Le premier séminaire du programme « Partenariats académiques Afrique-France » (PeA) a été organisé par l’AFD, Campus France, l’Agence nationale de la recherche (ANR) et l’Ambassade de France au Bénin du 10 au 12 décembre 2024, à l’Institut français de Cotonou (Bénin). Avec près de 180 participants, cet événement a réuni pour la première fois l’ensemble des porteurs des projets franco-africains soutenus par le PeA, et des acteurs de l’écosystème académique et de la recherche.
Parmi les intervenants était invité le Dr Moussa Diaby, directeur général de l’INP-HB (Institut national polytechnique Félix Houphouët-Boigny), qui œuvre à faire de l’institut une référence en termes de formation d’excellence, de recherche et d’innovation au service du développement durable de l’Afrique. L’INP-HB, situé à Yamoussoukro en Côte d'Ivoire, est classé 2e institution d’Afrique francophone (classement TUR, Top University Ranking). Il bénéficie du soutien de l’AFD depuis une dizaine d’années, à travers différents outils financiers, pour rénover ses infrastructures et ses équipements, faire évoluer ses formations et développer ses partenariats.
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En tant qu’acteur de l’écosystème académique africain, vous venez de participer au premier séminaire du PeA. Que pensez-vous de ce programme de partenariats ?
Dr Moussa Diaby : Il s’agit d’une initiative prometteuse et pertinente pour le renforcement des capacités académiques et de recherche en Afrique. Les possibilités offertes, notamment en matière de financement de projets de recherche, de mobilité académique et de développement conjoint de programmes, constituent des progrès considérables. Ces éléments sont essentiels à la construction d’un écosystème éducatif pérenne et adapté au contexte africain.
Lors du séminaire, vous avez présenté les actions prioritaires menées au sein de l’INP-HB en faveur des Objectifs de développement durable (ODD). Vous avez notamment cité la création et les impacts de la cellule Genre (qui correspond à l'ODD 5). Pourriez-vous nous en parler ?
La cellule Genre de l’INP-HB a pour mission la mise en œuvre de la stratégie institutionnelle pour l’inclusion sociale et la promotion du genre au sein de notre institution et avec nos partenaires. Nous menons des activités comme des campagnes de sensibilisation sur les violences basées sur le genre et le harcèlement en milieu scolaire, la désignation et la formation de points focaux Genre dans nos services stratégiques pour mesurer les impacts des activités liées au genre, la création d’un club Genre géré par les élèves, ou encore la mise en place d’un Gender Tour dans les lycées et collèges pour encourager les filles à s’orienter vers les filières scientifiques. Notre objectif est centré sur les jeunes filles et les sciences et vise un taux de recrutement de 35 % d’ici 2030, comparativement aux 29 % aujourd’hui. Au niveau des instances de gouvernance, l’institut compte 26 % de femmes, avec l’ambition d’atteindre la parité dans les prochaines années.
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Vous œuvrez à étendre le rayonnement de votre établissement en Côte d’Ivoire, dans la sous-région et à l’international. Quelles principales actions avez-vous mises en place pour cela ?
Elles s’articulent autour de trois axes : la signature et la diversification de partenariats nationaux et internationaux, l’adhésion à des réseaux universitaires d’excellence et le développement de notre réseau d’alumni. C’est en faisant de l’internationalisation un pilier de notre stratégie que nous avons déployé notre politique de rayonnement. Nous avons récemment noué des partenariats académiques et professionnels en Asie, avec l’Université Shenzhen et la firme indienne Zoho. En Afrique, nous contribuons à la formation d’étudiants de différents pays, comme le Libéria, le Gabon ou la Guinée-Bissau. Cette ouverture se reflète dans la diversité de nos effectifs, qui regroupent cette année des étudiants de 23 nationalités.
L’INP-HB a également intensifié la mobilité étudiante et mis en place des programmes de double diplomation avec des institutions de renom, comme l’École des ponts ParisTech et l’École polytechnique (X). Par ailleurs, nous avons lancé plusieurs formations délocalisées avec l’X, le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) et le Projet de mobilité urbaine d’Abidjan (PMUA). Avec l’Institut de technologie de Dar es Salaam en Tanzanie, ce sont des projets de recherche et d’innovation dans le domaine du spatial qui sont menés. Notre participation active à des rencontres internationales (U7+, Rescif) et le réseau de nos alumni jouent également un rôle crucial dans la notoriété de l’INP-HB.
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Les partenariats avec le secteur privé, pour favoriser la professionnalisation et l’employabilité des étudiants, sont essentiels pour les projets soutenus par le PeA. Auriez-vous des bonnes pratiques à partager à ce sujet ?
Pour renforcer notre stratégie dans ce domaine, nous avons créé le service des relations extérieures et du suivi des partenariats. Pour favoriser les échanges entre le monde académique et professionnel, nous co-organisons régulièrement des forums et des séminaires, comme l’INP-HB Career Center ou la Journée des entreprises, qui regroupent tous nos partenaires à la recherche d’élèves talentueux. Les entreprises participent aussi activement à l’élaboration de nos curricula, siègent dans les jurys de diplomation et contribuent à la formation de nos élèves, représentant 30 % de leur parcours éducatif.