Situé au cœur du Sahel, avec une population de près de 22 millions d’habitants, le Niger est souvent caractérisé par la prévalence de la pauvreté, la multiplicité et la récurrence des situations de crises (alimentaire, sanitaire, sécuritaire, climatique) et un fort taux de croissance démographique. Dans cet environnement fragilisé, le pays tente toutefois de poursuivre une trajectoire de développement avec l’appui de la communauté internationale.
Pour cela, les autorités nigériennes ont choisi d’encourager les partenaires techniques et financiers à s’aligner sur les politiques publiques mais également sur les procédures nationales, à travers la promotion des fonds communs. Si des fonds communs sectoriels existent dans plusieurs pays en Afrique de l’Ouest, le Niger fait toutefois figure d’exception à la fois par le nombre de fonds communs existants et l’ambition, au plus haut niveau de l’État, d’en faire un modèle pour le pays.
Trois fonds opérationnels
En 2023, trois fonds communs sont opérationnels au Niger : le fonds commun santé, le fonds commun hydraulique et le fonds commun sectoriel de l’éducation. Deux autres fonds sont en gestation : l’un pour appuyer la mise en œuvre du programme national dédié à l’irrigation, et l’autre sur le nexus urgence et développement.
Le fonds commun santé a été créé en 2006 avec la Banque mondiale. Il compte aujourd’hui cinq membres multilatéraux et bilatéraux (Unicef, Aecid, les Pays-Bas, l’AFD et bientôt l’Italie). Dix millions d’euros sont en moyenne versés par les bailleurs du fonds commun pour la mise en œuvre des plans d’activités annuels du ministère de la Santé publique.
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Le fonds commun sectoriel de l’éducation est quant à lui opérationnel depuis 2018 et compte à ce jour huit partenaires, dont l’AFD qui en est le coordonnateur. Ce fonds est le modèle le plus abouti : inscrit en loi de finances et aligné sur les procédures nationales pour l’exécution des dépenses et de la passation des marchés (contrairement au fonds commun santé), il appuie la mise en œuvre des réformes du pays et encourage l’appropriation par les acteurs des procédures nationales, y compris en termes de programmation budgétaire et de planification sectorielle, favorisant ainsi un plus grand leadership de la partie nationale sur la mise en œuvre des orientations de politique publique et les financements externes. 22 millions d’euros sont décaissés chaque année vers ce fonds.
Défis et engagements
Qu’ils soient budgétaires ou extrabudgétaires, les fonds communs au Niger ont l’avantage de réunir acteurs nationaux et partenaires techniques et financiers autour d’un même objectif d’appui aux politiques publiques en s'alignant progressivement le plus possible sur les procédures nationales, sous le leadership des Nigériens.
Les fonds communs présentent cependant plusieurs défis : l’appropriation des mécanismes et les capacités des acteurs, aux niveaux déconcentré ou décentralisé ; la bonne maîtrise des risques fiduciaires et de contre-performance opérationnelle ; la redevabilité en termes de réalisations concrètes mais aussi d’effets et de changement à long terme ; le dialogue et la coordination, avec la partie nationale mais aussi entre bailleurs de fonds dont les agendas peuvent, parfois, présenter certaines divergences.
Malgré ces défis, et une crainte parfois pour certains bailleurs et pays de perdre en visibilité en se fondant dans un collectif, de plus en plus de partenaires techniques et financiers, notamment européens et multilatéraux, s’engagent dans des fonds communs pour gagner en impact et contribuer à une meilleure efficacité de l’aide en lien avec la Déclaration de Paris.
Le Niger inspire de plus en plus en privilégiant cette approche alignée. En février 2023, une délégation guinéenne séjournait à Niamey pour mieux comprendre le fonds commun sectoriel de l’éducation et en tirer les enseignements pour leur propre fonds commun éducation.