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Plage d'Anse Couleuvre, nord-Martinique
La Martinique est confrontée à de nombreux risques associés au changement climatique, notamment l'élévation du niveau de la mer, les submersions marines et l'érosion côtière. Treize communes sont inscrites sur la liste des territoires exposés au recul du trait de côte, publiée en avril 2022 par le gouvernement, et adaptent leurs politiques de planification urbaine.

Chaque année sur les côtes de la Martinique, l’océan gagne en moyenne un mètre sur le littoral. Si l’érosion côtière est un phénomène naturel, son rythme s’est accéléré à la faveur des activités humaines : prélèvement de sable, déforestation des mangroves protectrices, urbanisation galopante en bord de mer… Sur l’île, certaines plages se sont ainsi réduites de 120 mètres en largeur.


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Des documents du XVIIIe et XIXe siècle racontent qu’il était alors possible de relier les communes de La Trinité, à l'est de l’île, et du Carbet, à l’ouest, en longeant la côte nord – ce qui n’est plus possible aujourd’hui. Les habitants du littoral ont été contraints de se replier vers l'intérieur des terres car l'activité humaine établie dans ces zones est de plus en plus confrontée à l'érosion côtière.

Un autre phénomène menace les populations côtières et le littoral martiniquais : l’érosion des sols marins. Ce phénomène, s’ajoutant à la hausse du niveau de la mer due au réchauffement climatique, a déjà augmenté la profondeur des eaux dans ces régions ; il fragilise aussi les récifs coralliens, barrières de protection essentielles contre les vagues, les tempêtes et l’érosion des côtes. L’industrie de la pêche côtière, secteur économique phare dans la région, est aussi impactée.

Construction d’une digue

Il existe différentes solutions pour s’adapter à l’érosion côtière et à ses impacts. Certaines communes ont opté pour l’investissement dans des infrastructures comme les digues de protection. C’est le cas dans la commune de Schœlcher, où l’AFD a financé des actions de redynamisation et de protection du littoral communal. Une digue a donc été créée, ainsi qu'un poste de commandement permettant de coordonner la réponse aux catastrophes naturelles.

Le projet, baptisé « Aménagement portuaire d’intérêt territorial » (APIT), s’inscrit dans une vision plus globale sur la préservation d’un espace de pêche, de tourisme et de sport labellisé « France station nautique », auquel l’attractivité de la ville doit beaucoup et qui est menacé par l’intensification des épisodes cycloniques. En parallèle, la ville a également mandaté une assistance à maîtrise d’ouvrage pour définir une vision de long terme d’aménagement de sa frange littorale.


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À ce titre, et alors que les compétences des collectivités territoriales n’ont cessé d’augmenter dans les domaines de la prévention des risques et de la planification urbanistique, l’AFD finance grâce au Fonds Outre-mer, à hauteur de 119 000 euros, un accompagnement scientifique et stratégique au bénéfice de la ville de La Trinité.
Celui-ci consiste à mobiliser une mission d’experts pour que la commune affine sa connaissance des dynamiques côtières de la zone et définisse un mode de gestion qui permette de prévenir durablement la dégradation des traits de côte sur cinq sites identifiés. L’inclusion des populations et l’émergence d’une culture commune de la protection du patrimoine naturel sont deux des aspects saillants de l’ambition de la ville.

Végétaliser le littoral

D’autres ont fait le choix d’investir dans des solutions de transition écologique plus radicales. La commune du Prêcheur, au nord-ouest, qui fait partie des collectivités les plus impactées sur son territoire, incarne au travers de son député Marcellin Nadeau l’organisation d’une réponse transversale intégrant l’ensemble des risques naturels via le déplacement du centre-bourg dans les hauteurs.


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Aux côtés de l’État et des acteurs locaux, l’AFD est ainsi associée au programme d’Opérations habitats renouvelés en Outre-mer (OPHROM), qui met en valeur des initiatives architecturales se basant sur l’utilisation de matériaux traditionnels et adaptés au climat des Antilles. Par ailleurs, la ville cherche à renouer avec les équilibres primaires de son environnement, en végétalisant le littoral avec des espèces endémiques. Ces plantes, du fait de leur importante densité végétale et de leur système racinaire, retiennent efficacement le sable et se révèlent de redoutables alliés face aux submersions marines.