Éthiopie

Pays emblématique de la Corne de l'Afrique, l’Éthiopie occupe une place singulière tant par son histoire que par sa situation géographique qui en font un carrefour entre l'Afrique, le Moyen-Orient et l'Asie. Cette situation a contribué à sa richesse historique et culturelle, mais aussi à des tensions régionales récurrentes. Avec une superficie de 1,1 million de kilomètres carrés, l'Éthiopie est le deuxième pays le plus peuplé du continent africain, derrière le Nigéria : sa population d'environ 125 millions d'habitants continue de croître à un rythme rapide (+2,5 % par an) et devrait atteindre 150 millions d'habitants d'ici à 2050. C’est aussi l’un des moins urbanisés, avec une part de la population urbaine inférieure à 30% de la population totale, et le plus grand pays enclavé au monde.

L’Éthiopie figure habituellement parmi les 10 premiers bénéficiaires mondiaux de l'aide au développement, et en est le premier bénéficiaire en Afrique. L’AFD appuie depuis plus de 25 ans les processus de transformation du pays vers un développement inclusif et résilient.

Contexte

Au cours des vingt dernières années, l’Éthiopie a connu une croissance soutenue, souvent proche de 10 %, grâce à l’industrialisation, aux infrastructures et à une ouverture économique progressive. Les investissements étrangers, surtout dans l’agriculture et l’industrie manufacturière, ont favorisé une réduction de la pauvreté (IDH passé de 0,29 en 2000 à 0,497 en 2023). Mais depuis 2020, ces acquis sont fragilisés par les conflits internes ayant provoqué près de 5 millions de déplacés et une crise humanitaire majeure, notamment au nord et à l’ouest. À cela s’ajoutent des chocs climatiques récurrents (101e rang sur 181 à l’indice de risque mondial en 2022) et de profondes inégalités sociales et territoriales, menaçant la transition démocratique engagée dans les années 1990.

Classée parmi les pays les moins avancés, avec un PIB par habitant de 1320 dollars en 2024 et un IDH la plaçant au 180e rang mondial, l’Éthiopie déploie un ambitieux programme de réformes macroéconomiques (Home Grown Economic Reform – HGER) soutenu par les institutions de Bretton Woods et l’AFD. Son objectif est d’accéder au statut de pays à revenu intermédiaire d’ici 2030.

Premier bénéficiaire africain de l’aide publique au développement et parmi les dix premiers mondiaux, l’Éthiopie reçoit d’importants financements, surtout de la Banque mondiale et de l'USAid, orientés notamment vers la santé et l’éducation. L’AFD, présente depuis 1993 et représentée depuis 1997, concentre ses interventions sur les secteurs où se distingue sa valeur ajoutée : l’appui aux réformes macroéconomiques, les services essentiels (énergie, eau, assainissement), l’agriculture et la biodiversité, ainsi que le patrimoine.

Au niveau du groupe, Expertise France contribue par son appui technique, tandis que Proparco soutient, encore modestement, le secteur privé. L’ensemble des activités en Éthiopie relève de la Direction régionale Afrique de l’Est.

Notre approche

"L’AFD et l’Éthiopie : accompagner la mutation profonde de l’économie éthiopienne vers un développement équilibré et inclusif"

L’AFD concentre son action en Éthiopie sur l’accès des populations à l’énergie, à l’eau, à l’assainissement et à des transports publics modernes, ainsi qu’au renforcement des capacités des structures apportant ces services. Près de la moitié des Éthiopiens n’ayant pas encore accès à l’électricité, elle coopère avec Ethiopian Electric Power (EEP), partenaire historique, notamment via le projet intégré RISED. Celui-ci combine infrastructures, renforcement institutionnel et formation professionnelle, assurant la durabilité du réseau. Grâce aux partenariats entre pairs qu’elle peut contribuer à mettre en place,l’AFD est devenue le bailleur bilatéral de référence du secteur électrique.

Dans un contexte d’urbanisation accélérée (70 % de ruraux aujourd’hui), l’AFD finance le réseau de bus d’Addis-Abeba ainsi que divers projets urbains, y compris dans les villes secondaires. Elle soutient également la coopération patrimoniale par la restauration de bâtiments emblématiques.

Depuis 2019, le gouvernement éthiopien mène un vaste programme de réformes économiques libérales, renforcé en 2024 pour dynamiser le secteur privé et l’emploi. Le Groupe AFD accompagne ces réformes via des prêts budgétaires et des appuis techniques : performance des entreprises publiques, partenariats publics-privés, ouverture et supervision du système financier, mobilisation fiscale et modernisation de la fonction publique.

En cofinancement avec l’UE, l’AFD a confié à Expertise France un programme de simplification du cadre réglementaire et financier pour les PME et startups. Un appui spécifique au secteur des produits d’hygiène menstruelle vise par ailleurs à structurer une filière locale accessible et de qualité.

L’AFD a aussi soutenu Ethiopian Airlines (centre de formation, terminal fret) et privilégie désormais des investissements pleinement alignés avec les Accords de Paris. Dans l’agriculture, elle coopère avec l’Agricultural Transformation Institute (ATI) pour favoriser l’innovation, l’accès au crédit, la structuration de la filière café et le développement de l’irrigation.

Enfin, Proparco a investi 27 millions d'euros depuis 2017 dans l’industrie et le tourisme.

L’agenda de réformes lancé en 2019 par l’Éthiopie incluait la libéralisation politique et le renforcement de la société civile. L’AFD soutient ce processus via un double appui : modernisation de l’agence publique (ACSO) en charge des Organisations de la Société Civile (OSC) et accompagnement de groupements d’OSC actives sur les droits humains, l’accès à la justice, l’égalité de genre et la liberté des médias.

Depuis l’accord de Pretoria de 2022 mettant fin au conflit au Tigré, l’AFD souhaite contribuer aux processus de réconciliation, notamment en accompagnant le processus de justice transitionnelle et la Commission Éthiopienne des Droits de l’Homme, ou en facilitant la réintégration d’ex-combattants dans le secteur agricole.

L’AFD promeut aussi la résilience climatique, en soutenant l’agriculture familiale et l’agroécologie avec InterAide, la gestion des eaux souterraines à Dire Dawa avec le BRGM, et la préservation de la biodiversité dans le parc de Mazé avec la fondation Hailemariam & Roman.