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un oiseau dans les sargasses
L’Agence française de développement est partenaire du projet de lutte contre les nuisances liées aux échouages des algues sargasses, Sarg’Coop, piloté par le Conseil régional de Guadeloupe. Retour sur un phénomène local à forts enjeux économiques, environnementaux et sanitaires.

Les sargasses, ces algues brunes invasives équipées de flotteurs naturels qui leur permettent de dériver à la surface de la mer et de s’y multiplier, forment régulièrement des amas de plusieurs dizaines de kilomètres le long du littoral des Antilles. Le phénomène n’est pas nouveau, mais leur volume a considérablement augmenté depuis plus de dix ans, à tel point qu’on les trouve désormais à l’embouchure de l’Amazone et jusqu’au golfe du Mexique.

Dans l’océan Atlantique, les sargasses se reproduisent par fragmentation, ce qui engendre une croissance rapide, et stockent naturellement l’arsenic présent dans les fonds marins tout en cherchant des sources de phosphate pour leur survie.

Ennemies de la biodiversité

Sans surprise, ces algues ont des conséquences terribles sur la biodiversité : lorsqu’elles sont au large, elles forment une cotte de mailles étirée, saine, qui peut cependant être fragmentée par le passage des bateaux à moteur, contribuant ainsi à leur prolifération. C’est aussi lorsqu’elles s’agglutinent sur le rivage, stressées, hors de leur milieu habituel, que leur situation devient critique. Elles meurent et consomment alors tout l’oxygène du milieu où elles se trouvent, tout en relâchant des émanations d’hydrogène sulfuré (H2S), gaz toxique voire mortel. Au niveau sanitaire, les émissions d’H2S et d’ammoniaque (NH3) issues de la décomposition des sargasses peuvent provoquer maux de tête, nausées, vomissements, dégradation accélérée des appareils électroniques et électroménagers, tout en faisant fuir les touristes qui privilégient des zones non polluées.

Les phénomènes de marée dorée sont de plus en plus fréquents : que faire alors pour limiter leurs impacts sur les côtes, notamment antillaises ? Selon Damien Devault, maître de conférences au Centre universitaire de formation et de recherche de Mayotte, « il faut rediriger les flots de sargasses avant qu’elles ne s’échouent sur le sable en s’appuyant sur un système de barrages flottants, vers des zones où l’on a les moyens de les ramasser par des systèmes de chenilles asservies à la côte. »

Un potentiel économique

Car les sargasses sont un produit industriellement exploitable : on peut en extraire de l’alginate, composant essentiel des produits en tube comme la gouache, le dentifrice. On peut aussi les valoriser en terreau. Cependant, la stabilité de la production n’est pas assurée car il est difficile de modéliser et d’anticiper les échouages de sargasses. Il convient alors de les associer à un modèle déjà rentable, avec ou sans afflux de sargasses. Les sargasses sablées sont par ailleurs inexploitables : les ramasser marée après marée contribue à l’érosion côtière  le sable venant à manquer et nécessite un coûteux processus de nettoyage.

Peu d’initiatives de ce type sont mises en place en Outre-mer comme dans les États étrangers de la Caraïbe. De son côté, l’Agence française de développement contribue au financement du projet Sarg’Coop à travers une subvention du Fonds Outre-Mer de 300 000 euros qui permettra d’accompagner le déploiement d’un réseau de mesure de la qualité de l’air commun à plusieurs pays de la Caraïbe. Le suivi des données de ce réseau se fera à partir de la Guadeloupe.