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C’est l’un des enjeux de la COP16 sur la biodiversité, du 21 octobre au 1er novembre à Cali, en Colombie : augmenter les financements en faveur de la nature. Plusieurs actions peuvent d’ores et déjà être mises en oeuvre. En voici trois exemples.

Les financements mondiaux en faveur de la biodiversité sont évalués à près de 143 milliards de dollars par an, dont 6 milliards environ sont issus de l’aide internationale comme celle du groupe AFD, selon l’OCDE. Insuffisant pour espérer enrayer l’effondrement des populations animales – ces 50 dernières années la taille moyenne des populations d’animaux vertébrés sauvages a chuté de 73 % d'après le WWF – et la dégradation des services que les écosystèmes nous rendent.


Découvrez le programme du groupe AFD à la COP16


Les besoins diffèrent selon les études. Le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal adopté en 2022 appelle à mobiliser au moins 200 milliards de dollars ainsi qu’à supprimer 500 milliards de dollars de subventions qui nuisent à la biodiversité, chaque année, d’ici 2030.

Une mobilisation générale s’impose et les acteurs financiers n’y échappent pas. D’autant plus que le déclin de la biodiversité les concerne à plus d’un titre : dans une récente analyse, le Fonds monétaire international alerte sur la dégradation des services écosystémiques, susceptibles de « générer des menaces importantes pour l’économie mondiale et le système financier ». Pour favoriser la prise en compte de la biodiversité par le secteur financier, les banques publiques de développement jouent déjà un rôle majeur. En voici trois exemples.

 

chffre 1 afdFavoriser l’investissement dans les solutions fondées sur la nature

Très efficaces dans la lutte contre le changement climatique et la protection de la biodiversité, les solutions fondées sur la nature (SFN) bénéficient depuis plusieurs années de standards mondiaux, comme celui de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) – créé avec le soutien financier de l’AFD – permettant aux investisseurs d’identifier plus facilement les projets qui déploient ces solutions et d’harmoniser les pratiques.


Nature et biodiversité : le bilan d’activité 2023 de l’AFD


Mais les SFN, qui visent à protéger, gérer de manière durable ou restaurer des écosystèmes pour relever dans le même temps d’autres défis de société, sont encore insuffisamment mises en œuvre. Des acteurs tels que la Banque asiatique de développement tentent d’y remédier avec le lancement de l’initiative Nature Solutions Finance Hub. Son objectif : identifier et instruire des projets finançables mettant en œuvre des solutions fondées sur la nature en Asie et dans le Pacifique, en y associant des fonds publics, privés et philanthropiques, ainsi que des organisations de référence dans la protection de l’environnement, telles que WWF ou The Nature Conservancy. L’AFD contribue à cette initiative à travers un don d’un million d’euros.


chiffre 2 afdMieux identifier les risques financiers liés à la perte de biodiversité

Les acteurs les plus exposés aux risques liés au déclin de la biodiversité ne sont pas nécessairement ceux qui s’y préparent le mieux. Des chercheurs travaillent ainsi à faciliter l’analyse de tels risques pour les grandes entreprises et les institutions financières.

« Si un service écosystémique se dégrade et qu’une entreprise qui en dépend décline, le risque est qu’elle ne rembourse plus ses prêts ou ne contribue plus au budget de l’État, explique Julien Calas, chercheur spécialiste de la biodiversité à l’Agence française de développement. Les banques ont donc intérêt à identifier les problématiques de dépendance et d’impact vis-à-vis de la biodiversité des entreprises qu’elles financent pour éviter d’y être exposées à leur tour. Il s’agit aussi d’identifier les secteurs où se présentent des opportunités d’investissement moins risquées. »


Lire aussi : 3 risques que l’effondrement de la biodiversité fait peser sur la finance


De 2021 à 2023, l’AFD a mené en Afrique du Sud une étude sur l’exposition macrofinancière du pays à ces risques. « Nous nous sommes penchés sur la vulnérabilité du système bancaire à travers une analyse à granularité géographique fine. Nous avons par exemple découvert que des secteurs économiques très dépendants de l’approvisionnement en eau étaient concentrés dans quelques municipalités où les problèmes d’accès à l’eau sont récurrents, et pourraient s’aggraver », détaille Paul Hadji-Lazaro, économiste spécialiste de la biodiversité à l’AFD. Ces conclusions ont été suivies avec intérêt par la banque centrale et la banque de développement sud-africaines.

Un projet financé par le programme Ecopronat de l’AFD travaille quant à lui sur la comparaison de plusieurs « métriques biodiversité » existantes, qui permettent aujourd’hui aux banques publiques de développement d’estimer l’impact sur la biodiversité d’un projet ou d’une activité économique, avec une efficacité variable. Objectif : que la biodiversité soit davantage prise en compte dans leur analyse des risques et dans leurs décisions de financement. Les principaux résultats doivent être présentés à la COP16. « Nous voulons faciliter les choses à nos homologues qui se posent les mêmes questions que nous », souligne Julien Calas.

Voir les résultats de l'étude "Comparative analysis of biodiversity measurement approaches for public development banks"

 

Les actions dans ce domaine passent aussi par la formation. Campus groupe AFD, en partenariat avec la Caisse des dépôts, lance le 28 octobre un cours en ligne ou Mooc – permettant d’acquérir une vision globale des enjeux liés aux risques financiers liés à la nature. Ouvert à tous et gratuit, disponible en français, anglais et espagnol, ce module d’environ une heure et demie est organisé autour de six séquences d’une dizaine de minutes. Parmi les intervenants figurent Étienne Espagne, économiste spécialiste du climat à la Banque mondiale, ou Nathalie Borgeaud, de la Taskforce on Nature-related Financial Disclosures (TNFD).


Voir le Mooc Risques financiers liés à la nature


 

chiffre 3 afdRecourir aux crédits carbone bleu

Parmi les nouveaux outils de « finance bleue » visant notamment à protéger la biodiversité marine se trouvent les crédits carbone bleu. Ce mécanisme repose sur la faculté des écosystèmes côtiers comme les mangroves, les herbiers sous-marins et les marais littoraux à piéger le carbone atmosphérique – jusqu'à quatre fois plus de carbone par unité de surface que les forêts terrestres. Ce sont ainsi des alliés incontournables dans la lutte contre le dérèglement climatique, mais leurs services vont bien au-delà : ils fournissent un habitat et des ressources à une grande variété d'espèces aquatiques et terrestres.


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Un projet de conservation ou de restauration de mangrove pourra ainsi générer des crédits carbone bleu et les vendre à des entreprises pour leur permettre de compenser leurs propres émissions dans le cadre de leurs obligations réglementaires et de leur stratégie de réduction des gaz à effet de serre. Une manière de diversifier les sources de financement des projets de protection de la nature et de les pérenniser, puisque ces crédits sont émis sur une durée longue et restent donc rémunérateurs durant toute cette période.

En juin, l’Agence française de développement a lancé sa Facilité carbone bleu. Doté de 6 millions d’euros, ce fonds va permettre d’expérimenter ce nouveau mécanisme de financement de projets de protection de la biodiversité que sont les crédits carbone bleu, afin d’encourager la conservation et la restauration de ces milieux précieux.


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