Ruhengeri, dans le district de Musanze, au nord-ouest du Rwanda, est la deuxième plus grande ville du pays. Situé en plein centre, l’hôpital est l’établissement médical de référence pour les six districts environnants. Initialement construit en 1939, il atteint aujourd’hui ses limites, notamment en termes de capacité d’accueil : il reçoit près de 300 patients par jour et à l'avenir le nombre d’habitants devrait fortement augmenter.
Pour répondre à cet enjeu et en lien avec son plan stratégique de la santé, qui vise à améliorer le maillage territorial pour garantir l’accès à des soins de qualité partout, le gouvernement rwandais a sollicité l’appui de l’AFD. Le projet sera financé via un prêt de 75 millions d’euros et une subvention de 4 millions d’euros.
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Augmenter les capacités de l’hôpital
Le premier objectif de ce projet est d’augmenter les capacités de l’hôpital. Un changement d’échelle nécessaire : « aux urgences, nous avons 10 lits, mais nous recevons entre 20 et 30 patients par jour », explique Bernard Habineza, médecin généraliste.
« En plus de cela, nous n’avons que deux médecins aux urgences, qui alternent du lundi au dimanche. Les patients doivent attendre des heures avant d’avoir une consultation », complète Gisèle Mukahirkia, infirmière responsable des urgences.
Les problématiques sont les mêmes dans tous les services : maternité, pédiatrie, hôpital de jour… « Les médecins sont très dévoués et font de leur mieux, mais on ressent qu'ils sont débordés », explique Béatrice Mukahirwa, une patiente.
Tous les bâtiments existants, à l'exception du laboratoire, seront démolis pour faire place à un nouvel établissement spacieux et bien équipé. Les capacités de l’hôpital seront ainsi presque doublées, passant de 320 à 550 lits disponibles.
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La même qualité de soins qu’à Kigali
Par ailleurs, de nouveaux services seront développés : soins intensifs, diagnostics (scanners, IRM, électrocardiogrammes), etc. L’objectif est d’offrir la même qualité de soins que dans la capitale, Kigali, où sont aujourd’hui transférées toutes les personnes dans un état grave ou nécessitant des examens approfondis.
C’est le cas de Béatrice, qui souffre d’un problème cardiaque : « J’ai fait deux heures de route pour arriver jusqu’ici. Mais comme ils n’ont pas d’électrocardiogramme, je dois rouler encore deux heures pour me rendre à Kigali. C’est très fatigant, surtout quand on est malade. »
Pour le Dr Philbert Muhire, directeur de l’hôpital, le projet de reconstruction fera toute la différence pour les patients : « En plus d’améliorer les conditions de traitement des patients, nous disposerons de tous les services qui nous font actuellement défaut et nous pourrons offrir l’intégralité du panel de soins ici, à Musanze. »
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De meilleures conditions pour tous
Le projet vise en parallèle à renforcer les ressources humaines. En effet, le Rwanda compte quatre fois moins de praticiens que la recommandation de l’OMS et 49,3 % des postes hospitaliers sont vacants. Du personnel soignant sera formé, notamment en santé maternelle, gynécologique et infantile, en médecine aiguë (anesthésiologie, médecine d’urgence et soins intensifs) et en infectiologie, en lien avec les priorités du gouvernement. Dans ce cadre, des échanges seront organisés entre des établissements hospitaliers français et rwandais.
Pendant les travaux, les bâtiments alentour seront utilisés pour continuer à accueillir les patients. Et même si ces travaux prendront du temps, au moins quatre ans, le personnel médical est optimiste quant à l'avenir. Dans les services de gynéco-obstétrique, qui représentent environ 50 % de l’activité de l’établissement, les sages-femmes anticipent de pouvoir offrir plus d'intimité à leurs patientes. « Les espaces d’accouchement sont séparés seulement par des rideaux, et sont très étroits. Nous attendons avec impatience le nouvel hôpital », conclut Marie-Louise Uwimana, sage-femme.