Quels étaient les principaux objectifs de ce FiCS 2023 et comment le programme de travail a-t-il été élaboré ?
Adama Mariko : L’objectif du FiCS 2023 était de consolider ce qui a été mis en place les années précédentes et d’avancer sur les travaux lancés lors des grands événements internationaux. L’édition de cette année s'est déroulée à un moment de convergence entre ces événements : après le One Forest Summit, le sommet pour un Nouveau pacte financier mondial à Paris, le sommet de Belém en Amazonie, et avant le G20 en Inde, le sommet ODD de l’ONU et la COP28.
Dans le cadre de la mise en œuvre des engagements du sommet pour un Nouveau pacte financier mondial, à Carthagène, les banques publiques de développement (BPD) ont notamment travaillé sur les clauses suspensives des dettes vis-à-vis des États, par exemple : comment aider certains pays à échanger leur capacité à stocker du carbone contre l’annulation d’une partie de leur dette ?
Les discussions ne se sont pas limitées aux BPD, bien sûr, et ont été enrichies par l’expertise d’autres écosystèmes : nous avions aussi demandé aux organisations de la société civile, aux chercheurs et au secteur privé de quels sujets ils aimeraient débattre. Chaque table ronde a réuni tous ces acteurs pour un partage de savoirs, des échanges techniques et des conclusions concrètes, avec la publication d’un calendrier de travail aux objectifs très précis.
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Quel chemin a été parcouru depuis l’édition 2022 ?
Le premier engagement du FiCS, c’est la déclaration conjointe, extrêmement ambitieuse, qui a été faite en 2020. Une étape importante a été franchie : toutes les banques multilatérales ont désormais signé cette déclaration. Chaque année, le travail du secrétariat du FiCS consiste à vérifier l’évolution de la mise en œuvre de cette déclaration.
Parmi les avancées concrètes, la plateforme des BPD pour le financement des systèmes agricoles durables, créée en 2021 par le Fonds international de développement agricole (Fida), avec le soutien de l’AFD, est aujourd’hui opérationnelle. 66 % des financements agricoles dans le monde viennent des banques publiques, pour tenter de lutter contre la famine ou les baisses de rendements dues aux sécheresses par exemple. Cette plateforme permet de réunir les banques publiques et d’autres acteurs pour avoir les moyens soit d’apporter une assistance technique aux banques nationales, soit d’investir des fonds dans la préparation de projets. Les équipes sont aujourd’hui au complet et les premiers projets sont financés.
Cette année, nous avons aussi mis en place pour la première fois une coalition de banques qui porte sur le financement de l’économie bleue et s’engage sur de grands objectifs.
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Quels ont été les grands thèmes abordés cette année ?
L’un des thèmes principaux a été l’inclusion financière, le cœur de métier de la banque qui nous accueille cette année, la Bancóldex. L’accès au système financier est un facteur de développement et le soutien à l’entrepreneuriat, surtout féminin, est essentiel.
Ont aussi été au centre des débats le climat et la biodiversité, ainsi que le financement des infrastructures durables, thématique très forte lors du sommet pour un Nouveau pacte financier mondial en juin.
Les participants ont aussi réfléchi à des sujets « corporate », par exemple : « Comment les banques publiques peuvent travailler à lever les contraintes d’ordre réglementaire pour augmenter leurs capacités de financement envers le développement ? ».
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C’est la première fois que le FiCS a eu lieu en Amérique latine. Qu'est-ce qui a motivé cette décision ?
La Colombie est un laboratoire très fertile, connecté à l’Amazonie, à l’économie bleue. Le pays est fortement engagé dans la transition écologique et a beaucoup de choses à transmettre au reste du monde.
La coopération, l’échange d’expériences entre banques existe depuis longtemps grâce aux associations régionales de banques. Mais le FiCS va plus loin : il permet aux banques de parler d'une seule voix et de contribuer à poids équivalent aux débats aux Nations unies, à la COP… Cela permet de faire participer non seulement les grandes banques multilatérales, mais aussi les banques nationales, quelle que soit leur taille. Les banques nationales jouent un rôle très important dans le développement car elles sont au plus proche du terrain.
Découvrez les conclusions du sommet FiCS 2023 (en anglais)
Le sommet FiCS 2023 est co-organisé par la Banque interaméricaine de développement, Bancóldex, l’Association latinoaméricaine des institutions de financement du développement (Alide), la CAF, banque de développement de l'Amérique latine et des Caraïbes, et la Banque européenne d'investissement.