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Partenariats Académiques Afrique-France : cinq nouveaux lauréats
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Le programme Partenariats Académiques Afrique-France (PeA) vient de dévoiler les lauréats de sa troisième édition. Cinq projets portés conjointement par 19 établissements d’enseignement supérieur et de recherche africains et français ont été retenus. Leur objectif est de créer des filières de formation professionnalisantes de la licence au doctorat, dans des secteurs économiques prioritaires pour les pays africains.
À l’occasion de l’annonce des lauréats de la troisième édition du programme Partenariats Académiques Afrique-France (PeA), la Pr Coumba Touré Kane et le Pr Jean-Pierre Gesson, coprésidents du comité d’évaluation qui a analysé les projets soumis, reviennent sur les caractéristiques de cette édition, les résultats attendus et les atouts des partenariats académiques entre l’Afrique et la France.
Quel regard portez-vous sur cette nouvelle édition et quelles tendances en émergent ?
Pr Jean-Pierre Gesson : Cinq pays sont couverts par cette édition. L’Éthiopie, qui avait déjà été sélectionnée dans le cadre de l’édition 2, est cette fois représentée par le projet Itege qui développera la filière de l’énergie géothermique. Et quatre pays rejoignent le PeA : le Gabon, le Kenya, le Nigéria et le Rwanda. Cette ouverture à de nouvelles géographies, en particulier non francophones, représente une opportunité pour les établissements d’enseignement supérieur et de recherche français. Leur intérêt pour les pays anglophones du continent s’accroît, et le PeA leur offre un cadre structuré et pluriannuel pour construire des partenariats solides et durables. Par ailleurs, cette troisième édition touche cinq thématiques très différentes : l’énergie, la santé et l’agroalimentaire, mais aussi les industries culturelles et créatives et la pharmacie, deux nouveautés pour le PeA. Les nombreux projets soumis ont montré que les secteurs ciblés restaient globalement proches de ceux des précédents appels à projets, tout en maintenant une diversité remarquable. Cela illustre bien l’étendue et la variété des enjeux actuels en Afrique.
Pr Coumba Touré Kane : Avant d’être coprésidente du comité d’évaluation, et après en avoir été bénéficiaire lors de la première édition du PeA, j’ai coordonné le projet Pettal au Sénégal. Je peux donc pleinement attester de la pertinence de cette belle initiative, et dire que son ouverture vers des pays non francophones confirme la dynamique et l’étendue des partenariats. Ce que j’observe dans cette édition, c’est que chacun des projets retenus a un intérêt qui dépasse le pays africain concerné. Leur impact régional favorisera de fait la coopération Sud-Sud. Ils ont aussi le potentiel d’inspirer d’autres établissements sur le continent en matière de création de filières adaptées au contexte local et actuel. Au-delà des bénéfices immédiats pour les étudiants, c’est donc toute la communauté universitaire africaine, francophone et anglophone qui pourra en tirer parti.
Les projets sélectionnés sont Beat (industries culturelles et créatives - Nigéria), Co-Fiphar (industrie pharmaceutique - Rwanda), Itege (énergie géothermique - Éthiopie), Masucu (santé humaine, animale et environnementale - Gabon) et Shift-KF (agroalimentaire - Kenya). Pour en savoir plus :
Quels résultats majeurs sont attendus des projets retenus ?
Pr Jean-Pierre Gesson : L’objectif principal pour les projets est de mettre en place des formations de qualité, capables de doter les étudiantes et étudiants des compétences nécessaires pour contribuer au développement de leur pays ou de leur région. Par exemple, le projet Masucu (Maladies animales, santé humaine - Collaborations universitaires) vise à former des experts en sciences de la santé, en santé humaine, animale et environnementale selon une approche One Health, capables de renforcer le système de santé publique et répondre aux défis sanitaires au Gabon. Plusieurs résultats sont attendus des projets pour parvenir à ce résultat : la conception de contenus pédagogiques adaptés aux besoins locaux, l’acquisition d’équipements et la montée en compétences des personnels. Le PeA œuvre de cette manière à la création de véritables pôles d’excellence, à l’échelle nationale ou régionale, étroitement connectés aux secteurs socio-économiques concernés, offrant ainsi de réelles opportunités aux jeunes du continent.
Pr Coumba Touré Kane : Le PeA prévoit également un volet « inclusion », pour améliorer l’accès et la réussite des jeunes femmes dans l’enseignement supérieur. Au-delà de ces résultats attendus, le programme est un outil aux effets très concrets. Il crée un écosystème de coopération fondé sur le partage de savoirs et d’expériences, la mobilité bilatérale et le dialogue constant avec le monde socio-économique. Cette dynamique mutuellement bénéfique profite à toutes les parties prenantes. C’est une opportunité dont il est important que les établissements se saisissent.
Que cela révèle-t-il de l’importance des rapprochements entre communautés académiques africaines et françaises ?
Pr Coumba Touré Kane : Ce que montre le PeA, c’est que la mise en réseau des communautés académiques, des acteurs de l'économie et de la société civile permet d’innover et de faire émerger des solutions ancrées localement. Au fond, ces rapprochements montrent une volonté commune d’investir de manière pérenne dans une transformation durable, fondée sur l’expertise et la confiance mutuelle.
Pr Jean-Pierre Gesson : Le partenariat entre établissements africains et français doit être gagnant-gagnant sur le long terme. Au-delà de la formation et de la recherche, il doit répondre efficacement aux besoins économiques, sociaux et technologiques des sociétés. Pour cela, la coopération peut et doit associer tous les acteurs dans un souci d’efficience, autour d’objectifs précis et partagés. Le PeA est dans cette logique : il propose des partenariats qui bénéficient aux deux parties et à leurs territoires.
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Publié le 26 novembre 2025