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communautés autochtones AFD
Célébrée tous les ans, le 9 août, la Journée internationale des peuples autochtones offre une occasion importante de mettre en lumière les défis auxquels ces communautés sont confrontées dans le monde entier. Les peuples autochtones, qui représentent plus de la moitié de la diversité culturelle mondiale avec une population estimée entre 370 et 500 millions de personnes, jouent un rôle crucial dans la préservation des écosystèmes, notamment en Amazonie.

L’Amazonie, souvent qualifiée de poumon vert de la planète, s’étend sur 5,5 millions de km2 et abrite environ 10 % de la biodiversité mondiale connue. Ce sanctuaire de biodiversité est cependant confronté à de graves menaces. Les pratiques agricoles non durables et les activités extractives telles que l'exploitation minière illégale ont provoqué une forte déforestation qui a entraîné la perte d'environ un cinquième de cette forêt tropicale au cours des cinquante dernières années. Selon le WWF France, d'autres facteurs comme la pollution et les incendies de forêt constituent également des défis majeurs. Ces menaces sont exacerbées par des politiques environnementales affaiblies et le non-respect des droits des peuples autochtones.

Depuis 2021, le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM), en cofinancement avec l’Agence française de développement (AFD), soutient activement la mise en œuvre du projet TerrIndigena avec une subvention de 1,72 million d'euros, sur un budget total de 12,7 millions d'euros. Cette initiative vise à protéger plus de 17 millions d’hectares de territoires autochtones dans trois pays du bassin amazonien : l’Équateur, la Colombie et le Brésil

Le projet TerrIndigena met l'accent sur le renforcement de la gouvernance, sur la surveillance de l'état des forêts et des pressions exercées sur les territoires, ainsi que sur le développement d'activités économiques durables et respectueuses des traditions ancestrales des communautés autochtones.

Une relation étroite avec la nature

Pour Karen Colin de Verdière, chef de projets de la division Agriculture et biodiversité au sein de l’AFD, les populations indigènes sont cruciales pour la préservation de la forêt tropicale amazonienne. Elles ont développé des stratégies de conservation qui allient harmonieusement leurs besoins socio-économiques avec la préservation de la biodiversité. Leur relation étroite avec la nature, leur mode de vie traditionnel et leur connaissance approfondie des écosystèmes locaux sont des atouts précieux dans le maintien de l’équilibre écologique de la région.

« L’objectif principal de ce projet est de veiller à ce que les droits des communautés soient respectés et que leurs territoires soient pleinement reconnus. Ainsi, ces communautés pourront continuer à exercer une gestion durable de leurs terres et à protéger la forêt tropicale ainsi que sa biodiversité », souligne Karen Colin de Verdière.

En collaborant avec 18 organisations autochtones et des partenaires locaux tels que la Fondation Gaia Amazonas (Colombie), la Fondation EcoCiencia (Équateur) et l’Instituto de Pesquisa e Formação Indígena - Iepé (Brésil), TerrIndigena s'engage à protéger ces territoires vitaux et à préserver la biodiversité unique de l'Amazonie. L’initiative contribue également à renforcer les droits et le respect des cultures autochtones, tout en favorisant le développement durable et la réduction des inégalités parmi ces peuples. 

Seize territoires indigènes bénéficiaires

Pour Patricia Navas, coordinatrice régionale du projet, grâce à cette initiative, des avancées favorables ont été observées en matière de gouvernance, de renforcement des systèmes de surveillance communautaire et d'initiatives économiques durables pour les peuples indigènes impliqués dans le projet. 

« Le projet a déjà porté ses fruits en bénéficiant à 16 territoires indigènes d’une superficie totale de 17 494 140 hectares et en touchant directement 3 777 personnes. Il a renforcé les capacités de surveillance au sein des communautés autochtones, permettant à 113 indigènes de développer leurs compétences pour surveiller les pressions, les menaces et les changements de couverture forestière. De plus, TerrIndigena a encouragé le développement de huit activités productives basées sur des pratiques durables qui favorisent la préservation de la forêt et la protection de la biodiversité », détaille Patricia Navas.

Les efforts conjoints des organisations partenaires et des communautés autochtones témoignent de l'importance de la collaboration pour la préservation des territoires vitaux et de la biodiversité unique de l’Amazonie. Cette démarche collaborative a également été source d’inspiration pour d’autres peuples autochtones d'Amérique du Sud, renforçant la conviction que l’Amazonie est une région d’une grande diversité, écologique et culturelle, préservée grâce aux connaissances ancestrales des peuples indigènes et des communautés locales.

Croisement de données scientifiques et de savoirs ancestraux

Le projet TerrIndigena occupe une place centrale dans la stratégie du FFEM, alliant la préservation d'écosystèmes essentiels pour la biodiversité et la régulation du climat au bien-être des populations locales, dans un profond respect de la nature et des savoirs traditionnels. 

Selon Stéphanie Bouziges-Eschmann, secrétaire générale du FFEM, une grande part de l'innovation de ce projet repose sur le croisement des données scientifiques, notamment satellitaires, avec les savoirs ancestraux des communautés locales. En effet, leur prise en compte offre une connaissance inédite de l'état de dégradation de la forêt amazonienne et des espèces qui y vivent. Cette démarche respectueuse et participative contribue à renforcer les capacités des communautés locales et à préserver leur patrimoine culturel tout en protégeant l’environnement.

Grâce à un financement supplémentaire de 7 millions d’euros de l’AFD, le lancement d’une phase 2 du projet a été annoncé à l’occasion de la COP15 sur la biodiversité à Montréal, en décembre 2022. Cette nouvelle étape marque une avancée significative dans la préservation de l’Amazonie et la reconnaissance des droits des peuples autochtones. Elle promet de consolider les avancées déjà accomplies tout en ouvrant de nouvelles perspectives prometteuses pour l'avenir de la région.