Les diasporas, c’est quoi ?
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Migration Policy Institute proposent la définition suivante : « Les émigrants et leur descendance qui vivent hors de leur pays natal ou du pays de leurs parents, sur une base temporaire ou permanente, tout en conservant des liens affectifs et matériels avec leur pays d’origine. » Si l’on se réfère au nombre d’immigrés (6,22 millions) et leurs enfants en France (7,48 millions), les diasporas représentent potentiellement 20 % de la population française.
La diaspora africaine en France représente environ la moitié de la diaspora africaine d’Europe ; elle est composée à la fois d’étrangers (2,9 millions de personnes) et de descendants d’immigrés (3,3 millions de personnes).
La France, du fait de son histoire, est le pays européen où vivent les diasporas les plus diverses, actives et structurées d’Europe. Les liens des diasporas avec leurs pays d’origine se matérialisent entre autres par des transferts d’argent en augmentation croissante : 520 milliards de dollars transférés dans le monde en 2018 selon la Banque mondiale, dont 8 milliards transférés de la France vers l’Afrique en 2018. Les tendances récentes montrent également une augmentation générale du niveau de diplôme des diasporas ainsi qu’une féminisation accrue (données OCDE-AFD 2019).
Les initiatives portées par les diasporas se renouvellent
Si l’essentiel des transferts des diasporas vers leurs pays d’origine est destiné à la consommation des familles restées au pays (consommation courante, frais de scolarité, de logement ou de santé), on estime qu’en moyenne 15 % de ces transferts sont dédiés à des investissements, en particulier dans l’immobilier. Une même personne est parfois mobilisée pour un soutien familial, un engagement associatif, un projet d’entreprise ou un projet immobilier.
Des pratiques différentes émergent avec les nouvelles générations, enfants dits de deuxième et troisième générations : une plus grande place à l’entreprise et à l’investissement privé, une implication dans les grandes causes que sont le climat et la lutte contre les inégalités. Des personnalités emblématiques du monde économique, politique, de la culture, du sport, s’engagent et font figure d’ambassadeurs de la solidarité internationale.
Le rôle essentiel des « repatriés »
Parmi les nouvelles générations de la diaspora émerge le mouvement des « repats », abréviation de « repatriés », par opposition aux expatriés. 70 % des étudiants africains en MBA veulent ainsi se relocaliser en Afrique. Ce retour des talents appuyés par des dispositifs comme AfricTalent, Forum Elit', MoveMeBack, Careers in Africa, est caractérisé par une forte légitimité, l’intérêt personnel pour le développement du continent, mais également l’intelligence émotionnelle et la capacité à repérer les tendances.
Les grandes entreprises comme Orange, Unilever, CFAO, Canal+ font déjà des diasporas un atout majeur de leur développement en Afrique. Les données sur ces nouveaux profils sont encore peu nombreuses, mais l’association Inspire Africa estime que :
- 76 % des « repats » ont vécu en France, 26 % en Amérique du Nord
- Un tiers ne rentre pas dans son pays d’origine mais privilégie un autre pays d’Afrique
- Les trois principales raisons du retour en Afrique sont la volonté d’avoir un impact sur le continent, les opportunités professionnelles intéressantes puis la pression familiale et sociale
- 32 % des « repats » sont des entrepreneurs.
Les diasporas s’imposent aux institutions
L’apport à la vie citoyenne, politique et économique des diasporas est de plus en plus reconnu par les gouvernements des pays d’origine : au Maroc, les Marocains du monde sont présentés par les autorités nationales comme la treizième province du royaume. Au Sénégal, 15 sièges de députés ont été attribués pour la diaspora au parlement ; en Guinée et au Mali, des ministres du gouvernement sont issus des diasporas.
En France, Emmanuel Macron a créé le Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA) pour renouveler le partenariat entre la France et le continent africain. Au sein de ce conseil, une grande partie des personnalités sont issues des diasporas.
Les diasporas sont regroupées en France au sein du Forum des organisations de solidarité internationale issues des migrations (FORIM). La création du FORIM en 2002 résultait de la volonté des associations de migrants de mieux se structurer et de disposer d’un outil de représentation, mais aussi du souhait des pouvoirs publics d’avoir un interlocuteur représentant des migrants unique et légitime. De ce fait, le partenariat entre les diasporas représentées par le FORIM et les autorités publiques compétentes est récurrent, en particulier avec l’AFD (voir ci-dessous).
De cette volonté partagée par la France et ses partenaires en Afrique émergent des projets tels que le Programme d’appui aux initiatives de solidarité pour le développement (PAISD) au Sénégal ou Diasporas Mali, soutenus par l’AFD. Au Sénégal, entre 2005 et 2015, le PAISD a mobilisé près de 6 millions d’euros auprès des diasporas sénégalaises de France pour le cofinancement de près de 150 infrastructures sociales d’éducation, de santé, ou d’approvisionnement en eau dans leur village d’origine, le long du fleuve Sénégal.
Quel rôle pour l'AFD ?
Créé en 2002, le Forum des organisations de solidarité internationale issues des migrations (FORIM) est la plateforme nationale représentant les organisations de migrants en France. Il réunit plus de 1 000 fédérations et associations de la diaspora, originaires de 70 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine et engagées dans des actions d'intégration en France et dans des actions de développement dans les pays d'origine.
L’AFD appuie le FORIM à travers deux programmes :
- Le programme d’appui aux organisations de la société civile issues de l’immigration (PRA/OSIM) : un dispositif à destination des associations de la diaspora pour financer des micro-projets dans leur pays d’origine. Chaque année, le PRA/OSIM permet de mener plus de 75 micro-projets (à hauteur de 15 000 euros par projet), dans près de 30 pays, principalement dans les secteurs de l’éducation-formation, de la santé, de l’agriculture, de l’eau-assainissement, et de l’entrepreneuriat.
- Le programme Structuration du milieu associatif (SMA) vise à renforcer les capacités et le plaidoyer des associations de la diaspora.
Enfin, en réponse à la dynamique entrepreneuriale et d’investissement particulièrement prégnante chez les jeunes générations, l’AFD appuie notamment aussi deux projets à dimension « Tout Afrique » : MEETAfrica pour les entrepreneurs de la diaspora et DIASDEV pour les investisseurs de la diaspora qui valorise les nouveaux outils de transfert digitaux mobile, de banque ou de financement participatif. On le voit, le rôle des diasporas comme partenaire du développement ne cesse de croître, sous l'impulsion de ces citoyens pionniers d'une relation renouvelée avec l’Afrique et avec la solidarité internationale.