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Centrales électriques, hôpitaux, logements, écoles... Le groupe Agence française de développement (AFD) soutient la construction et la réhabilitation d’infrastructures dans de nombreux pays. Le sommet pour un Nouveau pacte financier mondial des 22 et 23 juin à Paris s'empare de ce sujet aux enjeux majeurs, avec un objectif principal : répondre à l'urgence et aux besoins de long terme des populations et de la planète.

Sûres, pérennes, efficaces, résilientes au changement climatique et adaptées aux besoins des populations, des entreprises et des territoires, en un mot : durables. Les adjectifs ne manquent pas pour qualifier les projets d'infrastructures soutenus par le groupe AFD dans plus de 100 pays, ainsi que dans les Outre-mer français.

« Les infrastructures, ce sont les constructions, les installations et les équipements servant de base à de nombreux services, publics ou privés, nécessaires à toutes les activités humaines, des plus grandes aux plus petites : métros, barrages hydroélectriques, réseaux d’eau potable, logements, écoles, tribunaux, hôpitaux, bibliothèques, terrains de sport… », énumère Emmanuel Baudran, directeur exécutif adjoint en charge des Infrastructures durables à l’AFD.

Le groupe AFD soutient la construction et la réhabilitation d’infrastructures dans de nombreux secteurs – énergie, mobilité, eau et assainissement, logement, numérique, agriculture, éducation, santé, sport, gestion des catastrophes naturelles – et y consacre chaque année entre 7 et 8 milliards d’euros. « Le financement des infrastructures contribue à l’atteinte de l’ensemble des 17 Objectifs de développement durables (ODD) des Nations unies, en particulier pour le climat et l’égalité femmes-hommes. Les infrastructures contribuent même souvent à plusieurs ODD en même temps », souligne Emmanuel Baudran.

Enjeux socio-économiques et climatiques

Ces projets répondent aux besoins des populations et de leurs économies. L’installation d’un réseau d’assainissement ou d’électricité améliorera par exemple les conditions de vie des habitants, celle d’un réseau de bus facilitera leur accès à l’emploi dans d’autres quartiers de la ville, quand le raccordement au haut débit internet favorisera l’activité économique.

Ces projets participent également à préserver le climat et la nature. Les infrastructures d’énergie, d’eau et d’assainissement, de transport et de logement, concentrent en effet près de 80 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ne pas tenir compte du dérèglement climatique dans la conception des projets serait, de plus, prendre le risque de voir ces équipements se dégrader plus rapidement face à la montée des eaux et aux événements climatiques extrêmes.

Enfin, ces projets permettent de renforcer les institutions locales. « On ne s’occupe pas seulement de financer la construction d’une infrastructure en passant ensuite à autre chose, explique Emmanuel Baudran. Nous accompagnons nos partenaires sur la durée, pendant la conception, la réalisation et la gestion des installations, mais aussi en faveur de la réforme des politiques publiques et le renforcement des institutions qui en ont la charge. Car il n’y a pas d’infrastructures durables sans politiques publiques claires et sans institutions solides. »

Accompagner les institutions

En pratique, le groupe AFD accompagne les États, les entreprises publiques et les collectivités locales dans l’élaboration ou la révision de leurs politiques publiques, cadres réglementaires ou plans d’investissements (politiques tarifaires de l’eau ou de l’énergie, schémas de mobilité durable, aménagement du territoire…). Elle finance la mise à disposition d’experts et la réalisation d’études permettant d’éclairer les choix des décideurs et s’appuie pour cela sur des outils financiers comme la Facilité 2050 (pour les études de long terme), le programme PEEB (efficacité énergétique des bâtiments), Mobilize Your City (transport urbain), la facilité Ciclia (villes durables) ou le programme AdaptAction (comprendre, planifier et investir dans des projets d’adaptation au changement climatique).

Aux Philippines, l’un des pays les plus exposés aux impacts du changement climatique, l’AFD accompagne le pays dans ses réformes pour un développement bas-carbone, résilient et inclusif. Entre 2015 et 2020, grâce à une délégation de fonds de 4,8 millions d’euros de l’Union européenne, une assistance technique a pu être fournie à trois collectivités locales pour les aider à intégrer le changement climatique et la prévention des catastrophes naturelles au processus de planification urbaine. En 2021, un prêt de politique publique de 250 millions d’euros a cette fois été alloué au gouvernement pour renforcer la gestion des risques de catastrophes naturelles à l’échelle locale et nationale. Il intègre un prêt budgétaire, un appui technique, un échange international de bonnes pratiques et un dialogue politique.

Au Sénégal, l’AFD finance la rénovation du stade Iba Mar Diop, la piscine olympique de Dakar et le site d’équitation de Samba Diéry Diallo, ainsi que la construction d’équipements sportifs de proximité (terrains de basketball, de football et de beach-volley) adaptés à la pratique sportive féminine et aux personnes à mobilité réduite dans des quartiers qui en sont dépourvus, en perspective des Jeux olympiques de la Jeunesse de Dakar de 2026. En parallèle, le projet entend aussi définir une stratégie pérenne de gestion et d’entretien pour garantir la durabilité de ces infrastructures.


Mobiliser les acteurs privés

Si l’Aide publique au développement (APD) joue un rôle majeur sur la question des infrastructures durables, notamment dans les pays où les ressources budgétaires sont faibles ou pour les infrastructures financièrement peu rentables, elle reste très inférieure aux besoins estimés. « Avec une APD mondiale représentant moins de 200 milliards de dollars par an et des besoins d’infrastructures dix fois supérieurs, la mobilisation du secteur privé en faveur des infrastructures durables est un enjeu crucial pour l’atteinte des ODD », explique Emmanuel Baudran.

C'est dans ce contexte que Proparco, filiale du groupe AFD, soutient l’investissement privé dans les infrastructures, d’énergie, de transports, de télécommunications, contribuant au désenclavement des territoires, à l’activité économique et à l’amélioration des conditions de vie des populations dans les pays en développement.

L’AFD a quant à elle créé en 2017 avec la Caisse des dépôts le fonds Stoa, doté de 600 millions d’euros, qui permet d’apporter des fonds propres aux investisseurs privés pour des projets d’infrastructures dans les pays émergents et en développement. Barrage de Nachtigal au Cameroun, énergie solaire en Afrique du Sud, parc éolien en République dominicaine, clinique spécialisée au Maroc : le fonds Stoa a pour l’heure mené 15 opérations d’investissement. Son implication a un impact additionnel puisqu’il génère un fort effet de levier : les sommes investies par l’ensemble des acteurs dans ces projets dépassent ainsi les 6 milliards d’euros, soit 14 fois le montant mis sur la table par STOA.

En amont du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial, organisé les 22 et 23 juin à Paris, un groupe de travail co-présidé par Rémy Rioux (directeur général de l’AFD et président de l'International Development Finance Club) a réfléchi aux moyens de mieux financer les infrastructures durables dans les pays émergents et en développement. Plus de 60 institutions publiques et privées y ont participé. « C’est un dialogue passionnant entre plusieurs mondes, celui des banques publiques de développement, des fonds souverains, des philanthropes, qui ne se parlent pas forcément, résume Emmanuel Baudran. Nous allons le poursuivre pour faire converger les agendas : que les investisseurs privés aillent davantage vers les ODD et que les banques publiques de développement mobilisent davantage le secteur privé. »