Quelles ont été les principales évolutions pour les ICC au sein du groupe AFD en 2021 ?
Guillaume Langlois d'Estaintot : Avec la validation de la stratégie 100 % Lien social en mars 2021, les ICC sont désormais plus que des projets pilotes, elles ont pour ambition d'infuser la culture dans l'ensemble des opérations de l'AFD, portées par les divisions techniques et par les agences locales. Et ce, toujours autour de nos quatre axes d'action, définis en 2018 : infrastructures et équipements culturels, formation professionnelle, entrepreneuriat culturel et politiques culturelles-gouvernance.
Nous appuyons donc nos divisions et nos agences pour intégrer des composantes culturelles au sein de projets. Nous avons par exemple commencé à soutenir notre division Éducation pour le programme I-Dice (Investissement dans les entreprises numériques et de l’industrie créative) au Nigéria, co-financé par la BAFD, qui vise à renforcer les compétences de la jeunesse nigériane, notamment avec la création de programmes de formation et la réhabilitation de centres du secteur des ICC (audiovisuel, gaming, animation…).
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Quels types de grands projets accompagne l'AFD actuellement ?
G.L.E. : Deux projets emblématiques ont par exemple été lancés fin 2021 et seront mis en place cette année :
- Le Projet régional de développement des ICC avec la Commission de l'océan Indien. C'est un projet multipays, à hauteur de 5,1 millions d'euros, qui vise à stimuler le secteur culturel en renforçant le sentiment d'appartenance régionale dans l’Indianocéanie, les compétences des acteurs culturels (management culturel, métiers artistiques) et le tissu économique et social dans des zones reculées (Comores, Mozambique…). En plus d'être un projet culturel, c'est aussi un projet 100 % genre, avec des appels à projets en faveur des femmes et des séances de formation qui sensibiliseront aux égalités de genre.
- Le projet Great Zimbabwe, financé à hauteur de 3 millions d'euros, vise lui à promouvoir le patrimoine culturel national, notamment en mettant en valeur le site historique du Grand Zimbabwe. L'objectif est de renforcer la programmation culturelle et éducative du site, de diversifier les offres touristiques et donc d'attirer un public plus large.
Chiffre clé : 10,9 millions d'euros ont été engagés par le groupe AFD en faveur de la promotion des ICC en 2021.
La reconduction des programmes Afrique Créative et Accès Culture a été annoncée lors du Nouveau Sommet Afrique-France en octobre 2021 à Montpellier. S'agit-il des deux programmes phares des ICC à l'AFD ?
G.L.E. : Oui, ce sont des programmes phares pour les relations Afrique-France dans le domaine culturel. Plus de 100 lauréats sont soutenus dans le cadre des premières éditions de ces deux programmes, mises en œuvre depuis 2019. Avec cette reconduction, le renforcement financier s'élève à 5 millions d'euros.
Afrique Créative soutient le développement de projets créatifs via un accompagnement technique et financier des entrepreneurs et pérennise leur modèle économique. La deuxième édition du programme (2021-2022) a permis de sélectionner huit entrepreneurs dans sept pays (Burkina Faso, Ghana, Sénégal, RDC, Ouganda, Maroc et Tunisie). Parmi eux, Quad-A Records, en Ouganda, forme la prochaine génération d’ingénieurs du son et BiiBop, au Burkina Faso, imagine et fabrique des jeux et jouets conçus pour être durables et adaptés au développement des enfants de 0 à 6 ans.
Accès Culture finance des micro-projets culturels à fort impact social, qui portent sur des thématiques de développement durable, au service de populations éloignées de ce programme. Par exemple, en Tanzanie, les responsables du Time 2 Dance Festival de Dar es Salam ont choisi de sensibiliser les spectateurs à la déforestation à travers la danse et le théâtre. Pour l'édition 2021 d'Accès Culture, 27 lauréats ont été retenus dans 18 pays africains.
Alors que le cinéma est mis à l'honneur actuellement au Festival de Cannes, pourriez-vous nous donner des exemples de projets appuyés par l'AFD dans le domaine de l'audiovisuel ?
G.L.E. : Le projet Sénégal Images soutient la formation aux métiers audiovisuels à travers le financement de deux structures locales : l'école Yennenga, en partenariat avec CinéFabrique, pour la postproduction, et Kourtrajmé Dakar, en partenariat avec l'INA, pour les métiers d'écriture et de réalisation audiovisuelle. L'AFD finance ces deux projets à hauteur d'un million d'euros.
Plusieurs projets « edutainment » (éducation par le divertissement) accompagnent aussi des campagnes de communication sociale au Sénégal. La série télévisée C’est la vie ! vise ainsi à favoriser l’adoption de comportements plus sûrs et plus respectueux des droits en matière de santé sexuelle et reproductive (DSSR), tandis que la série Wara informe sur l’importance d’une démocratie plus inclusive en faveur des jeunes et des femmes, pour renforcer leur capacité d’action et leur participation à la vie citoyenne.
Au Burkina Faso, le groupe AFD soutient, via un financement délégué de l’Union européenne, le tiers-lieu audiovisuel Ciné Guimbi, créé en 2012 par le réalisateur suisso-burkinabé Berni Goldblat. Il réhabilite le cinéma historique de plein air à Bobo-Dioulasso pour en faire non seulement un nouveau lieu de projection, mais aussi un hub culturel pour des projets éducatifs et sociaux, dans lequel les femmes et les jeunes ont une place importante.