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Inondations
Depuis 2015, le groupe AFD a nettement renforcé son engagement en faveur de l'adaptation au changement climatique. L'évaluation de 35 projets comprenant un volet adaptation en Afrique subsaharienne permet d'ajuster les interventions en fonction des réalités du terrain et révèle de grands défis pour la communauté du développement.
 
Rapport Évaluations 2023
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Alors que le réchauffement climatique devrait atteindre 1,5 °C dès le début des années 2030 selon le rapport du Giec de mars 2023, le groupe AFD œuvre pour que la totalité des projets qu’il finance soient alignés avec l’Accord de Paris. Pour atteindre cet objectif, depuis 2015, le Groupe a, entre autres, fortement augmenté ses financements en faveur de projets à co-bénéfices adaptation, c'est-à-dire qui répondent aux risques liés au réchauffement climatique, tout en visant d'autres objectifs de développement. C’est le cas par exemple du projet Pikine Irrégulier Sud II, au Sénégal, destiné à réduire la vulnérabilité du territoire aux inondations, ou encore du Programme intégré d’assainissement d’Antanarivo (PIAA) à Madagascar, conçu pour améliorer les conditions de vie et de santé des habitants par une meilleure maîtrise du risque d’inondation. 

L’évaluation de ces initiatives est essentielle afin qu’elles correspondent au mieux aux réalités du terrain. « Face aux besoins immenses des pays partenaires, l’objectif est à la fois de poursuivre la croissance des financements déjà engagés en faveur de l’adaptation et d’en renforcer les impacts », explique Claire Cogoluènhes, chargée d’évaluation à l’AFD.

Le Groupe a donc souhaité évaluer l’efficacité de certaines de ses interventions à co-bénéfices adaptation en Afrique subsaharienne. Réalisée en 2022 par les cabinets Baastel et Acterra, une évaluation couvrant la période 2007-2018 a ainsi analysé 35 projets dans les secteurs de l’agriculture, de l’eau et de l’assainissement, complétée par trois études de cas (Sénégal, Niger, Madagascar). 


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Un chantier majeur

Contrairement à l’atténuation du changement climatique pour laquelle il est possible de quantifier le nombre de tonnes de CO2 évitées, mesurer la contribution d’un projet à l’adaptation est complexe : il n’existe pas de cadre d’analyse ni d’indicateurs unifiés dans ce domaine. Au sein de la communauté du développement, ce manque engendre des difficultés concernant la mesure des résultats et les possibilités de projection dans le temps. 

À l’AFD, un véritable chantier méthodologique s’est ouvert pour prendre en compte l’adaptation dans les projets. L’évaluation note qu’un cadre d’analyse et des outils spécifiques (comptabilisation des co-bénéfices climat, diagnostic des risques climatiques…) ont été développés et progressivement mieux intégrés dans les projets : alors qu’elle était insuffisante de 2007 à 2014, leur utilisation au sein de l’AFD a significativement progressé à partir de 2015. Cela a permis de mieux identifier les risques liés au changement climatique et/ou la vulnérabilité des groupes ou territoires ciblés dans la grande majorité des projets revus – même si seulement 40 % d’entre eux faisaient l’objet d’analyses plus approfondies lors de leur instruction entre 2015 et 2018. 


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Des résultats tangibles… et des défis

Ce nouveau cadre d’analyse a contribué à l’obtention de résultats en termes d’adaptation. Par exemple, au Sénégal, l’évaluation du projet Pikine Irrégulier Sud II a montré que, selon les bénéficiaires du projet, la gravité des inondations a diminué considérablement sur le territoire et que les conditions sanitaires et économiques ont connu une nette amélioration.

Néanmoins, si l’analyse du risque climat est bien prise en compte, l’évaluation pointe également les difficultés inhérentes à ce type de projets. Les incertitudes liées aux scénarios climatiques à long terme, la difficulté d’évaluer les progrès réalisés ainsi que l’importance des moyens humains et financiers nécessaires sont autant de défis mis en avant par l’évaluation.

Définir des objectifs et des indicateurs

Pour aller plus loin, l’évaluation recommande de mieux définir les objectifs spécifiques à l’adaptation dès l’instruction des projets. L’enjeu est de préciser les actions visant à réduire les risques climatiques et d’y associer des indicateurs de résultats et d’impacts pour suivre les progrès réalisés. L’évaluation souligne aussi l’importance de bien intégrer ces projets dans les politiques publiques nationales afin d’avoir un impact plus structurel. Enfin, elle recommande de cibler les populations les plus vulnérables et de réfléchir aux conditions permettant d’assurer la pérennité de ces initiatives.


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Pour comprendre comment ses homologues intègrent l’enjeu de l’adaptation à leurs interventions, l’AFD a également réalisé un benchmark en complément de l’évaluation. « Outre la découverte d’approches inspirantes – notamment sectorielles – complémentaires à nos modes d’action, cet exercice a confirmé la pertinence de certains outils recommandés par l’évaluation et désormais utilisés à l’AFD et par nos partenaires : par exemple, le climate risk screening, dont le but est de diagnostiquer les risques climatiques auxquels un projet est exposé afin d’en améliorer la résilience », explique Catherine Simonet, chargée de mission à la division Climat et nature de l’AFD.
 
Les recommandations de l’évaluation ont contribué à la nouvelle feuille de route adaptation de l’AFD, qui vise à « renforcer l’intégration du risque climatique et la prise en compte de l’adaptation dans l’ensemble de nos programmes », poursuit Catherine Simonet. Ces recommandations « nous ont permis de préciser nos objectifs : au-delà de la dimension quantitative de la finance climat, il s’agit de nous recentrer sur la dimension qualitative, c’est-à-dire les résultats des projets, le suivi de leur impact et leur cohérence avec les plans nationaux d’adaptation », conclut-elle.