Dans la nuit du 16 au 17 septembre, la tempête Fiona s'est abattue sur la Guadeloupe, entraînant une montée des eaux d'1,5 m par endroits, des routes coupées, des éboulements… La crue soudaine d'une rivière à Basse-Terre a emporté une habitation et son occupant. Une tempête officiellement reconnue comme une « catastrophe naturelle ».
Pour prévenir au maximum les conséquences de ces catastrophes, l’État et les collectivités locales guadeloupéennes tiennent compte des risques naturels dans le développement de l’archipel : construction de bâtiments aux normes avec des matériaux innovants et performants, aménagements adaptés, sensibilisation et information des habitants… L’AFD soutient ces démarches en finançant projets et plans pluriannuels d’investissements, qui incluent des travaux de réhabilitation des bâtiments et de la voirie systématiquement accompagnés d’études sur la diminution des risques d’inondation.
Un profil territorial fragile
Les risques de catastrophes naturelles en Guadeloupe sont exacerbés par différents facteurs géographiques et de vulnérabilité des populations. Les petits territoires insulaires sont par nature plus exposés aux aléas climatiques, notamment en raison de leurs caractéristiques physiques : des espaces fermés, souvent affectés par la montée des eaux. À cela s’ajoute la fragilité socio-économique d’une partie de la population guadeloupéenne, qui présente une densification urbaine forte.
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De nombreuses opérations de résorption de l’habitat insalubre sont menées pour réhabiliter ou remplacer les anciennes constructions sauvages qui n’étaient pas aux normes anticycloniques ou parasismiques, et souvent situées dans des zones inondables. De manière générale, les infrastructures publiques et le bâti se détériorent plus rapidement sur le territoire du fait de son climat tropical. Ils sont ainsi moins résilients face aux conditions météorologiques extrêmes.
Le dérèglement climatique, qui affecte sensiblement la fréquence et l’intensité des aléas naturels, ainsi que la connaissance hétérogène au sein de la population des risques encourus, ajoutent encore au caractère précaire de la situation de l'archipel.
Financer l’adaptation par une meilleure anticipation
L’anticipation des catastrophes naturelles passe notamment par la mise aux normes de bâtiments publics prioritaires via le Plan séismes Antilles (PSA), lancé en 2007. Ce plan vise à rénover ou reconstruire ces bâtiments pour réduire les risques sismiques, à accompagner les acteurs de l’aménagement et de la construction à travers des formations, à développer la culture du risque et de l’information préventive et enfin à améliorer la connaissance des risques sismiques.
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Il s’agit là d'un outil fondamental selon Frédéric Guillaume, directeur de l'agence AFD de Pointe-à-Pitre : « Sous pilotage de la Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Deal), l’AFD intervient à travers un accompagnement technique et financier des collectivités pour la réduction de la vulnérabilité des écoles, afin de concrétiser les projets dans des délais impartis et à des coûts acceptables. »
65 % des élèves occupent actuellement des bâtiments qui ne respectent pas les normes parasismiques. L’objectif est de mettre 1 250 enfants en sécurité en Guadeloupe et en Martinique d’ici deux ans.
La Plateforme d'intervention régionale Amériques-Caraïbes (Pirac)
Le niveau de connaissance des risques naturels et sanitaires liés au réchauffement climatique est très variable dans l’archipel, tout comme celui des comportements à adopter en cas de crise. Ce manque de préparation des populations fragilise et concourt à l’augmentation du nombre de personnes affectées par les catastrophes naturelles.
Depuis 2018, l’AFD a subventionné à hauteur de 5,5 millions d’euros la Croix-Rouge française et sa Plateforme d'intervention régionale Amériques-Caraïbes (Pirac) pour mener à bien le programme 3 Océans, dans lequel s’intègre le projet « Ready Together », en partenariat avec l'Organisation des États de la Caraïbe orientale (OECO). Pour Jérémie Sibeoni, chef de la délégation de la Pirac, « ce projet vise à renforcer la résilience des territoires caribéens aux catastrophes naturelles via la coopération inter-caribéenne pour permettre une réponse plus efficace aux besoins des populations confrontées aux risques et aux conséquences du changement climatique. »
Dans le cadre du programme 3 Océans de la Croix-Rouge, la Plateforme recevra prochainement une nouvelle subvention de 4,5 millions d’euros, cofinancée par l’AFD, le programme européen Interreg et la Région Guadeloupe. Cette subvention permettra notamment la construction d’un entrepôt humanitaire régional basé en Guadeloupe qui bénéficiera à toute la zone.