En tant que banque publique au service de la France et des Objectifs de développement durable des Nations unies, l'AFD doit s’assurer de l’efficacité des actions qu’elle finance. La production de connaissances et les leçons tirées de l’expérience qui ressortent des évaluations menées par l'AFD permettent, dans une logique d’apprentissage permanent, de réorienter ses actions pour en améliorer la qualité et doper leurs impacts. Elles sont aussi utiles pour prendre des décisions, dialoguer avec les acteurs du développement et rendre compte des résultats aux élus, aux citoyens et aux pays partenaires.
1. Avant le projet
Chaque projet de financement fait systématiquement l’objet d’une analyse préliminaire (dite « ex-ante ») par une équipe projet de l’AFD. Elle associe des compétences opérationnelles techniques et financières. Le projet est notamment passé au crible d’un dispositif d’analyse de développement durable : les impacts escomptés sont analysés selon les 17 Objectifs des Nations unies. Un « avis développement durable » est aussi rendu par une structure indépendante des directions opérationnelles, en vue d’éclairer la décision des instances de l’AFD (hormis pour certaines catégories de projets).
La maîtrise des risques environnementaux et sociaux impose également une étude d’impact plus ou moins approfondie, en fonction du niveau de risque, afin d’évaluer et d’éviter les effets négatifs sur l’environnement et les communautés.
Les résultats de ces évaluations ex-ante sont contrôlés par plusieurs services indépendants des opérations : les métiers de la gestion des risques, ceux en charge de la stratégie, de l’innovation et de la recherche, ainsi que le service juridique. Ce n’est qu’au terme de ces vérifications rigoureuses que les équipes de l’AFD soumettent les projets de financement au Conseil d’administration pour approbation.
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2. Pendant le projet
Après le lancement d’un projet, un dispositif de suivi-évaluation peut être mis en place par le maître d’ouvrage pour lui permettre de piloter la mise en œuvre de son projet.
Les équipes de l’AFD, quant à elles, suivent son avancée au travers de rapports transmis par les maîtres d’ouvrage, de missions de supervision sur le terrain et d’audits techniques et financiers de consultants externes. En particulier, les projets font l’objet d’audits permettant de s’assurer de la bonne gestion du compte projet ou de l’utilisation des fonds conformément aux termes du contrat.
Mais il arrive qu’un projet ne se déroule pas exactement comme prévu et rencontre des difficultés de mise en œuvre. « Il peut alors être utile de conduire une évaluation à mi-parcours, afin de le réorienter », explique Jean-Claude Pirès, directeur du département Évaluation et apprentissage à l’AFD. C'est par exemple le cas pour ce projet de conservation forestière à Madagascar.
3. En fin de projet
Lorsqu’un projet se termine, les équipes opérationnelles de l’AFD établissent un rapport d’achèvement portant sur les moyens, les réalisations et les résultats. Une évaluation de projet peut ensuite être menée afin de mieux comprendre ce qui a bien ou moins bien fonctionné et de préparer une nouvelle phase ou d’analyser les impacts d’une innovation.
Cette évaluation est soit prévue à l’avance dans le budget d’un projet, soit décidée à son achèvement, après échanges internes à l’AFD (département des évaluations, divisions techniques, directions régionales, administrateurs) ou avec les institutions françaises concernées, ainsi qu’avec les bénéficiaires de l’aide et les maîtres d’ouvrage.
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4. Plusieurs années après le projet
Une sélection de projets sont aussi évalués plusieurs années après leur achèvement, généralement deux à trois ans plus tard, s’il apparaît pertinent d’en mesurer les impacts à plus long terme. Avec ces évaluations ex-post, « l’important est de répondre aux bonnes questions et dans le bon timing. C’est pour cela que nos évaluations sont sur mesure », pointe Jean-Claude Pirès. Les méthodes et les outils utilisés varient selon les projets : analyse statistique, données satellitaires, entretiens individuels, groupes de discussion, analyse documentaire…
De manière générale, les évaluations des projets de l’AFD nourrissent la réflexion des équipes lors de l’étude du financement d’un futur projet. Elles débouchent ainsi sur des recommandations concrètes, tout en contribuant à la diffusion de la culture de l’évaluation. Elles ont aussi vocation à nourrir les réflexions des maîtrises d’ouvrage sur leurs propres stratégies et projets, et les enseignements profitent à toutes les parties impliquées dans le projet.
En fin de compte, environ 50 % des projets achevés sont ainsi évalués. « Cette cible correspond à une bonne pratique internationale utilisée par les bailleurs de fonds. Notre logique est d’évaluer un projet seulement dans le cas où les leçons que l’on en tirera seront utiles pour améliorer notre action », précise Jean-Claude Pirès.
La plupart des évaluations sont confiées à des cabinets externes. Il arrive cependant qu’elles soient réalisées en interne, par des experts n’ayant toutefois jamais été en lien avec le projet.
Pour aller plus loin : Les documents d’évaluation de projets sont en accès libre (près de 400 évaluations de projet) sur le portail open data de l’AFD.
5. Les évaluations supplémentaires
L’AFD pratique en outre trois autres types d’évaluations :
Les évaluations au champ large : elles portent sur une thématique, un secteur, une géographie ou encore un instrument financier. Elles couvrent le plus souvent un périmètre plus vaste et une période de temps plus longue que les évaluations de projets. Ces évaluations peuvent également porter sur les stratégies sectorielles, géographiques ou transversales. L’AFD a ainsi procédé en 2024 à une évaluation de sa réponse à la pandémie du Covid-19 via son initiative Santé en commun, qui a couvert près d’une centaine de projets. Autre exemple : l’évaluation en 2023 de la prise en compte des enjeux d’adaptation au changement climatique dans les projets eau et agriculture en Afrique et à Madagascar, qui a couvert un échantillon de 35 projets. Ces évaluations sont pour la plupart rendues publiques via leur publication sur afd.fr, dans la collection ExPost de l’AFD ou dans des revues scientifiques.
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Les évaluations scientifiques d’impact : elles ont pour objectif de mesurer les améliorations strictement attribuables à l’un des projets soutenus par l’AFD. Face au déficit actuel de connaissances sur les effets des actions de développement, ce type d'évaluations mobilise des approches issues de la recherche en sciences sociales. En raison de la spécificité des méthodes utilisées, ces évaluations portent sur l’un des aspects d’un projet, plutôt que sur l’ensemble des résultats qui lui sont associés.
Les capitalisations : réalisées à partir des conclusions des évaluations ou de revues analytiques et de l’expérience des acteurs, elles ciblent en priorité les actions revêtant une dimension collective, à l'échelle de plusieurs projets, afin de permettre aux équipes opérationnelles de prendre du recul sur leurs pratiques.
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