Gestion des Eaux de Ruissellement dans le Tchad Sahélien (GERTS) IV

Le secteur agricole occupe une place importante dans l’économie du Tchad (près de 25 % du PIB national) et emploie 80 % de la population active tchadienne. Le système traditionnel de production de type extensif pluvial, hautement vulnérable aux changements climatiques, est le plus répandu. Le Tchad sahélien est marqué par une dégradation avancée des ressources naturelles. Dans cette zone, la problématique du manque d’eau est cruciale, la production agricole et l’exploitation pastorale de certaines zones est limitée ou elle n’est plus possible par manque d’eau car la nappe phréatique y est trop profonde. Ces provinces sont touchées chaque année par des crises alimentaires plus ou moins sévères, mais qui tendent à s’intensifier ces dernières années. En conséquence, la pression démographique sur les vallées disposant d’une nappe phréatique accessible est très grande, ce qui renforce des tensions sociales.

Le présent projet intervient après le cofinancement de la troisième phase auprès de la coopération suisse. La pertinence de l’approche par la construction de seuils d’épandage a fait ses preuves pour répondre aux besoins réels des populations sur les phases précédentes. En effet, les seuils permettent un épandage plus lent des eaux de ruissèlement afin de recharger les nappes dans les vallées en amont des infrastructures. Cette dernière phase permettra d’assurer une continuité dans l’accompagnement des populations pour s’approprier les nouveaux usages des terres dus à cette meilleure disponibilité de l’eau.

L’objectif du programme GERTS est l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations des régions du Batha, de l’Ennedi-Est, de l’Ennedi-Ouest et du Wadi Fira. Cette dernière phase a pour objectif de consolider l’accompagnement des populations autour des seuils d’épandage construits afin d’améliorer durablement leur résilience aux effets du changement climatique. Cela se traduit par l’appui à la gestion des ouvrages et l’utilisation des ressources en eau à travers l’exploitation économique et durable des espaces aménagés par les seuils d’épandage, et le travail avec les autorités tchadiennes pour une bonne appropriation de l’approche développée.

Le projet est structuré autour de trois axes stratégiques qui constituent les trois composantes :

• Aménagement de vallées par des seuils d’épandage et gestion durable et concertée par les populations et les autorités locales ;
• Amélioration de la production, transformation et mise en marché des produits agro-pastoraux pour augmenter les revenus des bénéficiaires, notamment les plus vulnérables ;
• Capitalisation, promotion et institutionnalisation de l’approche d’aménagement par les seuils d’épandage

La construction des seuils permettra de récupérer les eaux de ruissellement et d’alimenter les sols en eau et en sédiments, d’augmenter la surface agricole exploitable pour les cultures de la saison des pluies, d’assurer l’exploitation en contre-saison et d’augmenter la disponibilité de l’eau pour le bétail. L’ingénierie sociale déployée en soutien aux investissements améliorera la gestion des ressources et réduira les conflits et la vulnérabilité des personnes et de l’écosystème aux impacts du changement climatique.

La population totale habitant dans les 53 vallées ciblées, qui bénéficiera de l’impact des seuils d’épandage, est estimée à 216 000 personnes. Au sein de ces vallées, le programme appuiera plus précisément plus de 6800 personnes « acteurs clés du changement ». La tranche d’âge de 0-25 ans représente 68% des populations concernées. Presque 50% de cette population est constituée de femmes.