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Les écoles de Mayotte en chantier
À Mayotte, la rentrée à l’école maternelle et élémentaire s'est une nouvelle fois faite sous la pression de besoins croissants. Pour la soulager, un programme d’assistance technique de renouvellement des infrastructures scolaires vient de s’achever. Il a concerné 260 salles de classe et 15 réfectoires dans le département d’Outre-mer, et pourrait être reconduit sous une nouvelle forme face à l’urgence.

Plus que partout ailleurs en France, à Mayotte, la rentrée scolaire représente un défi de taille : la démographie dynamique impose d’y scolariser chaque année 1 500 élèves supplémentaires. Et avec un bâti scolaire souvent vétuste, des classes en nombre insuffisant, les élèves sont souvent obligés de se partager une même salle par demi-journée… Le système éducatif mahorais, en particulier en primaire, fait face à des difficultés majeures.


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Parmi ces défis, les communes sont confrontées à des difficultés pour libérer du terrain, parfois occupé sans titre légal ou soumis aux aléas naturels. Si des financements, notamment de l’État, existent pour construire de nouvelles écoles et en rénover, le personnel communal dispose rarement des ressources nécessaires pour mobiliser ces financements et pour lancer, suivre et réceptionner les travaux. En outre, la procédure pour lancer des appels d’offres publics reste complexe. Malgré ses efforts, la Direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement et de la mer (Dealm) de Mayotte ne dispose pas des moyens matériels et humains pour accompagner toutes les communes nécessitant une assistance de maîtrise d’ouvrage, tant les besoins sont importants. C’est pour pallier ces problèmes qu'une convention a été signée en 2021 entre le rectorat, la préfecture, l’association des maires et l’AFD, pour que cette dernière lance un appui complémentaire.

Le programme a débuté concrètement en 2022, et 11 communes sur les 17 de l’île ont souhaité bénéficier du soutien de l’AFD. Des chargés d'opérations de deux bureaux d’études, de Mayotte et de La Réunion, avec qui l’AFD a passé un marché, ont alors aidé les services communaux dans leurs démarches pour étendre les capacités d’accueil scolaire. Ce programme, achevé en août 2024, a bénéficié à 260 salles de classe et 15 réfectoires.


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Pour aller plus loin, cette assistance a également bénéficié à 60 agents communaux, formés aux procédures essentielles à la gestion d’une collectivité publique, telles que la passation de marchés publics, la détermination des prix, la réception des ouvrages. « On a découvert de nouvelles procédures, comme les marchés de conception-réalisation, en prenant en compte toutes les phases des opérations. Ce fut très utile », témoigne Mifouza Saïd Hachim, chargé d’affaires en bâtiment à Pamandzi et fonctionnaire territorial. La commune a bénéficié de l’assistance à maîtrise d’ouvrage pour lancer la construction d’une nouvelle école de 18 classes et d’un réfectoire en centre-ville. Pour cela, la démolition de l’ancienne école Pamandzi II est nécessaire : « Les appels d’offres viennent de se terminer, précise Mifouza Saïd Hachim. La démolition va pouvoir commencer, puis ce sera au tour de la phase de construction. » Durant les travaux, les élèves seront temporairement inscrits à l’école de Pamandzi III, dont les classes devront passer en système de rotation par demi-journée, jusqu’à réception de la nouvelle école en 2027.

Des bénéfices éducatifs et sociaux

Cette montée en gamme des capacités et des compétences a été complétée par l’adoption de nouveaux cadres de référence pour l’univers scolaire. On y trouve par exemple les éléments à inclure dans les marchés, en matière de bâti et d’équipement. Pour maîtriser les coûts d’achat et de fonctionnement, depuis l’attribution des marchés de travaux et de fournitures jusqu’à la gestion du bâti construit, un observatoire des coûts a également été mis sur pied. Un accent particulier a été mis sur l’impact environnemental, mais aussi social, des projets. Les entreprises qui ont remporté ces marchés sont ainsi tenues d’inclure dans leurs équipes des personnes éloignées du marché de l’emploi.

C’est la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (Cress) de Mayotte qui a facilité la rédaction et la mise en œuvre de ces clauses. « Via ce projet de l’AFD, nous avons cherché à rendre la commande publique plus responsable », témoigne Florence Massoulier, référente projets à la Cress. Le secteur scolaire n'est pas le seul concerné : depuis 2016, la Cress de Mayotte a rendu possible l’insertion de clauses sociales et environnementales dans de nombreux marchés, et favorisé l’insertion de 259 personnes jusqu’ici sans emploi.


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Le coût du programme financé par l’AFD s’est élevé à 1,5 million d’euros pour l’ensemble de cette assistance technique, ainsi que pour la création de la plateforme dématérialisée centralisant l’ensemble des documents techniques et financiers. « Certains projets ont pu être accompagnés jusqu’à la réception de l’école, d’autres ont avancé significativement, quelques-uns ont été moins fructueux », tempère Ivan Postel-Vinay, directeur de l’agence à Mayotte, qui mesure l’effort qu'il reste à fournir. De fait, une capitalisation des écueils et des bonnes pratiques de ce programme contribue actuellement à alimenter les réflexions pour un éventuel renouvellement de ce type d’accompagnement des communes via un autre pilier du groupe AFD, Expertise France, qui intervient non seulement à l’étranger mais aussi, désormais, en Outre-mer.


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