• logo linkedin
  • logo email
Jean-Baptiste Sabatié : « On estime à 1 milliard d’euros le coût du réchauffement climatique pour le Mexique », AFD
L’AFD a signé vendredi 20 mars un nouveau prêt de politique publique avec le ministère des Finances du Mexique. Ce prêt marque également le démarrage du programme d’accompagnement sur la finance verte et inclusive. Quels sont les enjeux d’un tel dispositif dans ce pays fortement impacté par les changements climatiques ?
Éclairage avec Jean-Baptiste Sabatié, directeur régional de l’AFD Mexique, Cuba et Amérique centrale, basé à Mexico.

​​

Jean Baptiste Sabatié, AFD MexiqueComment le Mexique est-il affecté par les changements climatiques ? 

Jean-Baptiste Sabatié : L’essor industriel qu’a connu le Mexique ces dernières décennies a eu un effet ambivalent : le pays est passé au 15e rang économique mondial, mais il est aussi devenu le 13e plus gros émetteur de CO2 de la planète. Parallèlement, le pays est particulièrement exposé aux conséquences du changement climatique. Plus de la moitié du territoire national est affectée par des phénomènes comme l’augmentation des températures, l’aggravation des épisodes de sécheresse, la multiplication des incendies de forêt et des ouragans, ou encore l’élévation du niveau de la mer.

Ces événements touchent de plein fouet les populations les plus pauvres. À l’échelle du pays, ils ont un impact financier croissant : leur coût a été multiplié par plus de 25 depuis les années 1980. Il atteint aujourd’hui la somme colossale d’un milliard d’euros pour la période 2000-2012.


Que fait le pays pour remédier à cette situation ?

Cela fait plusieurs années que les autorités ont conscience de cette vulnérabilité. Dès 2012, elles ont joué un rôle actif, en promulguant la première législation spécifique sur le climat, dite Loi générale sur le changement climatique (LGCC). En 2018, la LGCC a été révisée pour tenir compte des objectifs de long terme d’atténuation en cohérence avec l’objectif de 2 °C fixé lors de l’Accord de Paris en 2015.

Même volontarisme dans le domaine financier : les administrations d’État et le secteur bancaire ont mis en place divers mécanismes qui encouragent les investissements dans des projets à impact environnemental et social positif. Le Mexique est sur la voie de sa transition climatique.

Arrivé au pouvoir en décembre 2018, le gouvernement d’Andres Manuel Lopez Obrador devrait poursuivre dans cette voie, comme l’illustre l’annonce faite de préparer une émission souveraine verte avec un premier roadshow organisé auprès d’investisseurs européens fin février 2020


Comment l’AFD va-t-elle accompagner le Mexique dans cette transition climatique ?

Sur des sujets comme la biodiversité ou l’énergie, l’AFD et le Mexique ont déjà engagé plusieurs coopérations. Il est donc plus exact de dire que l’AFD continue d’accompagner le pays dans sa transition climatique !

Nous venons de signer avec le gouvernement mexicain un nouveau prêt de politiques publiques sur la finance verte. Comme tous les outils de ce type, le volet budgétaire est adossé à une coopération technique et un dialogue de politiques publiques. L’objectif est double : il s’agit d’aider le Mexique à mettre les financements publics et privés au service d’une croissance bas carbone et inclusive, conforme aux engagements pris dans l’Accord de Paris. Mais il faut aussi continuer de travailler sur la gestion des risques et la résilience – notamment des infrastructures.

Le modèle législatif français en matière de finance verte et de fiscalité environnementale suscite un fort intérêt. Ainsi, la loi relative à la transition énergétique adoptée par la France en 2015 oblige les investisseurs institutionnels à faire état, en toute transparence, de l’intégration des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leurs opérations d’investissement. Autre exemple français inspirant : la mise en place d’un budget vert consistant à évaluer les dépenses et les recettes de l’État français en fonction de ses objectifs environnementaux. C’est de ces expériences que les autorités mexicaines souhaitent bénéficier.

Mais cela marche aussi dans l’autre sens : les programmes mexicains sont sources d’enseignement pour la France via l’AFD, il s’agit bien de sujets « frontières », de solutions en construction pour tous les pays.