer à ce niveau de production, il faudra attendre la fin des travaux des infrastructures de stockage et de distribution, toujours en cours. L’augmentation de la capacité de production et de transfert d’eau potable permettra d’améliorer la continuité du service pour un million de personnes dans la capitale et d’étendre l’accès à l’eau potable à 680 000 personnes supplémentaires.
« Le secteur a fait d’importants progrès depuis la première réforme institutionnelle en 1995 avec l’accès quasi universel à l’eau potable et le développement des réseaux d’assainissement collectif, constate Mai-Linh Cam, responsable Environnement, développement rural, eau et assainissement au Sénégal et en Gambie pour l’AFD. Mais des efforts sont encore à faire dans l’assainissement, la qualité et la disponibilité de l’eau. Le Sénégal mobilise pour cela des ressources considérables, avec l’aide de ses partenaires, en particulier l’AFD, qui cofinance la mise en œuvre de l’usine KMS 3. »
Les travaux de conception et de réalisation de la station de traitement et de pompage sont achevés. En sus de la construction de l’usine et d’une canalisation d’adduction jusqu’à Dakar, le projet inclut le renforcement et l’extension des réseaux de distribution.
Ce projet bénéficiera aussi à l’environnement : il mobilise de la ressource en eau de surface qui aura un impact positif sur la préservation de la nappe phréatique en permettant l’arrêt progressif de sa surexploitation par les forages. Autant de signaux positifs à l’approche du 9e Forum mondial de l’eau que le Sénégal accueillera en 2022.
→ À savoir
Le projet a été cofinancé par plusieurs partenaires techniques et financiers : l'AFD (108 millions d'euros), la Banque africaine de développement (65 millions d'euros), la Banque européenne d’investissement (100 millions d'euros), la Banque islamique de développement (133,5 millions d'euros), la Banque mondiale (6 millions d'euros) et l'État sénégalais (20,5 millions d'euros).