Article initialement publié le 11 avril, puis mis à jour le 30 avril 2024.
Répondre aux enjeux cruciaux de notre époque appelle un degré de collaboration inédit entre les grandes institutions internationales. C’est pourquoi, ce 30 avril 2024, les présidents de l'AFD et de la Banque mondiale ont signé un accord visant à promouvoir une croissance durable et inclusive afin de lutter contre la pauvreté, les inégalités et le changement climatique. Les priorités établies visent les pays vulnérables en soutenant le développement du secteur privé via la Société financière internationale (IFC) et Proparco, l'action climatique dans les pays émergents ou encore l'électrification du continent africain avec l'objectif d'aider 250 millions de personnes à accéder à une électricité durable d’ici 2030. Par ailleurs, le groupe AFD et le groupe de la Banque mondiale souhaitent collaborer sur la nouvelle Plateforme mondiale de cofinancement collaboratif du groupe de la Banque mondiale, dont le but est de mobiliser un plus grand nombre de partenaires pertinents et de financements, pour mettre collectivement en œuvre de meilleurs partenariats.
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La collaboration entre les deux entités financières est également un moteur de la transformation du système financier international comme le manifeste l'initiative Finance en commun (FiCS). Déjà, en juin 2023, le groupe de la Banque mondiale avait confirmé son soutien, pour faire collaborer plus de 500 banques publiques de développement, responsables collectivement de 2 500 milliards de dollars d’investissements annuels. Il s’agit de mettre la puissance du système financier au service des Objectifs de développement durable (ODD).
Ce passage à l’échelle s’appuie sur dix ans de collaboration inédite entre les deux grandes institutions internationales. Depuis 2013, l’Agence française de développement et la Banque mondiale ont en effet investi conjointement sur plus de 100 projets en cofinancement, qui visent notamment à lutter contre le changement climatique, la pauvreté et les inégalités. Ce partenariat, fondé sur la complémentarité des expertises et une vision commune d’un avenir plus juste et durable, a permis d’améliorer les conditions de vie de millions de personnes, de réduire la fragmentation de l’aide au développement mais aussi d’assurer un alignement renforcé avec les priorités des pays concernés.
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L’action conjointe du groupe AFD et du GBM sur les systèmes financiers et la mobilisation des capitaux est l’une des collaborations les plus emblématiques. Elle porte sur l’architecture des systèmes financiers, l’inclusion financière, la finance verte, l’alignement des institutions financières (IF), l’Accord de Paris et le soutien aux institutions financières dans leurs efforts pour atteindre, notamment, les ODD biodiversité, climat et genre. Les deux entités sont cofondatrices du Groupe consultatif d’assistance aux pauvres (CGAP), qui permet la création d’écosystèmes financiers durables, résilients et équitables, en mettant l’accent sur les ménages défavorisés en matière de services financiers.
Autre secteur bénéficiant de l’efficacité de ces efforts conjoints : la protection sociale. Depuis 2016, en Afrique, en Asie, en Amérique latine, dans le Caucase ou dans l’océan Indien, les deux banques publiques coopèrent sur des projets d’investissement ou des opérations d’appui budgétaire. Par exemple en Chine avec le programme Guizhou Elderly Care en 2019 ou encore en Géorgie avec le programme Human Development Capital depuis 2022. L’AFD et la Banque mondiale ont également pu proposer des « options de tirage différé en cas de catastrophe » (Cat DDO). Il s’agit d’une ligne de crédit conditionnelle qui fournit un financement immédiat aux pays en cas de catastrophe. Elle aide à développer la capacité d’un pays à gérer les risques et doit s’inscrire dans une stratégie élargie de gestion préventive. Ce genre de dispositif a démontré sa pertinence, par exemple, suite à la pandémie de Covid-19.
Force de frappe, ancrage et agilité
Un accord-cadre de cofinancement innovant, signé en 2018, a également permis de canaliser des milliards de dollars vers des projets qui stimulent le progrès socio-économique, favorisent la stabilité et la sécurité dans des contextes fragiles, renforcent le capital humain et luttent contre la crise climatique. Avec un financement cumulé moyen de 1,28 million de dollars par an transitant par ce mécanisme, les avantages et la valeur ajoutée au niveau des projets vont bien au-delà de volumes de financement plus importants, car chaque institution apporte ses compétences uniques aux projets cofinancés. Au total, le portefeuille de cofinancements et de financements parallèles a atteint 30 milliards de dollars pour 116 opérations au cours de la dernière décennie (dont 51 projets cofinancés avec la Banque mondiale d'une valeur de 15 milliards de dollars).
Forts de ces dynamiques encourageantes, les groupes AFD et Banque mondiale entendent approfondir leur collaboration en 2024 avec la signature d’un nouveau protocole d’accord stratégique et d’un accord-cadre de cofinancement, pour renforcer l’existant. Il sera désormais possible de financer un projet en combinant délégations de tâches et financements parallèles, c’est-à-dire des contrats différents sur un même projet. Ce nouvel accord-cadre maintient donc l’ambition de couvrir tous les instruments de coopération mis en œuvre par les deux banques de développement. Il permet aussi le renforcement mutuel des expertises, la capitalisation sur les bonnes pratiques respectives, des réponses communes aux nouveaux enjeux et le portage de nouveaux sujets pour le bénéfice des clients et des partenaires.
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Le partage des risques reste un déterminant moteur, par exemple en cas d’intervention dans les pays fragiles. C’est pour cette raison que le GBM a invité l’AFD à rejoindre cette nouvelle plateforme de cofinancement afin de capitaliser sur ce partenariat et de mobiliser plus largement en faveur des ODD. Par la combinaison de la force de frappe financière de la Banque mondiale, de l’agilité et de l’ancrage local de l’AFD, les deux institutions se donnent les moyens de faire bouger les lignes de tout l’écosystème du développement.
Retrouvez ici des éléments détaillés sur le partenariat entre l'AFD et la Banque mondiale.