À côté d'une station de lavage de voitures de fortune, le long d'une rue très fréquentée de Dagoretti, un quartier défavorisé de l'ouest de Nairobi, au Kenya, un groupe d’anciens se réunit tous les mardis matin. Ils se retrouvent dans les locaux de la Kenya Aged Require Information Knowledge and Advancement (Karika), une organisation communautaire dédiée aux personnes âgées, où ils peuvent se rencontrer ou faire de l'exercice.
Dans les zones urbaines comme Dagoretti, les personnes âgées vivent souvent dans des conditions précaires, peinant à couvrir leurs besoins élémentaires. Selon une étude réalisée par le gouvernement kenyan en 2020, la moitié des personnes de plus de 60 ans connaît une forme extrêmement grave d'insécurité alimentaire. Avec l'âge, leur situation empire car elles sont exclues du marché du travail et ont de plus en plus de dépenses de santé. À cela s’ajoutent parfois la solitude et l’isolement.
L'AFD soutient un projet destiné à améliorer l'accès aux allocations vieillesse et l'autonomisation socio-économique des personnes âgées marginalisées, en travaillant avec Karika et le Kibera Day Care Centre for the Elderly (KDCCE), deux organisations communautaires basées respectivement dans les quartiers de Dagoretti et de Kibera, à Nairobi.
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Étendre l’accès au revenu universel de vieillesse
Depuis 2017, le gouvernement kényan met en œuvre un système d’allocation via des transferts monétaires, Inua Jamii 70+ (« Inua Jamii » signifie « renforcer la communauté » en swahili), visant à instaurer un revenu minimum universel de vieillesse pour les personnes de plus de 70 ans.
« Je souffre d'asthme depuis longtemps et je dois constamment inhaler de la Ventoline. L'aide que je reçois me permet de payer mes médicaments, qui sont très chers. Je peux également m’acheter des vêtements chauds », se réjouit Peter Kamau, bénéficiaire du programme et agent de police et de sécurité à la retraite, âgé de 77 ans.
La phase pilote de ce programme a démontré que l’un des principaux obstacles à ce système de revenu minimum de vieillesse était l’accès à l’information, certaines personnes âgées ne réclament pas leur pension. C’est pourquoi HelpAge International Kenya, par l'intermédiaire de ses partenaires locaux Karika et KDCCE, mobilise et sensibilise les personnes âgées quant à leurs droits et leur propose un soutien juridique et logistique si besoin.
Après cette phase pilote de diagnostic et de tests, le projet encouragera le ministère du Travail et des Affaires sociales à utiliser les résultats pour élaborer un manuel opérationnel du programme IJ70+ adapté aux constats du terrain.
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Inclusion sociale et autonomisation économique
Actuellement fixé à 2 000 shillings kenyans par mois, soit 16 euros environ, le montant de la pension reste faible, et le programme n’est accessible qu’à partir de 70 ans, alors que certaines personnes ne sont déjà plus en mesure de travailler avant d’atteindre cet âge.
Par exemple, Mary Kanini, 67 ans, partiellement sourde et diabétique, a été licenciée de son dernier emploi de femme de ménage en raison de son hypertension. « Pour l'instant, je n'ai pas de couverture maladie parce que je suis au chômage », explique-t-elle.
Pour soutenir des personnes comme Mary, ce programme pilote leur propose de s'engager dans des activités génératrices de revenus à petite échelle, au sein de groupes d'entraide d’une trentaine de membres.
Mary fabrique du savon qu'elle vend dans son quartier. Elle utilise une partie des bénéfices pour ses besoins quotidiens et réinvestit le reste dans son groupe d'entraide : « Cette activité me permet d'obtenir de l'argent pour acheter des médicaments », explique-t-elle.
Au-delà du complément de revenu généré, le centre géré par Karika lui permet de rencontrer d’autres personnes : « J'y passe de nombreuses heures parce que je me sens calme lorsque je suis entourée de mes pairs. J’ai remarqué que ça stabilisait ma tension artérielle, et puis ça m’évite de me sentir seule. »