Ils étaient 3 000 sur la ligne de départ. À la suite d’une campagne d’un mois et demi, ce sont 100 hommes et femmes âgés entre 28 et 40 ans qui ont été sélectionnés. Objectif de cette nouvelle promotion : œuvrer à la modernisation des relations entre la France et le continent africain à travers des séminaires, voyages, travaux de groupes. Membres de l’Agence française de développement (AFD), Jules Porte et Hubert Evariste Vieyra font partie de ces lauréats. Retour sur leurs parcours respectifs.
À 38 ans, Hubert Evariste Vieyra est originaire du Bénin. Depuis bientôt deux ans, il réside à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Ses diplômes reflètent son appétence pour l’économie et la finance : une maîtrise en sciences de gestion, un master en banque et finance de marché et un MBA de HEC Paris. C’est tout naturellement qu’il rejoint l’univers des banques commerciales : United Bank for Africa, la BGFIBank, la Banque internationale pour l’industrie et le commerce… Il y travaille une douzaine d’années comme analyste de crédit, responsable d’un groupe d’analystes, directeur et membre du comité de direction, dans la gestion des risques de crédit et de marché.
« Après mon MBA, j’avais envie de donner une autre direction à ma carrière, de découvrir la banque de développement dans toutes ses dimensions », confie Hubert Evariste. En octobre 2019, il rentre à l’AFD en tant que responsable de suivi du portefeuille à la Direction régionale du golfe de Guinée. « Un poste qui offre une vision à 360 degrés, ce que je recherchais », complète-t-il. Il découvre les promotions annuelles Young Leaders proposées par la French-African Foundation grâce à son « mentor ». Postuler est une chose, concilier engagement professionnel et exigences du programme en est une autre. Travail de groupes, séminaires, déplacements… « C’est là que le soutien du responsable est crucial », explique Hubert Evariste qui a eu la chance de travailler avec un directeur régional bienveillant. Encore faut-il réussir à passer l’étape des sélections… « Le plus dur a été de trouver les mots justes et les projets à impacts, afin de convaincre le jury. En effet, la sélection est poussée, le taux d’acceptation est de 3 % environ », note le lauréat.
Hubert Evariste voit dans ce programme une opportunité de faire des rencontres qu’il n’aurait peut-être pas pu faire sans la French-African Foundation : « j’avais aussi envie de me confronter à cet écosystème de talents très diversifié et aussi de développer mon réseau de contacts. » Cette nouvelle promotion de talents est également un lieu de débats et d’échanges. Evariste espère faire valoir ses idées : « je crois particulièrement à la force du secteur privé en Afrique et son financement par le capital investissement. »
Macroéconomiste et économiste du développement, Jules Porte est diplômé de l’Institut d'études politiques de Grenoble et de l’Université Paris Dauphine.
Très vite, il pratique l’économie à l’étranger. Consultant à Rabat au Maroc pour la Banque mondiale, il travaille notamment aux départements Pauvreté et équité et Macroéconomie. Il est également attaché sectoriel en macroéconomie pour l’antenne de la Direction générale du Trésor à l’ambassade de France, toujours à Rabat. Puis en Turquie, à Ankara, en tant que conseiller financier cette fois-ci.
À l’AFD depuis 2019, Jules intègre l’AFD comme économiste risque-pays au département Diagnostics économiques et politiques publiques. C’est dans ce cadre qu’il découvre, sur le terrain, une partie de l’Afrique subsaharienne, lors d’une mission au Rwanda en février 2020. Il rencontre des acteurs publics et privés, le ministère du Développement durable rwandais, celui des Finances, la Banque centrale, l’Union européenne, et les principaux bailleurs… Jules produit à son retour un rapport macroéconomique qui fait état de la croissance du pays, de la soutenabilité de la dette rwandaise, et éclaire sur les possibles risques sociaux et politiques… « Le premier rapport de ce genre pour le Rwanda, un prérequis pour démarrer les activités dans le pays et l’installation d’un bureau sur place », précise l’analyste.
S’il a commencé ses premières expériences professionnelles en Amérique latine, l’homme de 31 ans envisage désormais sa carrière en Afrique. « Aujourd’hui, j’essaye de cultiver ce tropisme africain au sens large », livre-t-il. Il ne cache pas avoir une affection particulière pour le Sénégal par exemple. Quant au Rwanda, il y voit un pays « intéressant », à « l’histoire tragique et qui relève la tête. » Le lauréat des Young Leaders 2021 souhaite profiter du programme pour approfondir son réseau. « Le secteur privé – que je connais moins que le secteur public – suscite mon intérêt, ce programme peut me permettre de sortir des discussions essentiellement gouvernementales. »